
Le manifeste place sa légitimité sous l’angle
de « la liberté des peuples et de l’égalité des races », un engagement inscrit
dans la première Constitution. Ces idéaux n’allaient pas de soi dans tous les
milieux coloniaux dont la presse de l’époque, notamment « Marchés coloniaux »
et « L’époque » reflétaient les opinions.
La cristallisation de cette volonté sera
clairement lisible dans le programme d’un parti politique, le Mouvement républicain
populaire, (MRP) très proche dans ses convictions et son programme des milieux
catholiques français. Sur quasiment un fond de racisme patent, le MRP va
obtenir, sans autre forme de procès, la démission de ses rangs du prince
camerounais Manga Douala Bell dont l’engagement contre le colonialisme allemand
et français était sans faille.
Bell qui siégeait dans la Commission des
Territoires d’Outre-Mer a été remplacé par un élu européen. Le fait n’a pas échappé
aux futurs animateurs du RDA qui s’en servirent pour soutenir leur cause.
Cet ostracisme n’était pas la volonté de tous
les Français qui ont fait de la défense de «
l’égalité des droits politiques et sociaux ; les libertés individuelle
et culturelle ; les Assemblées locales démocratiques ; l’Union librement
consentie des populations d’Afrique et du peuple de France », une évidence pour
tous les peuples. Le manifeste s’en réjoui.
« Nous ne nous laisserons pas
davantage tromper par le sentiment « autonomiste », qui se fonde sur « une vue
utopique des réalités africaines et se manifeste aujourd’hui par l’opportunisme
d’hommes qui n’ont pas su hier se défendre contre l’assimilation », dit le
manifeste qui affirme clairement son adhésion à « l’Union française » sur la
base d’ « une vue réaliste des problèmes politiques du monde, par une confiance
dans le destin de l’Afrique, et par la certitude que malgré la réaction, nous
obtiendrons les conditions libérales, démocratiques et humaines qui permettront
le libre développement des possibilités originales du génie africain. » Pour
rappel, l’Union française regroupait la France et son empire colonial sous la
quatrième République.
Le manifeste fait un recours à l’histoire pour
souder cette alliance, à travers le combat héroïque des Africains, notamment
les Tirailleurs qui ont versé leur sang pour la liberté de la France, au nom de
« l’idéal démocratique » !
Il devient tout logique « pour compléter cette œuvre d’union que, face à
toutes les manœuvres de la réaction, nous appelons à un grand Rassemblement de
toutes les organisations dont le développement rapide est le signe certain
qu’elles poursuivent la réalisation de la démocratie politique et sociale en
Afrique noire, dont nous avons exposé les conditions dans le présent Manifeste ».
C’est à partir de là que se justifie la convocation du Congrès de Bamako, pour
le mois d’octobre 1946. Le texte attire l’attention sur le choix de Bamako, le «
centre de l’Afrique Occidentale, dans ce
Soudan de la fermeté et de l’originalité africaine… ; ». Étaient invités, des militants de Guinée, du Sénégal,
de Mauritanie, du Niger, du Dahomey, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Cameroun,
du Tchad, de l’Oubangui, du Gabon et du Congo, en plus des Soudanais.
Au bas du texte, on retrouvait la signature de Félix Houphouët-Boigny, député de la Côte d’Ivoire ; Lamine Guèye, député du Sénégal-Mauritanie. ; Jean-Félix Tchikaya, député du Gabon-Moyen Congo ; Sourou Migan Apithy, député du Dahomey-Togo ; Fily Dabo Sissoko, député du Soudan-Niger ; Yacine Diallo, député de la Guinée et Gabriel d’Arboussier, ancien député du Gabon-Moyen Congo.
Déjà, on peut voir les paradoxes. Pour ce qui était
du Soudan, le signataire était Fili Dabo et non l’un de ceux qui finiront par
prendre la tête de l’Union soudanaise, ni Mamadou Konaté, ni Modibo Kéita.
La veille du Congrès
Le Congrès annoncé était stratégique. La
France y a vu très tôt un danger pour ses positions. Du reste, elle fera tout
pour retourner certains des signataires du manifeste. Avec succès dans certains
cas, pourrait-on dire. La scène est digne de Kafka. Fili Dabo organise un grand
meeting à Bamako. « Jeune Afrique » est revenu sur les évènements soixante après,
en 2007 dans une publication spéciale.
Le journal raconte comment Fili Dabo,
avec des moyens spéciaux, dont un avion affrété pour la cause a pu rapidement
regagner Bamako pour « détruire » le Congrès. Houphouet, dans le même moment,
va bénéficier des largesses du parti Communiste. Fili
Dabo, sur la place du marché, debout dans un camion ouvert, s’est mis à casser
du sucre sur le dos de Houphouet Boigny, cette « marionnette » des Communistes ! La foule applaudit.
Ayant entendu parler du meeting de Fili Dabo,
Houphouet et certains de ses camarades s’y rendent. Il demande à Fili de lui
permettre, lui aussi de s’adresser à l’assistance. Fili accède à la sollicitation et voilà que
Houphouet prend place dans le camion. Il va détricoter méthodiquement les
arguments de son hôte. Il rassure les participants sur les enjeux du Congrès du
RDA. Houphouet est un tribun. Il retourne la situation à son avantage. Mieux,
il fait basculer Fili lui-même qu’on retrouvera le lendemain à la présidence de
la séance d’ouverture d’un Congrès dont le thème était « Non à l’assimilation, oui à une union avec la
France » !
La joute entre Fili et Houphouet est restée comme un grand moment de la tolérance entre des adversaires.
Le RDA porte à sa tête Félix Houphouet Boigny. De 1946 à 1950, le parti sera très proche des milieux communistes.
Dr Ibrahim MAIGA
À suivre
Bibliographie
Le congrès de Bamako ou la naissance du RDA en 1946, Pierre Kipré, L’Harmattan, 2004 Contribution a l'étude des partis politiques au Mali de 1945 a 1960, Doctoral Université de Paris VII 1984, Bruges, France : Aquiprint, 2015
Rédaction Lessor
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