Dr Adama Sissoko
Les feux de brousse constituent aujourd’hui l’une des menaces les plus sérieuses pour les écosystèmes forestiers. Les chiffres révélés par l’Institut national de la statistique (Instat) dans le Système d’informations statistiques environnementales (SISE 2016-2020 et 2019-2023), analysés par le Dr en géographie de l’environnement et non moins directeur du journal Vert du Mali, démontrent une intensité persistance et croissante. Sur la période 2016-2023, le Mali a connu une moyenne annuelle de 20.490 foyers, soit 1.708 foyers par mois, 455 par semaine et 56 par jour. Cela signifie concrètement qu’entre 2016 et 2023, le pays a subi en moyenne deux feux de brousse par heure, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ces chiffres vertigineux traduisent une réalité silencieuse, mais dévastatrice.
L’impact en termes de surfaces brûlées témoigne d’une pression environnementale encore plus grave : plus de 35,9 millions d’hectares consumés en sept ans, soit une moyenne annuelle de plus de 5,1 millions d’hectares. Rapporté à une journée, cela représente plus de 15.000 hectares détruits quotidiennement. L’analyse du Dr Adama Sissoko rappelle ainsi que, chaque minute, 11 hectares disparaissent sous les flammes, et que chaque seconde, c’est l’équivalent d’un quart de terrain de football qui part en fumée. «La dynamique des feux varie d’une année à l’autre, mais la tendance globale reste alarmante. Les pics de 2019-2020 avec 36.087 foyers et plus de 7,6 millions d’hectares brûlés, suivis de 2020-2021 avec un nombre presque équivalent de foyers, mais une superficie brûlée divisée par deux, montrent que les modalités d’allumage et de propagation des feux fluctuent selon les conditions climatiques, humaines et sécuritaires», fait-il savoir.
Face à cette situation, le rôle des institutions chargées de la protection des ressources forestières apparaît déterminant mais fortement compromis. En 2016, la Direction nationale des eaux et forêts (DNEF) ne comptait que 965 agents pour couvrir les 1.241.238 km² du territoire national, soit un agent pour 128.600 hectares. «En moyenne, il faut un agent des eaux et forêts pour deux villages, si l’on veut réellement appliquer les textes et prévenir les feux», note Dr Adama Sissoko. Or, comme le souligne le rapport annuel 2022 de la DNEF, les agents sont confrontés à des contraintes structurelles lourdes, à savoir le manque de moyens de déplacement, le faible effectif, la formation insuffisante, les budgets limités et la multiplication des agressions du domaine forestier par l’agriculture, l’exploitation minière ou encore les infrastructures. À cela, s’ajoute un facteur aggravant à savoir, l’insécurité dans de vastes zones du pays, qui immobilise ou contraint les agents à abandonner certaines localités.
Si les
difficultés institutionnelles sont importantes, les facteurs sociaux ne sont
pas moins déterminants. Pour le Dr Adama Sissoko, la crise des feux de brousse
est aussi le reflet d’un affaiblissement progressif des valeurs
traditionnelles, qui jadis assuraient une forme d’autorégulation au sein des
communautés rurales. «L’effritement du respect dû aux aînés, l’affaiblissement
de l’autorité parentale et la déperdition des normes sociales traditionnelles
ont affaibli les mécanismes qui, autrefois, permettaient de prévenir et de
réprimer efficacement les comportements dangereux», révèle-t-il. Poursuivant
que dans un contexte où les jeunes prêtent moins d’attention aux
recommandations des anciens, où les chasseurs, éleveurs et agriculteurs
agissent parfois en dehors des règles coutumières, la prévention devient plus
difficile. «Qui obéira à l’ordre d’éteindre un feu, si l’autorité locale n’est
plus respectée ? Comment espérer une mobilisation communautaire sans
réactivation des canaux traditionnels de régulation ?», interroge le chercheur.
MOBILISATION CONCERTÉE- La faible implication des médias et de la société civile est également pointée du doigt. Dr Adama Sissoko note que la question des feux de brousse reste largement absente de l’espace public. En effet, les émissions en langues locales se font rares, les campagnes de sensibilisation sont sporadiques et souvent limitées dans le temps. La plupart des Programmes de développement économique, social et culturel (PDESC) des communes ne mentionnent la problématique que de manière superficielle, sans stratégies concrètes ni ressources dédiées. Enfin, l’absence de synergie entre les ministères concernés (Environnement, Agriculture, Élevage, Sécurité), complique la prise en charge globale du problème. Chacun agit selon son mandat, mais rarement dans une logique de coordination.
Face à ce phénomène désastreux, les solutions proposées par le Dr Adama Sissoko sont à la fois ambitieuses et réalistes. Il propose de doter les services forestiers de moyens adéquats, de recruter et former davantage d’agents, responsabiliser les légitimités traditionnelles, créer un fonds communal pour la lutte contre les feux, financer des recherches scientifiques, renforcer le cadre de collaboration intersectorielle et intensifier les campagnes de sensibilisation en langues nationales. Il insiste particulièrement sur la nécessité de redonner aux communautés la place centrale qui leur revient. «Les feux naissent dans les villages, sur les pistes, dans les champs : c’est là que doivent naître aussi les solutions», préconise le Dr en géographie de l’environnement.
L’enjeu dépasse largement la seule protection des forêts. Selon le chercheur, les feux de brousse menacent l’équilibre des sols, réduisent les pâturages, augmentent la vulnérabilité des éleveurs, appauvrissent les terres agricoles, détruisent la biodiversité et contribuent aux émissions de gaz à effet de serre. Ils accentuent aussi la pression sur les ménages ruraux, qui dépendent directement des ressources naturelles pour leur survie. L’analyse du Dr Adama Sissoko sonne comme un avertissement clair. «Tant que le Mali ne fera pas de la lutte contre les feux de brousse une priorité nationale, les pertes continueront de croître, année après année», laisse-t-il entendre.
En revanche, il est important de souligner que notre pays dispose encore d’un capital environnemental remarquable, mais celui-ci s’amenuise à un rythme inquiétant. Cependant, le Dr Adama Sissoko estime qu’une mobilisation nationale concertée, impliquant l’État, les collectivités, les légitimités traditionnelles, les chercheurs, les médias et les citoyens, serait indispensable pour inverser la tendance.
Makan SISSOKO
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