![Mali, Arnaque : Le piège de l’argent facile](http://admin.journalessor.ml/assets/img/posts/1700468471.jpg)
Séné Invest d’Adama Kanté a fait beaucoup de victimes
Qui
n’a pas été victime d’une tentative d’escroquerie ou d’arnaque ?
Malheureusement, les esprits retors arrivent toujours à épingler à leur tableau
de chasse des clients attirés par le gain facile, voire d’honnêtes citoyens qui
se retrouvent souvent malencontreusement pris dans la nasse des escrocs ou
arnaqueurs. L’arnaque représente une manœuvre frauduleuse très répandue dans
notre pays. Elle sévit encore sous plusieurs formes, notamment à travers les
Nouvelles technologies de l’information et de la communication. Pourquoi les
individus se livrent-ils de plus en plus à une telle pratique ? Quelles
sanctions encourent-ils ? Pourquoi les victimes tombent si facilement dans leur
piège ? À ces différentes interrogations, notre équipe de reportage a
approché quelques spécialistes de la question.
Le sociologue Dr Fodié Tandjigora explique que l’arnaque consiste à soutirer un avantage, en l’occurrence de l’argent ou un objet de valeur. Mais aussi à abuser de quelqu’un surtout de sa naïveté pour en profiter. Le spécialiste en sociologie affirme aussi que le phénomène prend de plus en plus de l’ampleur. Notre interlocuteur explique en substance que nous sommes dans une société où l’argent a pris le dessus sur les valeurs. «Et les gens sont devenus maximalistes et veulent tout avoir et tout de suite, sans accomplir le moindre effort. Or ils doivent intégrer que la vie, c’est des étapes et des paliers».
Le
sociologue pense qu’aujourd’hui le culte du travail bien fait n’est plus à
l’honneur même dans les familles. Dr Fodié Tandjigora trouve même que la
culture de la facilité est devenue la mentalité dominante. Ce qui justifie,
selon lui, le fait que les gens se font arnaquer au quotidien. Et d’indiquer
que malheureusement certaines personnes ne croient plus aux vertus de l’effort
personnel pour gravir les échelons.
Par ailleurs, il conseille à qui veut
l’entendre de prendre suffisamment du recul avant de s’engager dans une
situation qui parait bizarre. Il faut toujours se poser les bonnes questions,
notamment celles de savoir quelles sont les intentions et les conditions
économiques, physiques et intellectuelles de la personne qui prétend apporter
une aide à autrui. Cette précaution d’usage, renchérit le sociologue, doit être
de mise. Il recommande surtout de ne jamais procéder à un paiement à l’avance
pour un service proposé. «La logique voudrait bien que celui qui propose son
aide n’ait pas besoin de demander de l’argent en retour», soutient Dr Fodié
Tandjigora.
En cas de confrontation à une situation d’arnaque, le sociologue
suggère d’en parler avec son entourage en vue de s’assurer de la bonne
intention de la proposition. L’universitaire invite la jeunesse à intégrer le
goût de l’effort personnel, mais surtout à éviter les raccourcis et les courtes
échelles parce qu’il est important de se battre au cours de sa carrière ou de
la vie tout court et de surmonter les difficultés inhérentes à notre existence.
«Seul le travail ennoblit l’homme», dit l’adage. C’est une vérité d’actualité
parce qu’on n’a rien sans peine. Le sociologue Bréma Ely Dicko, lui, souligne
que l’arnaque consiste simplement pour l’escroc à tromper une personne. Selon lui,
c’est un acte malveillant posé dans le but de profiter de la victime. Et le
phénomène fait de plus en plus des victimes parce que de nombreuses personnes
ont du mal à se dépêtrer de l’étau de la cupidité, de l’appât du gain facile et
rapide, constate le chercheur.
En plus, la pauvreté, l’abus de confiance sont aussi des facteurs favorisant le développement de l’arnaque. Le développement de l’internet, selon Dr Dicko est un terreau favorable aux différentes formes d’arnaque pour les non avertis, car les nombreux pièges qu’il renferme sont autant de trous béants noirs dans lesquels tombent sans merci les imprudents des réseaux sociaux. Et de poursuivre que chacun doit développer une responsabilité personnelle pour ne pas se laisser appâter par des individus de mauvaise foi qui abusent des autres personnes. Il propose à l’État de promouvoir des campagnes de sensibilisation et de formation dans toutes les langues, surtout dans les campagnes. Et de pénaliser les arnaques, autrement dit de sévir contre les individus qui s’adonnent à ce genre de pratique malsaine.
FRAGILITÉ
PSYCHOLOGIQUE- Le Code pénal malien fait une mention sur l’escroquerie et
autres infractions connexes. Selon Mohamed Sylla, juriste, l’article 275 du
Code pénal stipule : «Quiconque, soit en faisant usage de faux noms, de faux
titres, ou de fausses qualités, soit en employant des manœuvres frauduleuses,
des mensonges caractérisés, pour persuader de l’existence de fausses
entreprises, d’un pouvoir ou d’un crédit imaginaire, ou pour faire naitre l’espérance
ou la crainte d’un succès ou d’un accident ou de tout autre événement
chimérique, se sera fait ou aura tenté de se faire remettre des fonds, des
objets ou effets mobiliers et aura, par l’un de ces moyens, escroqué ou tenté
d’escroquer la totalité ou partie de la fortune d’autrui, sera puni d’un
emprisonnement d’un à cinq ans et facultativement de 12.000 à 1.200.000 Fcfa
d’amende». Ce qui nous permet, selon lui, de constater d’emblée que
l’escroquerie et autres infractions du genre sont un délit.
Dr
Ibrahim Haïdara, psychologue et promoteur du Cabinet «PSY2A» à Niaréla en
Commune II du District de Bamako, explique que l’arnaque est un comportement
d’abus de la fragilité psychologique de quelqu’un. Donc, précise-t-il, les
arnaqueurs trompent les gens en leur extorquant de l’argent ou des objets pour
pouvoir tirer un bénéfice de cet acte criminel. En termes clairs, c’est un abus
de confiance. Et de poursuive que les victimes n’ont pas connaissance de
l’objectif de l’arnaqueur, alors que celui-ci sait où il veut en venir. Le
psychologue dit que cet acte malveillant envers une personne a des conséquences
psychologiques et financières sur l’individu. Avant de préciser que les enfants
et les personnes âgées sont les plus vulnérables. Selon le psychologue Haïdara,
le phénomène s’élargit parce que les gens sont moins vigilants et ont tendance
à faire confiance facilement aux autres. Et de signaler que les auteurs
d’arnaque sont des personnes qui ne travaillent pas généralement, mais qui
aiment la facilité et veulent tout avoir dans la vie.
Dr Ibrahim Haïdara recommande aux victimes de dénoncer les arnaques subies afin de sensibiliser les populations contre ces pratiques malsaines. «Les victimes doivent aussi se faire accompagner par un professionnel sur le plan psychologique. Car, elles peuvent être profondément bouleversées par les conséquences», suggère-t-il. Le promoteur du Cabinet «PSY2A» appelle les autorités à punir sévèrement les auteurs de ces actes ignobles. Pour éviter l’arnaque et ne pas se faire gruger si naïvement, il invite la population à être vigilante et à ne pas donner le bon Dieu sans confession.
Amsatou Oumou TRAORE
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