
Tako Sylla (d)
est la directrice de USTako Sarl, une entreprise opérant dans la transformation agro-alimentaire,
particulièrement la mangue séchée
À Koulikoro, non loin du
gouvernorat, on trouvait jadis de vastes mangueraies soigneusement entretenues
par le vieux Moussa Diallo. Ramata Traoré, la cinquantaine révolue, assise avec
ses trois sœurs autour d’un thé dans leur concession familiale, se remémore :
«Toute mon enfance, mes petits camarades et moi avons consommé ces mangues à
volonté sans jamais nous soucier du prix d’une mangue».
Comme Ramata, plusieurs
habitants de la zone en ont largement profité. C’est le cas de Modibo Diarra,
enseignant à la retraite. Nous le rencontrons parmi son groupe de joueurs de
belote. «Il fut un temps où nous nous permettions même de ramasser les mangues
de ce verger pour les envoyer à nos parents à Bamako et dans d’autres
localités. La mangue était tellement en abondance à l’époque (et ça l’est
toujours) que les bœufs au retour de pâturage se contentaient de les humer et
continuer leur chemin», témoigne-t-il. Avec le recul, Modibo Diarra et ses
camarades se rendent compte de toute cette richesse inexploitée dans leur
région natale.
«La mangue, à elle seule,
peut être une industrie pourvoyeuse d’emplois pour toute la jeunesse de la
Région de Koulikoro. Ça crève le cœur de voir une richesse à portée de main,
inexploitée jusqu’à présent», regrette Moussa Traoré, un autre joueur de
belote. Et d’ajouter : «C’est la même triste réalité dans la Région de Mopti où
j’ai vu des femmes peules verser leur lait de vache invendu à leur retour du
marché. Faute de moyen de transformation.»
Si l’agro-industrie tarde à prendre son envol, quelques pionniers tentent de se frayer un chemin. Tako Sylla est la directrice de USTako Sarl, une entreprise qui opère dans la transformation agro-alimentaire, particulièrement la mangue séchée. Il est 14h quand nous la rencontrons dans ses locaux à Kati. L’ambiance y est calme, les machines sont à l’arrêt. Le chef de la production, Diarra, nous conduit dans le bureau de la directrice. Décoration sommaire, une table marron sur laquelle sont posés un ordinateur et une imprimante. Au mur, est affiché le graal : une licence certifiant la qualité de la production.
1% DE LA MANGUE MALIENNE
TRANSFORMÉ- Vêtue d’un basin violet et coiffée d’un foulard de même teinte,
Tako Sylla, ancienne de l’École nationale d’administration (Ena), explique :
«La mangue malienne fraîche et transformée est très prisée à l’international.
Ce n’est pas pour nous jeter des fleurs, nos clients des pays de l’Union européenne,
d’Afrique du Sud et du Moyen-Orient nous le font savoir.»
Avec un si fort
potentiel, «même pas 1% de la mangue malienne est transformé pour faire du jus,
des séchés, de la confiture, des produits esthétiques…) Imaginez les retombées
économiques pour tout le pays si on pouvait transformer 10 à 15% de notre
production», regrette-t-elle. Pour commercialiser les mangues transformées, les
producteurs sont toujours obligés de passer par des intermédiaires. «Nos
produits transitent par des entreprises dans les pays voisins pour pouvoir être
sur le marché international.
Notre nom ne figure nulle part, ne parlons pas des
retombées économiques qui nous échappent». Cette situation peut être résolue
avec un centre de contrôle (sans lequel le Mali ne peut pas exporter les
mangues séchées), qui n’est autre qu’une chambre froide pour stocker les
produits transformés, les contrôler et faire des containers à partir du Mali.
Sans quoi, les quantités de mangues séchées produites chez nous se retrouveront
dans les statistiques d’autres pays. En plus, le secteur fait face à un
problème de labellisation. Or, c’est le label qui permet de donner une identité
aux produits.
Seulement une dizaine
d’entreprises dans le domaine de la mangue transformée répondent aux normes. À
Sotuba, s’est installée l’unité industrielle Sahel Industrie. Bâtiment de
couleur verte, le calme y règne : c’est la période morte. Nous rejoignons Touré
Aminatou, la directrice générale, au premier étage. De la fenêtre du bureau, on
peut contempler le lever du soleil qui illumine tout le bureau malgré le
rideau. À gauche de la fenêtre, se trouve une étagère sur laquelle sont
entreposés plusieurs gammes de thé et surtout un trophée.
