Les maisons en banco au charme sauvage faisaient la beauté
de la Venise malienne. Ce style architectural soudanais résiste de moins en
moins à la modernité parce que les constructions en ciment et dans le style
contemporain poussent comme des champignons
Tout visiteur qui revient à Mopti après quelques années
d’absence perçoit tout de suite un changement dans le style architectural de la
Venise malienne. La sublime architecture soudano-sahélienne à travers laquelle
la région s’identifiait fait de plus en plus place à une architecture
contemporaine.
Celle-ci séduit certes, mais avec elle disparaît une partie de
notre patrimoine immatérielle au charme sauvage, qui avait jusque-là su
franchir les âges. Mopti n’est donc pas une nouvelle cité, mais elle en prend
le look avec des constructions modernes. Les R+1 (rez-de-chaussée plus un autre
niveau) entièrement construits en banco avec des matériaux comme le bois de rônier,
le son de mil et la poudre de néré sont en train de disparaitre
progressivement.
Le style architectural soudano-sahélien ne semble plus
enchanter la population de la région, encore moins les maçons et autres
entrepreneurs. Même si pendant des siècles, la ville a bâti en partie sa réputation
sur cette pratique authentique et a su se vendre comme une contrée touristique
et culturelle intéressante (à juste raison d’ailleurs) avec sites historiques,
classés patrimoine national ou patrimoine mondial de l’Organisation des Nations
unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Le directeur national du patrimoine culturel, Moulaye
Coulibaly, explique que le phénomène n’est pas propre à Mopti seulement. De
nombreuses villes historiques sont touchées par la modernisation. Il explique
clairement l’esprit et la lettre des textes. «Ceux régissant les sites
touristiques ne concernent surtout que les bâtiments répertoriés et classés
patrimoine national ou de l’Unesco d’où, la nécessité de sensibiliser les
populations sur l’impérieuse nécessité de sauvegarder notre patrimoine
architectural face à l’avancée du style occidental», précise le directeur
national du patrimoine culturel.
Il explique sans ambages et même crûment que
le phénomène est en train de détruire l’une des facettes de notre belle identité
culturelle à savoir l‘architecture soudano-sahélienne qui a connu un essor
considérable entre les XVè et XVIè siècles et continue d’émerveiller le monde.
Un rappel des textes s’impose pour mieux appréhender la
situation. Le décret N°05/P-RM du 9 mars 2005 fixant les règles spécifiques
applicables aux différentes catégories de servitudes en matière d’urbanisme
stipule dans sa section III, article 18, que les servitudes de limitation de
hauteurs s’appliquent aux sites classés comme tels pour préserver
l’environnement ou un patrimoine historique, architectural ou cultuel.
Aussi dans sa section VI, article 24, les servitudes d’architecture imposées
s’appliquent à travers la sauvegarde des sites et monuments historiques,
archéologiques et culturels.
Malheureusement, cette réglementation ne fait pas l’unanimité dans la ville de Mopti. Elle ne concerne qu’une partie de la ville de Mopti, notamment les alentours de la mosquée de Komoguel (la grande mosquée) qui a été construite dans un style architectural soudanais entre 1936 et 1943.
Selon le spécialiste du
patrimoine, il est inconcevable de parler d’architecture de la ville de Mopti
sans évoquer son évolution historique. «Les causes de cette mutation sont
multiples à savoir les effets néfastes du changement climatique, caractérisés
par les vagues de sécheresse et des mauvaises récoltes. Ces conditions
climatiques très difficiles ont rendu les matières premières onéreuses et
très rares sur le marché», relève Moulaye Coulibaly. Pour lui, le banco
est synonyme de cohésion, de solidarité et de vivre ensemble, mais aussi de
notre identité culturelle.
Il souligne que l’abandon de cette pratique ancienne
nous éloigne de l’un de nos traits culturels à savoir la famille, le bien
commun, comme en témoignent les journées de crépissage des maisons
familiales ou de la grande mosquée. Par exemple, toute la communauté se
réunit autour d’un idéal commun lors du crépissage de la grande mosquée
de Komoguel. En plus de son caractère culturel, c’est aussi un
espace de rencontres, de donner et de recevoir entre les générations (les vieux
et les jeunes). Avec l’utilisation des matériaux, notamment le ciment
industriel comme matière première, cette rencontre socioculturelle risque
de disparaître, malgré notre insistance à travers la sensibilisation et les écrits.
