
Il est 17h 45 minutes au quartier Attbougou
1008 Logements. La veuve de 30 ans , Kadia Fomba, est assise sur un seau devant
sa concession. Ses effets personnels sont entassés à ses pieds. Elle pleure à
chaudes larmes. Elle vient d’être mise à la porte par sa coépouse et ses
enfants, quelques jours après la fin de sa viduité. Elle a vécu pendant 10 ans
avec son défunt mari.
Mais elle n’a eu aucun enfant avec lui. Selon ses dires,
son malheur vient du fait qu’elle logeait dans la maison construite par leur époux.
La première femme vivait en location avec ses enfants. Ces derniers prétextent
que Kadia ne mérite pas de vivre dans la maison du mari alors que sa coépouse
est en location.
Nous avons assisté par hasard à la dispute
entre les protagonistes. Ce jour-là, Kadia Fomba portait un hidjab de couleur
rouge et blanc. Elle se lamente : « Perdre son mari est la pire chose
qui puisse arriver à une femme. Ne pas avoir d’enfant est la volonté de Dieu.
Me mettre à la porte aujourd’hui est injuste parce que c’est la maison de mon
mari et on a vécu plus de dix ans ensemble ». Immédiatement sa coépouse réplique :
« Tu as été avertie depuis que nous observions le temps de la viduité,
mais tu as joué la têtue.
Tu ramasses ce que tu mérites. Moi qui lui ai donné
des enfants, je ne peux pas rester dehors à me débrouiller pour payer le loyer
et te laisser dans le confort, alors que tu n’as pas d’enfant. Je suis sa première
épouse. J’ai des enfants alors la maison me revient de droit ». Kadia
n’ayant pas d’autre choix a pris ses effets pour aller loger chez son grand frère.
Elle a préféré pour l’instant abandonner sa part d’héritage dans les biens de
son défunt mari. Elle se propose d’ester plus tard en justice.
Désheritées au profit des parents du mari-Le
partage de l’héritage fait couler beaucoup de larmes dans notre société. La
plupart des veuves sont déshéritées au profit des parents du mari ou des enfants
de la coépouse. Assitan Abdoulaye n’a pas encore dit adieu à son boubou bleu de
veuvage. Dans sa chambre, la jeune dame de 33 ans est assise entourée de ses
trois mômes âgés respectivement de 12,
9, et 5 ans.
La tête baissée, le visage triste
la voix tremblante, elle explique son calvaire. «J’étais la 3ème épouse.
Dès le lendemain du décès de mon mari, ses parents sont entrés dans ma chambre.
Ils ont emporté tous ses objets de valeur et de l’argent», se rappelle Assitan
Abdoulaye.
Après le sacrifice du 7ème jour, les enfants de son époux l’ont
obligée à rendre les clés de la voiture que son époux lui avait achetée. Son
appartement a été cédé au fils aîné de la famille. L’obligeant à déménager dans
une chambre unique avec ses trois enfants. Après avoir su qu’il pouvait réclamer
son héritage et celui de ses enfants, la jeune dame a préféré éviter un bras de
fer avec sa belle-famille. Elle a eu peur qu’on leur rende la vie plus
difficile.
Oumou Diallo est une veuve âgée de 24 ans qui a récemment perdu son conjoint militaire
de profession. Avec ce dernier, elle a eu deux enfants. « Après la mort de
mon mari, ses parents avaient promis que son jeune frère allait m’épouser.
Donc, ils m’ont demandé de ne pas retourner chez mes parents. Mais au fil du
temps, j’ai compris que c’était un piège pour me priver des droits qui me
revenaient dans les biens de mon mari décédé », explique-t-elle.
Sa
souffrance commencera après un an du décès de son mari. Sa belle-famille s’est
partagée les droits qu’on lui avait versés sous prétexte que cet argent était
trop pour elle. Le jeune frère a vendu les biens du défunt, notamment, sa
Sotrama et sa moto. Oumou Diallo ne percevra pas un sou de la vente de ce véhicule
de transport en commun.
Pendant
qu’elle ne s’y attendait pas, un beau jour « on m’a instruit de rentrer chez
mes parents, parce que j’étais jeune et que je pourrais trouver un autre mari.
Ils m’ont dit d’amener mes enfants avec moi en promettant qu’ils allaient
prendre en charge leurs dépenses mensuelles. Je voulais partir avec le matelas
et la télévision mais ma belle-mère a refusé.
Elle a dit que ces objets n’étaient
pas dans mes trousseaux de mariage quand je suis arrivée», se souvient notre
interlocutrice. Depuis qu’elle a quitté sa belle-famille, il y a neuf mois,
aucun membre de sa belle-famille n’a rendu visite aux enfants. Personne ne leur
a envoyé de l’argent. La veuve Oumou Diallo croit fortement en Dieu. Elle est
convaincue que chacun suit son destin. Elle se débrouille pour subvenir aux
besoins des mômes grâce à la pension de son époux.
Le marché de Ouolofobougou grouille de monde.
C’est dans ce lieu que Bintou Tounkara, une veuve, gagne son pain pour subvenir
aux besoins de ses enfants et petits enfants. Son commerce exige des déplacements.
La malchance la frappera un jour. Il y a 7 ans
à la suite d’un accident de la circulation ses deux cuisses ont été
fracturées.
La sexagénaire à la taille imposante a de la peine à se débarrasser
des tourments. Elle explique qu’elle vivait avec son mari dans un pays de l’Afrique
centrale en compagnie de leurs quatre filles. Après le décès du mari, Bintou
Tounkara et ses enfants sont rentrés au Mali
avec la dépouille du défunt.
