
Pr Ali Nouhoum Diallo
Le vice-doyen de la Faculté des sciences
administratives et politiques (Fsap) a rappelé que dès l’indépendance, sous
Modibo Keïta, le Mali a adopté un projet résolument socialiste avec le ferme
engagement de bâtir une nation unie et d’affirmer sa souveraineté économique.
Pour Dr Abdoul Sogodogo, le temps de Modibo Keïta
au pouvoir a été marqué par la détermination à rompre avec l’ordre colonial.
Cette détermination est illustrée, d’une part, par la promotion d’une identité
malienne unifiée via des initiatives culturelles (biennales artistiques,
valorisation des langues nationales, etc.) et par l’idéologie socialiste.
D’autre part, il y a eu l’engagement incontestable
du régime en faveur de l’indépendance totale de l’Afrique et la construction
d’un État fédéral africain. L’enseignant-chercheur indique que le gouvernement de Modibo Keïta a
lancé des politiques économiques, monétaires et sociales ambitieuses.
«Il a
nationalisé les secteurs clés et revendiqué la souveraineté monétaire du
pays à travers l’introduction du franc malien en 1962 pour remplacer le
franc CFA», souligne-t-il, tout en signalant que cette initiative a entraîné
une forte inflation et une dévaluation en 1967, provoquant un
mécontentement populaire.
Dr Abdoul Sogodogo évoque le mécontentement qui a
conduit au coup d’État de 1968 notamment par la gestion centralisée de
l’économie, les difficultés monétaires et la confrontation avec les résistances
des chefferies locales. S’y ajoutent le renforcement des milices de défense du
parti, l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA) et la
suspension de la Constitution en 1967 lors de la «révolution active ».
Après la chute de Modibo Keïta, le Mali a traversé
des périodes de bouleversements, d’abord, un régime militaire (1968-1974) et le
monopartisme constitutionnel (1974-1991), a rappelé le vice-doyen de la Fsap.
Ensuite, le pays a connu des coups d’État, des transitions politiques et des
tentatives de démocratisation. La Conférence nationale de 1991 reste également
un moment fort. Pour l’enseignant-chercheur, c’est elle qui a permis
l’émergence du multipartisme et a ouvert la voie à la 3è République.
« La
période dite démocratique qui a suivi a montré que la marche vers la stabilité
politique demeure fragile et que la consolidation de l’État demeure un défi
majeur», a affirmé l’universitaire. Et d’indiquer que les crises politiques
récurrentes (2012-2020), les rébellions au Nord, les difficultés économiques et
les défis sécuritaires liés au terrorisme ont mis à l’épreuve la cohésion
nationale.
Pour Dr Abdoul Sogodogo, ces défis appellent à « repenser la gouvernance et à refonder les institutions publiques, qui peinent à répondre aux besoins des populations maliennes ». Malgré tout, a souligné l’enseignant-chercheur, le peuple malien a su faire preuve de résilience et d’une remarquable capacité d’adaptation. Cela, à travers l’organisation des Assises nationales de la refondation (ANR) et le Dialogue inter-Maliens (DIM).
Il estime que pour consolider durablement la stabilité politique et garantir l’État de droit comme l’affirme la Constitution du 22 juillet 2023, il importe de renforcer l’indépendance de la justice, d’approfondir la décentralisation et de favoriser une gouvernance plus transparente, participative et inclusive. Pour lui, l’engagement contre la corruption et la modernisation des services publics restent également prioritaires pour améliorer la gestion du pays.
ASPIRATION DES SOUDANAIS- De son côté,
l’ancien président de l’Assemblée nationale, Pr Ali Nouhoum Diallo a expliqué
qu’en réalité le Mali, avant d’être indépendant le 22 septembre 1960, a connu
ce qu’on a appelé l’autonomie interne codifiée par la fameuse Loi Gaston
Defferre, qui a divisé l’Afrique occidentale française (AOF).
D’après lui, les Soudanais ont pris très au
sérieux cette autonomie interne à une période où le peuple d’Afrique en général
et le peuple soudanais en particulier aspirait beaucoup à l’indépendance. Lors
de l’autonomie interne, les Soudanais se sentaient souverains chez eux, a-t-il
fait remarquer. Avant d’ajouter qu’après tout, ce sont des descendants des
empereurs du Mali, des rois, des royaumes islamiques comme Hamdallaye occupé
par El Hadj Oumar Seydou Foutiyou. «Même sous l’occupation, le Mali n’a jamais
perdu sa souveraineté », affirme Pr
Ali Nouhoum Diallo. La deuxième chose qu’il retient, c’est l’aspiration
fondamentale des Soudanais à reconstituer spontanément l’Empire du Mali.
Il expliquera que Modibo Keïta s’est battu
jusqu’au bout pour des Fédérations et Confédérations africaines afin de
reconstituer plusieurs pays ensemble, notamment le Sénégal, la Guinée, le
Burkina Faso et le Niger. L’ancien président de l’Assemblée nationale n’a pas
oublié de signaler que le Rassemblement démocratique africain (RDA) a été fondé
par tous les parlementaires francophones d’Afrique, le 18 octobre 1946, et dont
toutes les réunions capitales ont été tenues à Bamako. D’après lui, la première
réunion significative pour dire qu’on va à l’Indépendance a été organisée en
1956. À ce sujet, il a révélé que Sékou Touré de la Guinée a dit non au
référendum.
Le Parti africain de l’indépendance (PAI) né en
1955 a également ordonné à tous ses cadres de rejoindre la Guinée. Sous la
pression de Félix Houphouët-Boigny, homme politique français puis homme d’état
ivoirien, le Niger s’est retiré de la Fédération ainsi que le Burkina Faso. Pr
Diallo rappelle l’accueil triomphal de Modibo Keïta à Bamako, le jour de la proclamation
de l’indépendance le 22 septembre 1960. Il regrette l’intervention française au
Mali et se réjouit de voir le jour où le dernier convoi français a quitté
le Mali en direction de Niamey au Niger sous cette Transition.
Dr Abdoul Sogodogo
Parlant de la situation de Kidal, Pr Ali Nouhoum Diallo a indiqué que sous Modibo Keïta, cette région a toujours été une partie intégrante du Mali. «Quand Kidal a voulu se séparer du reste du Mali, immédiatement, on a envoyé des officiers pour rappeler à l’ordre les frères qui, poussés par la France, voulaient se séparer d’avec le reste du Mali », rappelle-t-il, tout en signalant que depuis toujours, les patriotes et démocrates maliens ont gardé des liens avec tous les enfants de Kidal et de l’Adrar des Ifoghas. Cela pour dire que ce n’est pas la première fois que Kidal s’est rebellée. Il a souligné la rébellion de 1986 à 1987, démarrée à Kidal avec à sa tête Iyad Ag Ghaly, qui s’est terminée par la signature du Pacte national dans un premier temps. Avant d’évoquer l’organisation de la cérémonie de la flamme de la paix à Tombouctou le 27 mars 1996. Pr Ali Nouhoum Diallo regrette la dissolution des partis politiques et organisations à caractère politique.
Souleymane SIDIBE
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