Hélas, le phénomène se poursuit.
Dassé Niafo, maçon de son état comme son père et fort d’une
trentaine d’années d’expériences, verse aussi son avis dans le débat. «Mopti
est une ville où la plupart des habitants sont pauvres. Devant cette situation
de précarité, la nouvelle génération aspire à une vie meilleure et abandonne
les constructions en banco qui nécessitent constamment des entretiens. Les
jeunes n’ont ni le courage, ni la force de faire comme les vieux qui récupèrent,
eux-mêmes, le banco afin d’amortir le coût d’investissement», déclare-t-il.
Cet
ouvrier manuel estime que l’évolution rapide du monde, caractérisée par
l’acculturation de la nouvelle génération demeure la principale cause de la
perte de notre tradition. Il s’empresse d’ajouter que de nos jours, on
constate que beaucoup de maçons préfèrent acheter du ciment pour des besoins de
construction. En un mot, le banco est en disgrâce, a-t-il conclu
succinctement.
Le journaliste et
natif de Mopti, Mamadou Bocoum, indique aussi que c’est l’air du temps. La
population s’oriente de plus en plus dans les constructions avec du ciment,
parce que le banco ne résiste pas toujours aux fortes pluies. Il précise
qu’il faut consacrer chaque année de l’argent à l’entretien de la maison en
banco pour qu’elle ne s’écroule pas pendant l’hivernage.
Cependant, les services compétents préfèrent
inviter les populations à la prudence. «Il faut faire beaucoup attention sinon
nous allons complètement changer l’architecture traditionnelle de la ville de
Mopti», alerte le directeur régional de la culture de Mopti, Adama Traoré.
C’est à partir de 2009 que la ville a, de son point de vue, senti ce
changement. «Ce qui est surtout grave, c’est le non-respect du style
architectural soudano-sahélien.
Seules les structures gouvernementales
respectent ce style», constate-il, avant de soutenir que ce changement est
aussi culturel, car la nouvelle génération accorde peu d’importance au mythe
sacré et à la superstition.
«Les autochtones avaient mûri l’idée que le banco est béni
et l’abandonner serait une transgression de nos valeurs. Jusqu’à une époque récente
de notre Histoire, les traditionnalistes faisaient croire à l’opinion publique
que la construction en ciment était perçue comme un signe de malédiction. De ce
fait, si quelqu’un s’aventurait à démolir une construction en banco ou à
utiliser de nouveaux matériaux, il risquait de subir un mauvais sort», révèle
le patron de la direction régionale de la culture. Il s’est même appuyé sur une
philosophie populaire de sa contrée selon laquelle, il était même dit que
lorsqu’un riche construit une maison en dur dans des vieux quartiers, il finira
par devenir pauvre.
De ce fait, Adama Traoré lance un appel aux autorités pour
la conservation et la pérennisation de cette pratique qui est, aujourd’hui, en
voie de disparition. Quant à Ouramou Kantao, un ouvrier qui confectionne des
briques en banco, il avoue que les
jeunes ne sont plus prêts à sacrifier aux exigences des constructions en banco.
Pour bon nombre d’entre eux, le banco est fait pour les nantis. «Il faut
changer avec le temps», souligne un jeune nanti de Mopti qui a souhaité garder
l’anonymat. Je ne peux pas vivre comme mes arrière-grands-parents et pense que
la vie incite à s’inscrire dans cette vision du changement».
Pour le directeur
régional de l’urbanisme de Mopti, Mahamane Amadou Maïga, le phénomène est
en train de prendre de l’ampleur. Selon lui, plusieurs facteurs, notamment
l’insécurité grandissante, le développement de la technologie et les difficultés
d’accès aux matériaux de construction, favorisent l’agonie de l’architecture
soudano-sahélienne.
Il relève que l’insécurité grandissante dans le pays a contraint certaines populations à s’installer dans la ville de Mopti. La crise a entraîné beaucoup de changements de comportement chez la population, surtout avec l’arrivée massive des ressortissants des pays voisins. Ils se sont vite investis dans l’habitat afin d’avoir un chez soi sans pour autant respecter l’architecture ancienne qui offre une particularité à la ville de Mopti. Tous les observateurs s’accordent sur le constat, clairement établi. Maintenant qu’est-ce qu’il faut faire ?
Amadou SOW
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