« Après mon veuvage, quand j’ai refusé d’épouser
le jeune frère de mon époux, la belle-famille m’a interdit de retourner à l’extérieur du Mali avec mes
enfants. Je suis donc restée pour assurer l’éducation de mes filles »,
relate Bintou. Son mari avait trois maisons dont deux en location. La troisième
leur servait d’habitation pendant leurs séjours au Mali.
«Quant j’ai voulu déménager dans la maison
qui nous servait de logement pendant nos séjours, les parents m’ont fait savoir
qu’il l’ont vendu. Quant aux logements qui étaient en location, l’un de mes
beaux-frères m’a dit qu’il n’avait pas de compte à me rendre parce que mes
enfants étaient toutes des filles», raconte la sexagénaire.
Ce phénomène
de priver les veuves de l’héritage auquel elles ont droit, devient de plus en
plus préoccupant dans notre pays. La commissaire des droits de l’Homme à la
Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), Me Fatimata Dembélé Djourté,
regrette que beaucoup de ces femmes
ignorent leurs droits à la justice et sont sans défense au moment des faits.
«Aucune
loi au Mali ne dit que la femme ne doit pas hériter de son mari. Si on fait
valoir la coutume comme mode d’héritage c’est une inégalité grave qui doit
disparaître», insiste l’experte de la CNDH. Pour la commissaire des droits de
l’Homme, les causes de ce phénomène sont
la perception que la société elle-même se fait sur la femme en tant que
personne humaine et son rôle dans la société. Elle ajoute que dans les
familles s’il y a un décès, le bien n’est pas partagé, on donne tout à un frère
ou au fils aîné, qui dispose de ces biens comme il veut. La veuve et ses
enfants sont laissés de côté.
Pas d’acte de mariage-Selon Me Fatimata Dembélé
Djourté, le plus souvent, la belle famille pense que si elle donne une part des
biens du défunt à la femme, celle-ci les
livrera à son nouvel époux. Il y a également le fait que la femme est considérée
comme une éternelle étrangère malgré le rôle essentiel qu’elle occupe dans le
foyer.
Un autre facteur contribue à
cette violation des droits de la veuve. C’est le refus de certaines femmes de
se remarier à un beau-frère. Il y a aussi le fait que certaines femmes ne
disposent pas d’acte de mariage. «Même au niveau public si elle fait un mariage
religieux, l’état lui enlève la pension de réversion du mari, parce qu’on
suppose qu’elle est sous la responsabilité d’un autre mari qui prend en charge
toutes ses dépenses, ce qui n’est pas la réalité», dénonce la juriste.
Pour remédier à cette situation, Me Fatimata
Dembélé Djourté propose la tenue d’une
sensibilisation à grande échelle sur le phénomène pour que la population sache
que c’est une violation de la loi. La sensibilisation doit se faire au niveau
des mosquées pour qu’on fasse le mariage dans les règles prévues par la loi et
le code du mariage et de la tutelle. La juriste insiste sur la force de la
loi dans ce domaine :«si la femme fait valoir l’acte de mariage, on peut
prendre cela en considération au niveau du tribunal». Plus de couple sans acte
de mariage ? C’est possible.
Baya Traoré
L’ÉCLAIRAGE D’UN GUIDE RELIGIEUX
La foi dans les règles de l’Islam doit guider
en toutes circonstances pour trancher tous les litiges qui opposent les
musulmans. L’imam Cheick Hamahoula Sow
est catégorique. L’islam est précis sur la part qui revient à la veuve dans l’héritage
de son défunt mari. Le non respect de ce droit
gangrène notre société du manque de foi de certaines personnes. Et
surtout de l’absence totale de considération envers la personne décédée.
L’érudit
explique que la quatrième sourate du Saint Coran dans ses versets 11 et 12 aborde la manière
dont les femmes doivent bénéficier de l’héritage. Après le décès de l’homme,
cite Cheick Hamahoula Sow, une femme ayant un ou plusieurs enfants doit hériter
du 1/8 des biens de son époux. Il affirme que celle qui n’a pas d’enfants a
droit au 1/4 de l’héritage.
Dieu promet l’enfer à celui qui s’approprie
l’héritage d’une veuve. Les parents ou les enfants du défunt n’ont aucun droit à
jeter une femme hors de la maison de son mari après un décès parce qu’elle n’a
pas d’enfant. Mais il serait mieux pour une femme jeune, après le décès du mari
de quitter sa belle -famille pour aller chez ses parents et tenter de se
remarier. Ce n’est pas une obligation si elle peut rester correcte. « Avant
l’arrivée de la religion, la femme faisait partie des biens de son époux décédé
et elle était partagée comme les autres
biens du mari. Mais après l’apparition de la religion musulmane, le guide religieux explique que Dieu a exigé que les
femmes héritent de leurs maris, de leurs pères et de leurs fils ».
Selon l’imam Sow beaucoup de personnes pensent qu’ils vont rester en vie éternellement, c’est pourquoi ils agissent de cette manière malhonnête envers les veuves. Il y a également, de leur vivant le comportement peu désirable de certains hommes envers leurs familles. Pour cette raison, Dieu demande aux hommes mariés d’être équitables entre leurs femmes et leurs enfants. Ce précepte souligne l’imam Sow est à retenir :«Aujourd’hui, quand on meurt les parents ne songent qu’à notre fortune et nos biens. Chacun doit savoir qu’un jour il va mourir».
B. T.
Rédaction Lessor
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