Sahel Industrie est l’une des
rares entreprises de l’agro-industrie à assurer sa propre production avec
plusieurs coopératives, la transformation, la commercialisation et la
distribution à travers sa filiale Sahel Distribution. «Toutes les entreprises
ici font face à un moment donné aux problèmes d’accès à la matière première. C’est
pourquoi, nous nous sommes mis à la production de notre matière première»,
explique la technicienne. À titre d’exemple, il y a une période de l’année où
les mangues, comme bien d’autres produits de l’agriculture, sont en abondance
et pourrissent même au bord des routes ; tandis qu’il y a une période où elles
disparaissent, entrainant une fluctuation des prix, souligne Touré Aminatou.
En plus de l’accès difficile aux financements, le secteur agro-industriel fait face à un problème d’emballage de qualité notamment pour les jus, sirops et autres. «Les emballages made in Mali que l’on trouve sur le marché local sont plus chers que ceux importés, malheureusement. Il est impératif d’accorder des subventions à ce niveau pour permettre aux unités d’emballages de réduire leur prix de vente. Sans cela, nous sommes obligés d’importer pour contrôler nos prix», explique la patronne de Sahel Industrie.
NOMBREUX POINTS NOIRS-
Mamadou Traoré est directeur général de Laham Industrie, une entreprise
d’abattage de bovins et autres petits ruminants, et de commercialisation de la
viande. Son unité industrielle est dans la Région de Kayes, à 610 km de Bamako.
Vêtu d’un jean bleu délavé et d’une chemise bleu ciel, il nous reçoit à la
direction de son industrie à l’ACI 2000, entre une série de réunions. Pour
Mamadou Touré, le manque d’énergie constitue le plus grand obstacle pour les
industriels. «Nous subissons le délestage comme tous les Maliens. Mais au
niveau industriel, c’est pire, car il impacte toute la chaîne et rapidement les
prix s’envolent malgré nous», soutient-il.
Par ailleurs, notre
interlocuteur déplore l’insuffisance d’infrastructures globales, notamment les
routes. Les zones de production et de consommation sont séparées, souligne
Mamadou Traoré. Dans le secteur du bétail par exemple, le cheptel se trouve
dans des zones reculées des régions du Centre. Et si un industriel se rapproche
de cette zone, il s’éloigne de la zone de consommation et vice versa. «Tous les
autres secteurs font face au problème de transport. Il n’y a pas de
consommation dans les zones de production, affirme-t-il. On doit donc déplacer
nos produits.
Dans les deux cas, il y a
besoin d’infrastructures routières. Le problème de route fait que les camions
achetés à 80 millions de Fcfa l’unité, prévus pour durer 10-15 ans, sont
amortis en 3 ans, surtout les camions frigorifiques». À quoi s’ajoute, selon
Mamadou Traore, le problème de main d’œuvre qualifiée locale : il faut bien
intervenir sur les camions en cas de panne. «Il nous arrive souvent de faire
venir des spécialistes du Sénégal pour réparer nos machines», déplore-t-il.
Au début de la chaine,
l’industrie viande-bétail fait face à un problème de matière première de
qualité. «Dans l’élevage traditionnel, il faut se promener avec les animaux à la
recherche de pâturage. Malheureusement, cette manière de faire ne donne pas de
qualité à la viande. Pour avoir une viande de qualité, il faut emboucher les
bovins», explique l’industriel.
À l’autre extrémité : la
difficulté pour exporter. «La libre circulation des personnes et des biens,
prônée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao),
n’est toujours pas une réalité. On se butte au protectionnisme des marchés
intérieurs, à la corruption et aux longues attentes aux frontières. Si par jour
la viande perd 2% de son poids, imaginez les pertes…», relève Mamadou. En plus
du marché sénégalais, Laham Industrie reçoit
des commandes de la République démocratique du Congo, de la Chine et des
Émirats arabes unis mais faute d’accord entre ces pays et le Mali, elle ne peut
les satisfaire.
Mamadou Traoré rappelle que le Mali est le deuxième producteur de bétail en Afrique de l’Ouest, derrière le Nigéria. La filière bétail sur pied représente à elle seule près de 60 milliards de Fcfa, et plus de 60 milliards de Fcfa pour la viande. Le potentiel pourrait atteindre les 600 milliards de Fcfa, mais il y a un préalable : conclure avec ces États des accords bilatéraux. «Pour y arriver, nous démarchons nos autorités, depuis plus de 5 ans. Sans succès», confie le jeune chef d’entreprise.
Oumar SANKARE
Semoirs, charrues de labour, pièces de rechange des tracteurs sont fabriqués par nos artisans. La plupart de ces équipements sont vendus dans les zones de production comme Kita, Sikasso, Bougouni ou Koutiala. Certains fabricants arrivent aussi à écouler leurs produits dans des pays voisins.
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