
L’avenir d’un pays repose sur
l’éducation de ses jeunes. Aujourd’hui, il faut reconnaître que les conditions
pour y parvenir ne sont pas réunies, ou du moins ne sont pas adaptées aux réalités
de notre société. Nombre de nos institutions d’enseignement supérieur sont
devenues des établissements où les études sont interminables. Devenus des «étudiants
de carrière» à leur corps défendant, beaucoup de jeunes maliens sont à la
recherche désespérément d’une formation universitaire de qualité.
La détérioration du niveau
des études est réelle. Les mauvaises conditions d’apprentissage, les fraudes,
les grèves interminables des enseignants et des étudiants… la liste des maux
dont souffrent nos universités est longue. Cette situation dramatique se
traduit par le prolongement anormal de la durée du cycle pour obtenir un diplôme.
Par exemple, pour une licence, au lieu de 3 ans, comme l’exigence le système
Licence-master-doctorat (LMD), certains étudiants mettent 5 voire 6 ans.
Normalement, la durée de cette formation équivaut à six semestres soit
trois ans d’études après le baccalauréat. Mais dans la plupart des facultés, ce
n’est pas le cas. Les étudiants ont le temps de vieillir avant de décrocher ce
premier diplôme. Inutile de se demander en combien de temps, un étudiant
pourrait atteindre le doctorat dans ces conditions.
La problématique impacte
l’employabilité de ces jeunes à cause de l’âge avancé pour participer aux
concours ou saisir d’autres opportunités d’emploi. à Badalabougou, ce mercredi
28 décembre, il y a une forte animation devant le campus de l’Institut
universitaire de gestion (IUG) situé sur la colline.
Les éclats de voix des
occupants du lieu sont à peine couverts par la musique en fond sonore. Assis seul
sur un banc en béton, Seydou Keita, étudiant en licence 3 à la Faculté des
sciences économiques et de gestion (FSEG). Le jeune homme est désespéré. Il
confie avec amertume : «J’ai eu mon bac en juin 2017. Cela fait cinq ans
que notre promotion attend d’obtenir la licence. Ce système LMD est fait pour
les riches. Tout notre argent va dans les brochures, les forfaits internet et
les photocopies des cours », se lamente-t-il.
Dans un parking réservé aux
motos, Moussa Doucouré, étudiant en Licence 3 en commerce international à
l’IUG, échange avec des amis. Il confie : «J’ai été admis au test d’entrée à
l’IUG en 2018. De cette date à maintenant, l’IUG a connu des grèves (au moins
trois) qui ont duré trois mois chacune», se souvient l’étudiant. Il affirme que
les étudiants pauvres sont les plus touchés par cet enlisement. Ceux-ci n’ont
pas les moyens financiers de s’inscrire dans des universités privées.
ROTATION- Une étudiante dans
une salle de classe à la Faculté des droits privés (FDPRI) explique sous couvert
d’anonymat que l’État ne s’intéresse plus aux universités publiques. Elle déplore
: «Nous n’avons pas les moyens de payer les universités privées. Nous sommes
obligés de rester patients pendant des années pour obtenir nos licences».
Le secrétaire général adjoint
du bureau de la coordination nationale de l’Association des élèves et étudiants
du Mali (AEEM), Ibrahim Aly Ascofaré, signale que ce problème ne concerne pas
toutes les Institutions d’enseignement supérieur (IES) du Mali. Dans beaucoup
d’entre elles, le cycle normal est respecté, sauf cas de force majeure.
Mais le phénomène est bien réel
et est très accentué au niveau de la FSEG, reconnaît-il. Les infrastructures
universitaires sont largement dépassées. Les promotions vont à l’école par
rotation. Les enseignements ne sont plus à jour. Les corrections et les
proclamations des résultats sont extrêmement lentes, déplore le responsable
estudiantin.
La Covid-19 a aggravé les
choses avec la fermeture des universités, indique le secrétaire général adjoint
de l’Aeem. Avec la pléthore des effectifs, le problème se généralise. Les IES épargnée
jusqu’ici sont en train d’être rattrapés par ce phénomène.
« Il faut que
l’État mette en place une véritable politique d’orientation dès le secondaire
et promouvoir l’entrepreneuriat et les formations techniques et
professionnelles », propose Ibrahim Aly Ascofaré qui estime que les
autorités doivent faire de l’enseignement supérieur une priorité. Il salue la résilience
de ses camarades étudiants et les encourage à continuer malgré les conditions
précaires, et de garder espoir. Demain sera meilleur, espère-t-il.
