
Le phénomène est causé par les eaux de ruissellement en provenance des collines et des rivières des quartiers aux alentours
L’état dégradant du pan du fleuve Niger où «Joliba», qui traverse la ville de Bamako, inspire la peur de voir ce cours d’eau, long de 4.184 kilomètres (km), disparaître. À Djicoroni Para, en Commune IV, l’eau du fleuve affiche une couleur jaunâtre. Elle tarit à grande vitesse laissant des périmètres propices pour le maraîchage. C’est le même constat amer au niveau de «Woyowayanko», du pont des Martyrs, de la Place du cinquantenaire. Les amas d’ordures dans le fleuve en rajoutent à l’amertume.
Fatima est nostalgique du temps où ses amies et elle allaient s’approvisionner en eau au fleuve Niger pour les besoins de la famille. La native de Djicoroni Para dont le domicile paternel est riverain du fleuve, est tracassée de voir le fleuve ainsi dégradé. «L’eau du fleuve nous servait de boisson, pour le besoin de la cuisine et la lessive. Elle était tellement claire et limpide qu’on voyait les matières au dessous d’elle», témoigne notre interlocutrice. Son jeune frère renchérit qu’ils pouvaient observer le mouvement des poissons dans l’eau étant sur un rocher.
Nombreuses sont les personnes qui s’inquiètent du sort du troisième grand fleuve de l’Afrique. Abdoulaye Traoré alias Capitaine habite à «Gningnin carré», un secteur de Djicoroni para. Le riverain considère les caniveaux et autres collecteurs comme les premières sources du malheur de ce cours d’eau. Très soucieux de l’avenir du voisin qu’est le fleuve Niger, il passe de temps en temps sur les lieux pour enregistrer des vidéos de sensibilisation sur les dangers que court le fleuve. Ils partagent ces messages sur les réseaux sociaux. Capitaine estime que l’ensablement est provoqué par les eaux de ruissellement en provenance des collines et des rivières des quartiers d’alentours. Il accuse des familles de déverser leurs déchets dans le fleuve. Certains à travers des caniveaux pendant la nuit.
Abdoulaye Traoré invite les autorités à s’impliquer fortement dans la protection du Joliba. Cela, dit-il, passe par des sanctions sévères contre les ennemis du fleuve. Sinon, insiste-t-il, le fleuve disparaît à grand pas. Par ailleurs, il attire l’attention sur les conséquences liées à l’ensablement du fleuve. Capitaine cite l’inondation dont les riverains sont les premières victimes. «Ce que nous avons vu et vécu cet hivernage est un exemple et un signal fort», laisse entendre Abdoulaye Traoré.
Action humaine- Ce dimanche 2 février 2025 à 18 heures, Madou Famanta, pêcheur de son état à DjicoroniPara, accoste sa pirogue à un lourd objet. En face de lui, un gros tas de sable couvert de vieux vêtements, des plastiques et des vieilles boîtes de conserve. Le pêcheur regrette que les autorités n’accordent pas d’importance à leur opinion face à la déliquescence du fleuve. Selon lui, ni la population ni les autorités ne se soucient de ce fleuve.
C’est parce qu’il y a un manque de volonté, soutient-il, que ce cours d’eau est dans cette situation. Et de poursuivre que l’ensablement continuera tant qu’il y a de fortes pluies qui provoquent des torrents. Madou Famanta conseille de mettre fin aux comportements comme celui visant à remplir les caniveaux d’ordures. Il accuse les orpailleurs opérant dans le Mandé d’être responsables de l’impureté de l’eau. En outre, il pense que si ce fleuve est bien protégé, il peut renforcer notre économie à travers la mise en place d’un projet de navigation entre Bamako et la République de Guinée.
L’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN) a pour mission de sauvegarder le fleuve Niger et ses bassins. L’ingénieur des eaux et forêts au département protection et gestion des écosystèmes à l’ABFN, Kalifa Traoré explique que l’ensablement est le transport du sable et des sédiments d’un lieu à un autre et leur accumulation. Bien qu’il soit naturel, il est accéléré et aggravé par l’action humaine. Ça se manifeste par la formation de petits ilots de sable dans les cours d’eaux.
L’environnementaliste indique que ces principaux impacts sur l’écologie du fleuve sont des modifications de l’habitat, de la faune aquatique, la répercussion sur la reproduction de ces animaux et d’autres organismes aquatiques, la navigation difficile à des endroits. À cela s’ajoutent, l’impact sur les économies liées au fleuve, la dégradation des berges et des infrastructures, le remplissage du lit, la provocation des inondations et l’affectation de l’irrigation.
Il souligne que l’ABFN fait le suivi environnemental à travers une cellule appelée Observatoire. Kalifa Traoré note que les moyens de s’enquérir de la situation sont les images satellitaires, un système d’information géographique permettant à la cellule d’avoir des informations sur l’écologie et de faire son suivi environnemental. Et de confirmer que l’ensablement du fleuve est bien constaté au niveau de sa structure. D’ailleurs, des interventions d’essai de curage du lit du fleuve dans le cadre du Projet de réhabilitation économique et environnemental du fleuve Niger ont été faites. Cela consistait, explique-t-il, à faire le dragage (curage) sur le fleuve entre Macina et Diafarabé (Région de Mopti).
Cette phase de démonstration a montré qu’il est possible de continuer à curer le passage de l’eau, même si c’est financièrement costaud. «Nous faisons aussi des aménagements de berges pour les solidifier et les végétaliser, affirme-t-il. Nous allons mettre beaucoup plus l’accent sur la sensibilisation des populations qui sont des acteurs d’aggravation de la situation. Sinon les sanctions ne relèvent pas de notre compétence. S’il y a des cas de dénonciations, nous faisons le rapport pour l’envoyer à qui de droit».
En somme, le fleuve bien aménagé au cœur de la ville, au-delà de ses atouts économiques, contribue à en faire une ville vitrine. Mais pour le nôtre, c’est le paradoxe qui se produit. Conservons le pour le bien-être de tous, car il est l’une des premières sources de vie de la nation.
N'Famoro KEITA
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