
L’Essor : Kambo a vibré au rythme des «Journées culturelles du Lac Zaliè» les 18 et 19 février 2022. Est-ce que l’évènement a été à la hauteur des attentes locales ?
Yaya Sanogo : Au regard de l’adhésion populaire et de la mobilisation, nous pouvons affirmer que l’évènement a été à la hauteur des attentes locales.
L’Essor : Quelles ont été les activités phares de cette édition ?
Yaya Sanogo : Pour cette première édition, les activités phares ont tourné autour de la rencontre de l’ensemble des filles et fils de Kambo (de l’intérieur et de la diaspora) pour non seulement se connaître, mais aussi pour débattre des problèmes de développement du village. Il y a eu aussi une animation folklorique des différentes troupes invitées pour la circonstance.
Le festival a proprement dit (journée du samedi 19 février 2022) a été marqué par, entre autres, la conférence-débats animée par Alain N’Doh Cissé sur le Lac Zaliè, la pêche collective dans le lac Zaliè. Dans l’après-midi, il y a eu le défilé des troupes folkloriques , notamment la troupe de Kadiolo Nabi, Samôhôrô de Kambo, N’Gon de Kambo, Kôrôdugaw (bouffons) de Baloulou, Bolguéli de Kambo, Solo de Katon, Gatekelé de Nakomo, les chasseurs, une troupe du Burkina Faso, Sadaiyoukou de Kambo….
L’Essor : Cette initiative de promotion culturelle et touristique est conçue autour du Lac Zaliè. Quelle est la particularité de ce cours d’eau pour Kambo voire pour la culture locale ?
Yaya Sanogo : L’existence de Kambo est intimement liée au lac Zaliè qui prend sa source à Sinematiali (dans le nord de la République de Côte d’Ivoire), passe par Korhogo (République de Côte d’Ivoire), Karagouan et Touba pour venir à Kambo. Zaliè est un lac sacré où les gens viennent d’un peu partout se prosterner devant les génies pour formuler des vœux de tout genre.
La légende raconte que les génies de Zaliè offraient à manger aux voyageurs. Il suffisait de les informer du voyage et au retour vous trouverez un plat garni de gros poisson. Le cours d’eau arrose les plaines de Kambo, de Borogoba, de Kadiolo pour la riziculture. Et il alimente aussi beaucoup de puits des villages voisins de Kambo. La légende raconte que dans le temps, lorsqu’on pratiquait la pêche collective dans le lac Zaliè, les eaux des grands puits «Allah Kolon» de Kadiolo (au centre ville), de Dioumaténé et de Diou se troublaient.
Très poissonneux, Zaliè ravitaille beaucoup de localités du cercle de Kadiolo en poissons. L’argent provenant de la pêche servait surtout à payer entièrement l’impôt du village. Les revenus de la pêche du lac ont également permis la construction de la maternité, du premier château d’eau qui alimente les robinets, le payement de la quote-part du village pour la construction de l’école et beaucoup d’autres réalisations.
En plus des poissons, on trouve à Zaliè des crocodiles, des hippopotames et beaucoup d’animaux sauvages. Le lac Zaliè crée dans la localité un micro climat particulier favorable à l’écotourisme et au tourisme balnéaire. Zaliè est incontestablement un élément important de la riche culture locale.
L’Essor : Qu’avez-vous retenu de cette première édition ?
Yaya Sanogo : De cette première édition, nous avons retenu beaucoup de choses. D’abord, nous avons tous compris que le village, voire le cercle, a besoin de ce genre d’événements pour y booster l’épanouissement artistique et le développement culturel, socio-économique… Cette première édition a été l’occasion pour les filles et fils du village de Kambo de mieux se connaître, de partager leurs visions pour le développement local… Je signale que plus de la moitié de la population de Kambo se trouve en Côte d’Ivoire et que des gens s’étaient perdu de vue, il y a plus de trente ans.
Nous avons pu constater l’adhésion totale et entière de l’ensemble des populations de Kambo à la réalisation de ce projet. Les habitants et les ressortissants de Kambo se sont engagés solennellement à se donner la main pour développer leur village. Cette édition a permis de débattre de l’importance du lac Zaliè pour Kambo et pour l’ensemble du cercle de Kadiolo. Cette première édition a permis de mettre en évidence un élément très important de la culture sénoufo qu’on appelle le «Nergbagui». La société sénoufo est matriarcale et le neveu joue un grand rôle dans la famille maternelle. La présence des autorités politiques, administratives, coutumières, religieuses et la presse (radio, télé et journaux) a donné plus d’éclat à ces journées.
L’Essor : Quel peut être, à court et long termes, l’impact de cette initiative sur le développement socioéconomique de Kambo ?
