#Mali : Seydou Sissouma, membre de la Hac : «La tâche du régulateur est de veiller à ce que le pluralisme s’exerce dans les limites fixées par la loi et les codes de la profession»

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le président de la commission communication, des relations publiques et du partenariat de la Haute autorité de la communication (Hac), Seydou Sissouma, a bien voulu nous accorder une interview. Il aborde la question de la liberté de presse dans le contexte actuel et revient sur les missions dévolues à l’autorité de régulation

Publié lundi 06 mai 2024 à 07:35
#Mali : Seydou Sissouma, membre de la Hac : «La tâche du régulateur est de veiller à ce que le pluralisme s’exerce dans les limites fixées par la loi et les codes de la profession»

L’Essor : La Hac doit réguler le secteur de la communication tout en veillant notamment au respect de la liberté de la presse. À votre avis, comment cette liberté doit s’exercer dans le contexte sociopolitique actuel ?

Seydou Sissouma : Le régulateur, par les textes, a un certain nombre de prérogatives qui vont de la capacité à octroyer à ceux qui sont intéressés par des activités dans le secteur des médias, notamment les médias audiovisuels, les autorisations de fréquences qui les permettent de créer une radio ou d’installer une chaîne de télévision. En plus de cette mission, sa tâche c’est aussi de veiller à la promotion de la liberté de presse. Il n’y a pas de régulation dans un pays où  il n’y a pas de liberté. Dans un État où il n’y a qu’une seule chaîne de télé et un seul journal, on n’a pas besoin de réguler quoi que ce soit.

La régulation est fille du pluralisme, de la diversité de médias dans un espace public. La tâche du régulateur est de veiller à ce que ce pluralisme s’exerce dans les limites que la loi elle-même fixe. C’est cette vision qui commande l’activité quotidienne de la Hac. Elle se traduit par un rappel à la loi et aux règlements dans certaines circonstances ; et dans d’autres, à des conseils qu’on peut donner à des acteurs du secteur des médias lorsqu’on constate un certain nombre de dysfonctionnements.

Contrairement à ce qu’on peut penser à priori, beaucoup de choses se passent au quotidien dans le travail de la Hac, qui ne relèvent pas de sanction ni de blâme. Il y a ici des professionnels des médias qui peuvent analyser les problèmes et estimer qu’un échange avec le média ou le journaliste concerné peut permettre d’avoir une lecture commune de ce qui est fait ou la manière la plus idoine pour le faire de façon améliorée.

Aussi, une des  tâches dévolue au régulateur est de contribuer tant que cela est possible au renforcement de capacités. Dans l’espace francophone africain d’une manière générale, il y a un peu plus de trente ans, les pays ont basculé dans le pluralisme politique à la faveur des conférences nationales sans que les ressources humaines appropriées aient été toujours présentes pour conduire les projets multiples qu’on a vu naître dans le secteur des médias. Il y a des journaux qui ont été créés, des radios un peu partout, l’essor des chaînes de télévision. à l’époque, au Mali par exemple, il n’y avait aucune école de journalisme.


Mais ce n’était pas une raison pour dire aux gens, attendez que les professionnels arrivent pour qu’on ait des radios, des chaînes de télévision. Des initiatives ont foisonné. La volonté de faire le journalisme ne vous donne toujours pas la connaissance nécessaire pour le faire de manière convenable. Dans un environnement pareil, le travail du régulateur, c’est de voir comment les acteurs peuvent conjuguer leurs efforts afin que ceux qui se sont lancés dans le métier sans avoir totalement les armes, puissent apprendre davantage les codes du métier auquel ils se sont destinés. Cela renvoi un peu au renforcement des capacités.

Vous avez touché aux éléments du contexte. C’est un contexte comme celui  que nous connaissons au plan sécuritaire. Également, une transition politique est un contexte particulier. L’enjeu c’est de faire en sorte que pendant cette séquence où il y a des contraintes sur tout le monde (politiques, médias…) que les choses puissent se passer sans mettre l’essentiel de côté. Et l’essentiel, c’est vraiment que le débat public continue d’être animé par les médias.

Dans cet esprit, il faut saluer le travail des médias maliens, tous supports confondus. L’environnement dans lequel ils évoluent n’est pas un environnement simple. Non seulement en termes de moyens pour faire vivre les organes dont ils ont en charge, mais aussi l’environnement sécuritaire est une contrainte qui pèse sur leurs épaules. Mais ils font un effort remarquable d’accomplissement de leur métier dans le respect des codes qui président au métier donc dans l’exercice d’une responsabilité assumée au plan personnel. C’est ça le journalisme. Je pense que la plupart du temps, les acteurs font la part des choses et agissent dans un sens qui préserve l’essentiel des acquis de la profession et qui contribue également à ce que l’espace public reste un espace apaisé pour le bien de tout monde.

L’Essor : L’autorité a un pouvoir disciplinaire sur les acteurs de la presse. Et cela est souvent perçu comme de la censure ou, selon certains acteurs, une caporalisation des médias. Qu’en pensez vous ?

Seydou Sissouma : Vous n’avez pas besoin de régulateur pour savoir ce que vous ne pouvez pas écrire. Vous ne pouvez écrire des articles diffamatoires contre une personne, faire des calomnies. Comme toute profession, le métier du journalisme est un métier qui est installé sur un certain nombre de règles et ces règles, vous les apprenez à l’école ou dans la pratique professionnelle. Et c’est lorsque vous sortez de ces règles là qu’il y a un rappel du régulateur et parfois même de l’autorégulateur.


Dans beaucoup de pays, la question des manquements à l’éthique et à la déontologie est gérée plutôt par des organes d’autorégulation, ce sont des organes qui regroupent en leur sein que les journalistes et professions connexes. C’est une initiative de la corporation où on est jugé par ses paires. C’est très utile de mettre la question sur la table, parce qu’il y a beaucoup de choses que la profession elle-même peut gérer sans que le régulateur n’intervienne. Il n’y a pas d’exercice parfait du métier, même le régulateur n’exerce pas son métier de façon parfaite. Il peut y avoir des manquements, mais lorsqu’il y a ces manquements, le régulateur a le devoir de rappeler là où la pratique professionnelle a fléchi et les corrections qu’il faut y apporter. Cela n’à rien à voir avec la censure. C’est un métier où théoriquement lorsque on l’exerce, on est censé connaître les règles qui gouvernent.

L’Essor : Que fait la Hac en termes d’accompagnement des acteurs du secteur dans la pérennisation de leur œuvre d’information des masses ?

Seydou Sissouma : Une des missions de la Hac, c’est d’aider au renforcement des capacités, de prendre en compte les difficultés réelles que les médias peuvent rencontrer et voir dans quelle mesure les entreprises de communication peuvent continuer à faire leur travail. Parce que la Hac a le mandat d’autoriser la création des chaînes de télévision, d’octroyer les fréquences radios. Ces fréquences étant des ressources privées, tout bénéficiaire est assujetti au payement de redevances. Les bénéficiaires ont le devoir de s’acquitter annuellement des redevances.

Réalisée par

Fadi CISSE

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