Réseaux sociaux : Des risques pour les femmes qui partagent leur intimité

Cette pratique ternit la réputation des femmes. Elle les expose au chantage pouvant déboucher sur le suicide

Publié vendredi 13 janvier 2023 à 06:50
Réseaux sociaux : Des risques pour les femmes qui partagent leur intimité

Les confidences de Mama vous feront dresser les cheveux. Elle assène fort le coup : «J’envoyais à mon fiancé à travers un réseau social, des photos de mes parties intimes sans montrer mon visage. Mais une nuit, il s’est plaint. Il me demanda pour quelle raison je ne lui montrais pas mon visage dans mes vidéos sexuelles. N’avais-je pas confiance en lui ? J’ai fini par céder face à son insistance.»

  La pratique consistant à envoyer des photos de sa nudité à son partenaire s’impose de plus en plus dans les relations amoureuses. Des expressions y sont même consacrées comme «envoyer des nudes à quelqu’un. Beaucoup de femmes ont fait les frais de cette tendance à travers des manœuvres de chantage. À titre d’exemple, la vidéo où apparaît nue une tiktokeuse d’un pays voisin, a été virale sur les réseaux sociaux. En un laps de temps, des millions d’internautes ont vu la dame dans la tenue d’Eve. Humiliée, elle avait accusé son époux d’être à l’origine de cette diffusion de ses données personnelles sans son autorisation.

Un autre cas a tenu en haleine les réseaux sociaux. La tonitruante affaire qui avait opposé un de nos compatriotes à sa petite amie. Cette dame s’était subitement retrouvée sur les réseaux sociaux en train d’exécuter, toute nue, des gestes sensuels à l’endroit de son ancien copain. On peut aussi citer le cas de cette femme qui s’était suicidée en se jetant dans le fleuve à partir d’un pont de Bamako, capitale du Mali. Son partenaire avait décidé de poster ses photos dénudées sur les réseaux sociaux.

 

CHOQUÉE. Il y a quelques semaines, sur le plateau d’une chaîne privée de la place, de façon anonyme, Mama, avait déclaré être l’objet d’un chantage de la part d’un inconnu. Cet individu méprisable lui a envoyé les mêmes images intimes qu’elle avait partagées avec son fiancé. «Quand j’ai vu ces images qui me montrent à visage découvert, toute nue, j’étais choquée. Je ne savais que faire», confie-t-elle.

Elle est longtemps restée prostrée. Comment un inconnu a pu avoir ses vidéos. Excepté son fiancé, elle jure ne les avoir envoyées à personne d’autre. Elle avait fait confiance à son homme. Il avait pris l’engagement de l’épouser. Il avait même envoyé les premières colas chez ses parents. Cet acte signifiait qu’il demandait la main de leur fille en mariage. Ce geste selon elle, suffisait pour accorder aveuglement sa confiance à son prétendant. Mama explique que son fiancé voyeur insistait à ce qu’elle lui envoie des vidéos de plus en plus osées.

Depuis la réception de ces fichiers, la fille une sainte aux yeux de sa famille, vit dans la panique au quotidien. Elle accuse son fiancé de comploter avec le détenteur des vidéos. Le prétendant à sa main, affirme-t-elle, nie en bloc les faits en justifiant que son téléphone aurait été piraté par un hacker. L’indifférence de son fiancé face à une accusation aussi grave est la preuve de sa culpabilité.

«Au lieu de se défendre pour laver son honneur, il est devenu si calme, tout froid, comme si on l’avait trempé dans de l’eau fraiche. Il n’a plus daigné me fréquenter», ajoute la jeune dame. L’auteur du chantage n’a pas accepté de lui révéler comment il a eu les images. «Il m’a dit qu’il ne veut rien soutirer de moi maintenant. Mais de me tenir bien car tout peut arriver à tout moment. Il a aussi ajouté qu’il me surveille étroitement», s’inquiète la victime. Le maitre-chanteur lui a dit de faire attention parce qu’il la connait mieux qu’elle ne le pense.