Yaya Sanogo : à court terme, nous souhaitons le renforcement de la cohésion sociale, la réalisation de certains projets tels que l’achat des huit plaques solaires manquant au niveau du forage, la construction et l’équipement de trois salles de classe et la direction, l’électrification de la mosquée, l’abandon total de la coupe des arbres et le reboisement au bord du lac Zaliè. A moyen et long termes, nous souhaitons la construction d’un barrage pour la riziculture de contre-saison et le maraîchage, l’électrification du village ; la construction d’un second cycle ; l’aménagement de Zaliè pour les activités touristiques et la pérennisation du festival Zaliè.
L’Essor : Le constat est que le lac Zaliè est de plus en plus menacé par les activités humaines, notamment le déboisement du site. Qu’envisagez-vous au niveau de l’Association des ressortissants de Kambo pour protéger ce précieux patrimoine ?
Yaya Sanogo : Au niveau de l’Association des ressortissants de Kambo, nous comptons sensibiliser les habitants du village par rapport à l’abandon total de la coupe des arbres dans l’emprise du lac. En collaboration avec le service des Eaux et Forêts, nous comptons mener des activités de reboisement autour du précieux cours d’eau. Nous allons aussi travailler à vulgariser l’utilisation des filets de pêche à grandes mailles qui ne prennent que les gros poissons en laissant les petits grandir. Je rappelle que la pêche dans Zaliè est une pêche collective, organisée dans l’année sur une période de trois mois au maximum. Nous envisageons aussi l’élargissement de la route qui mène au lac.
L’Essor : Vous êtes l’un des initiateurs de ces journées culturelles. Qu’est-ce qui vous a motivé dans cette initiative ?
Yaya Sanogo : L’idée du festival est venue de l’artiste Lamissa Bamba dit «Kadiolo Nabi», président de l’Association «Yèrèdon» qui fait la promotion de la culture sénoufo. Je signale que Kadiolo Nabi est un ami du village de Kambo. Déjà en 2020, les ressortissants avaient programmé une rencontre entre les filles et fils du village afin de leur permettre de se connaître et de débattre des problèmes de développement du village.
Mais, à cause de la pandémie à coronavirus, la rencontre n’a pu se tenir. Dans le cadre de ses activités, Kadiolo Nabi nous a alors proposé l’idée du festival. Nous nous sommes dit que c’était une bonne occasion de réaliser notre projet du village. C’est comme cela que les choses sont parties et toutes les populations de Kambo, de l’intérieur et de la diaspora, ont adhéré au projet. D’après le chef de village, Mamadou Sanogo, c’est la première fois que les Kambolais (ressortissants de Kambo) adhèrent à presque cent pour cent à une initiative.
L’Essor : Qu’attendez-vous des autorités administratives et des Collectivités locales pour perpétuer ce festival ?
Yaya Sanogo : C’est avant tout le lieu de remercier très sincèrement les autorités administratives et les Collectivités locales de Kadiolo dont les présences ont donné un éclat particulier à ce festival. Nous comptons sur leurs soutiens et leurs accompagnements pour la pérennisation de ce festival. Et je pense qu’un cadre de réflexion sera nécessaire pour dégager les voies et moyens de pérenniser l’initiative et d’orienter nos futures actions.
L’Essor : Le Folona est très riche en patrimoines culturels et artistiques, malheureusement méconnus. Qu’envisagez-vous pour leurs promotios dans le cercle, dans le pays voire à l’extérieur du Mali ?
Yaya Sanogo : Notre ex-Canton, le Folona, est effectivement très riche en patrimoines culturels et artistiques, malheureusement méconnus. Les raisons sont multiples, mais nous pouvons nous ressaisir. Je pense que pendant longtemps les gens ont confondu la culture et la religion. Ce qui a fait que les senoufo du Folona ont abandonné certaines pratiques culturelles et artistiques pour paraître «bon musulmans». Il revient à nous les intellectuels du Folona de nous intéresser davantage à notre culture. Nous devons encourager et soutenir toute personne qui œuvre pour la promotion de la culture senoufo, à l’image de Lamissa Bamba dit Kadiolo Nabi.
L’Essor : Quel appel lancez-vous aux ressortissants du cercle de Kadiolo, notamment à ceux de Kambo ?
Yaya Sanogo : L’actualité nationale et internationale nous oblige à comprendre que le développement passe par l’entente et le rassemblement. L’ère n’est plus à la division. Pour le développement de notre localité, plusieurs associations sont créées comme l’Association des ressortissants du village de Kambo, l’Association des ressortissants et sympathisants du cercle de Kadiolo à Sikasso, l’Association des ressortissants du cercle de Kadiolo à Bamako et Kati. Ces différentes associations doivent travailler en parfaite symbiose et en collaboration avec les populations locales pour que notre rêve pour Kadiolo se réalise.
Rédaction Lessor
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