Institut français du Mali : Un cheveu dans la soupe

Le monument de l’Indépendance du Mali est un symbole fort de la souveraineté nationale, abrité par la place de l’Indépendance qu’il magnifie sur le boulevard de l’Indépendance à Bamako.

Publié lundi 03 avril 2023 à 05:58
Institut français du Mali : Un cheveu dans la soupe

 L'Institut est implanté sur ce prestigieux boulevard et cette place de l'indépendance, symboles de la fin de la domination coloniale

 

 

 C’est une initiative du président Alpha Oumar Konaré qui l’a inauguré le 22 Septembre 1995, à l’occasion du 35ème anniversaire de l’indépendance du Mali comme Symbole de liberté et d’émancipation du peuple malien. Il rend hommage aux héros de l’Indépendance décorés de la médaille d’or et dont les noms y sont gravés sur du marbre, à commencer par le premier président de la République, Modibo Kéita.

Classé depuis 2012 au patrimoine culturel national, le monument de l’Indépendance se rapporte, comme l’indique son nom, à l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale. À chaque commémoration de la fête d’indépendance, le président de la République en exercice y dépose une gerbe de fleurs à la mémoire des héros de la lutte d’Indépendance. Aussi, chaque jour, s’y déroulent la montée et la descente des couleurs nationales.

Comment, sur ce prestigieux boulevard et cette place de l’indépendance, symboles de la fin de la domination coloniale, s’est implanté l’Institut français du Mali ? Créé en 1965 sous l’appellation «Centre français de documentation de Bamako» et abrité dans les locaux de l’ambassade de France, l’établissement devient le Centre culturel français (CCF) en 1979 puis en 2011 l’Institut français du Mali (IFM). Les services qu’offre l’IFM aux artistes maliens sont remarquables et bien d’entre eux lui doivent une fière chandelle pour la réussite de leurs carrières. La question ne se pose donc pas quant à son utilité et son maintien pour la poursuite de son action culturelle.

C’est son implantation dans ses locaux actuels, depuis 1983 sur la place de l’indépendance, qui apparaît comme un cheveu dans la soupe. Cet accolement est d’autant plus étonnant qu’à l’époque, la présidence de la République, alors dirigée par le général Moussa Traoré, était domiciliée à moins d’une centaine de mètres, de l’autre côté de la rue, à la Maison du peuple, occupée aujourd’hui par le Haut conseil des collectivités.

Une insolite promiscuité occasionnant quelques mouvements d’humeur qui n’ont pas ébranlé l’IFM toujours resté droit dans ses bottes. Ces quelques grognements se sont faits de moins en moins audibles après que le locataire de la Maison du peuple a fini, au terme de longues années de cohabitation avec le Centre culturel français, par se résoudre à occuper le palais présidentiel de Koulouba où une révolution populaire l’a détrôné le 26 mars 1991, avant que la mort, malheureusement, ne le convie.

Pour autant, le transfert des bureaux de la présidence au Palais de Koulouba n’a rien changé à cette excentricité qui voit ce haut lieu de l’indépendance amputé d’une bonne partie de son espace vital. Les manifestations se tenaient à la  Bourse du travail, sur le dit boulevard de l’Indépendance. Ce siège de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) qui fédérait tous les travailleurs du pays à l’époque faisait office de haut lieu de la contestation du pouvoir, surtout lors des sorties monstres organisées par le Mouvement démocratique contre le pouvoir CMLN-UDPM qui a abouti à la révolution du 26 mars 1991.

La Bourse du travail, complètement débordée à maintes occasions par la masse que drainent les manifestations, s’est vue ravir la vedette par la place de l’Indépendance. Ces mouvements de foule, surtout lors de la contestation populaire du régime d’IBK et d’exigences pour le départ des forces françaises du Mali, ont laissé apparaître la place de l’Indépendance comme limitée dans son espace vital. Elle se trouve coincée par l’IFM qui s’est, en outre, payé le luxe de se barricader contre les risques d’attentat en occupant une bonne partie de la voie avec une barrière de béton. Faute de place suffisante, la foule, lors des grandes manifestations, ne peut que s’étirer en longueur le long du boulevard.

À cet égard, pour toute la fierté qu’elle incarne dans le cœur des Maliens, la place de l’Indépendance mérite d’être libérée de tous les encombrements, à commencer par l’Institut français du Mali qui mérite d’être logé dans un lieu mieux sécurisé, ouvrant ainsi la voie pour la débarrasser de tout ce béton qui l’encombre. Ce n’est qu’alors que cet haut lieu de souveraineté nationale pourra être réaménagé afin que les Maliens puissent jouir de la plénitude de sa vocation d’aire d’expression des grands rassemblements populaires et d’embellissement de la ville, à l’image de la place Tien Amen en Chine ou  Tahrir au Caire.

Pour rendre la soupe consommable, il suffit d’y extraire le cheveu et la morale se trouve sauve. Cette soupe-là, inépuisable et incorruptible, se réchauffe à la flamme de la liberté qui veille sur le prestigieux monument qui l’abrite, rallumée à chaque anniversaire de l’indépendance.

 

Kabiné Bemba DIAKITÉ

journaliste-écrivain

 

Pour mémoire

 

 

Une ligne du chemin de fer Dakar-Bamako descendait de Kati pour traverser l’actuel boulevard de l’Indépendance. L’avenue se faisait appeler alors «railda», première dénomination du genre à Bamako, avant que le site de Médina-Coura ne la récupère après la suppression de cet embranchement qui permettait au train de s’ébranler jusqu’au terminus, au bord du fleuve Niger, précisément au niveau du Canoe Club.

Ce «railda» hébergeait aussi le marché de Ouolofobougou qui, finalement, a été déplacé sur son site actuel à Hamdallaye, au bord du Diafaranako pour raison d’assainissement du lieu. Il est évident que des manifestations de joie à la proclamation de l’indépendance le 22 septembre 1960 et jours suivants ont eu lieu sur cette avenue, comme dans toute la ville et le pays entier.

L’espace s’y prêtait du fait qu’il en imposait aux autres places de la cité de par son étendue en largeur comme en longueur et de sa position de centre de la ville, comme l’indiquait une plaque. Des atouts qui ont amené les autorités à lui conférer ce prestigieux nom de boulevard de l’Indépendance. 

K. B. D.

 

Rédaction Lessor

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