Mama a peur de poursuivre le coupable. Ces avertissements ont davantage affolé Mama. Elle s’est confiée à sa sœur ainée qui lui a conseillée de porter plainte contre le fiancé. Selon elle, si l’affaire arrive à la police, l’auteur de chantage va poster ses images sur les réseaux sociaux, au su et au vu, de tout le monde. Une chose la dissuade de poursuivre son malfaiteur.

Mama ne voudrait pas également ternir la bonne renommée de sa famille, ni décevoir ses parents qui n’ont aucun doute sur sa bonne moralité. Elle est préoccupée et elle se lamente : «Si cela venait à se savoir, je ne sais pas ce que deviendra ma vie, ni celle de ma famille.» Et d’indiquer qu’elle cherche avec anxiété une explication pour  justifier aux yeux de la famille pourquoi son fiancé a cessé de la fréquenter.

Quant à l’élégante Fatoumata, elle s’abstient de partager ses nudes avec ses amis. Même si une fille se livre à cette tendance, elle ne va pas l’avouer. Elle est catégorique : «Je déconseille aux filles de le faire. C’est très dangereux». Selon la jeune étudiante, les images fuitent quand une autre personne arrive à les transférer à partir de son téléphone.

Cette dernière, peut décider de faire chanter la crédule qui est sur la photo. Fatoumata soutient que ce sont les hommes qui poussent les femmes à leur envoyer des images de leurs parties intimes. «Beaucoup d’hommes m’ont fait cette proposition avec insistance. Ils me disent de porter des tenues sexy pour faire un appel vidéo. Certains copains envoient des images de leurs parties intimes pour convaincre de faire autant», révèle l’étudiante.

Plusieurs filles n’hésitent pas à partager volontairement leurs photos intimes parce qu’elles sont amoureuses de leur partenaire. L’étudiant Abdrahamane Tangara abonde dans le même sens. Il dit avoir fait le constat que même si l’homme ne demande pas, des femmes le font pour faire plaisir à leur partenaire en vue de renforcer leur lien. Cependant, le jeune homme de 29 ans reconnait que les responsabilités de ces faits sont partagées entre les deux sexes.  

 

PLACÉS SOUS MANDAT DE DÉPÔT. Depuis 2015, notre pays, à travers l’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP), veille à la protection des données personnelles. Selon le directeur des affaires juridiques et contentieux de cette jeune structure, Arouna Keita, l’APDP accompagne, rassure et défend sur le plan judiciaire les victimes de cybercriminalité. Cependant, il regrette que beaucoup de victimes renoncent de poursuivre leurs malfaiteurs par crainte de l’ampleur que prendra l’affaire devant la justice. Néanmoins, indique-t-il, leur mission première reste la sensibilisation.

Arouna Keita soutient qu’il ne faut jamais envoyer ses images intimes à quelqu’un y compris votre conjoint. «On ne peut vous atteindre que si vous vous mettez dans des situations compromettantes», conseille-t-il. Avant de préciser que chacun doit préserver ses données personnelles notamment le nom, le prénom, le numéro de téléphone, les images et l’adresse électronique.


«Si vous créez des adresses sur les réseaux sociaux, donner de faux noms, et surtout épargnez les images de vos enfants avant leur majorité. Tout ce que vous publiez, sur les réseaux sociaux, ils vous les garderont à l’infini», prévient le directeur des affaires juridiques et contentieux de l’APDP. Sa structure a déjà reçu des plaintes provenant des femmes victimes du chantage de leur mari après leur divorce. Certains maris, précise-t-il, ont été placés sous mandat de dépôt, car ils ont publié des images intimes de leurs propres femmes.

Notre interlocuteur explique que la loi portant protection des données prévoit de punir la violation des données à caractère personnel en son article 61. Quant aux articles 65 et 66, précise Arouna Keita, ils infligent des sanctions pécuniaires qui vont de 2,5 millions à 20 millions de Fcfa. Ces sanctions visent le fait de collecter et de traiter des données personnelles sans autorisation préalable des intéressés ou de l’APDP. Il en va de même pour la communication des données à des tierces personnes non autorisées à les recevoir.

Maïmouna SOW

 

Rédaction Lessor

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