L’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG), Dr Amadou Bamba, estime que tout le problème se situe au niveau des gens qui ne comprennent pas le système LMD. Dans ce système, on ne doit pas parler d’année mais plutôt de semestre. Dr Bamba explique : « Les gens raisonnent en terme d’année comme dans le système classique. Ce qui fait qu’on se plaint beaucoup ». Le système LMD, ajoute-t-il, privilégie la validation des acquis.
Dans un semestre, il y a un
certain nombre d’acquis qu’il faut valider. On les appelle les crédits, considérés comme l’unité de mesure.
L’universitaire affirme que dans le système LMD, la validation des modules est
obligatoire et les étudiants sont obligés d’attendre des années. Il rappelle
que pour la première fois au Mali, le système LMD a été testé à la Faculté des
sciences et techniques (FST). La première promotion de cette phase de test, a
mis huit ans pour décrocher la licence.
Cela démontre que le Mali n’était pas prêt pour démarrer ce système. «Le système LMD ne va pas avec des temps creux comme les grèves des étudiants, des enseignants et les innombrables jours fériés. Il y a un minimum des conditions de travail requises pour faire le LMD, notamment, le matériel, le nombre limité d’effectifs », soutient l’universitaire Amadou Bamba qui met en cause aussi la centralisation des universités publiques à Bamako et l’insuffisance des infrastructures. « Les salles de classes disponibles pour toutes les universités de Bamako ne peuvent pas contenir la moitié des étudiants de la FSEG », révèle-t-il, avant d’inviter l’État à tout mettre en œuvre pour éviter les grèves.
43.000 ÉTUDIANTS- Le doyen de
la Faculté des sciences administratives et politiques (FSAP), Pr Cheick Amala
Touré, trouve déplorable l’obtention de la Licence au-delà de trois ans d’études.
Ces difficultés sont liées au changement du système et au non respect du timing
conformément aux textes du système LMD. Le doyen assure que la FSAP ne connait
pas d’enlisement des étudiants dans la formation.
Il précise que parmi les
trois facultés de l’Université des sciences juridiques et politiques (USJPB),
seule la FDPRI connait ce problème pour le moment. Pour le Pr Cheick Amala Touré,
les causes principales de ce problème sont les effectifs pléthoriques des étudiants
au niveau des différentes facultés, l’inadaptation des infrastructures et le
manque criard d’enseignants.
Notre interlocuteur révèle
que sa faculté ne compte que 32 enseignants permanents pour près de 9.000 étudiants.
Tous ceux qui interviennent en plus des permanents sont des vacataires. « L’enveloppe
budgétaire prévue ne satisfait pas la demande », souligne le Pr Cheick
Amala Touré qui ajoute qu’au niveau des différentes facultés, chacun essaie de
se mettre dans une très bonne prédisposition pour que le travail ne s’arrête
pas. Il estime que si le système LMD est appliqué correctement, il permet de résoudre
plusieurs problèmes de notre société. Le doyen de la FSAP suggère à l’État de
créer des universités dans toutes les régions en vue de désengorger celles de
Bamako.
Le secrétaire principal de la
FSEG, Dr Boubacar Sy, confirme qu’il y a une pléthore d’étudiants dans sa
Faculté. «En 2021, la FSEG, à elle seule, a reçu à peu près 15.000 étudiants.
Ce nombre équivaut à l’effectif d’une
université», révèle-t-il tout en précisant que la capacité globale des
infrastructures de la FSEG est de 3.300 places. Plus de 43.000 étudiants sont
enregistrés actuellement au niveau de cette faculté.
Dr Boubacar Sy se désole que la Covid-19 ait beaucoup impacté son établissement. Face à cette situation, les enseignants font d’énormes sacrifices.
Depuis 2011, les enseignants
de la FSEG ne sont pas partis en grève et n’ont pas eu de congé. « Chez
nous ici, la formation se fait en rotation. On programme trois à quatre modules
à une promotion reçoit les cours dans les infrastructures disponibles alors que
les autres attendent à la maison.
Une fois ces modules terminés, une autre promotion sera programmée», explique le secrétaire principal de la FSEG. Les besoins en infrastructures, en enseignants, en outils informatiques ont été plusieurs fois portés à la connaissance des autorités. La faculté attend toujours.
Yaya DIAKITE
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