Niger : Le ministre de la Justice explique les raisons de la dissolution des syndicats du secteur

Le ministre de la Justice et des Droits Humains, Garde des Sceaux, Chargé des Relations avec les Institutions Alio Daouda a animé un communiqué de presse vendredi 8 à son cabinet pour expliquer les raisons de la dissolution de quatre syndicats du secteur de la justice.

Publié lundi 11 août 2025 à 08:42
Niger : Le ministre de la Justice explique les raisons de la dissolution des syndicats du secteur


A cet effet, il a rapporté qu’il est unanimement admis aujourd’hui, «que les différents syndicats du secteur de la justice que sont le Syndicat autonome des magistrats du Niger (Sanam), le Syndicat indépendant des magistrats du Niger (Siman), le Syndicat national des agents de la justice (SNAJ), le Syndicat des cadres de l’administration de la justice (Syncat) et I’Uman (Union des magistrats du Niger), n’œuvrent pas pour le bon fonctionnement du service public de la justice dans sa mission de défense de l’intérêt général, mais plutôt pour la promotion d’intérêts personnels qui tirent vers le bas, ce service régalien de l’État».

Le secteur de la Justice connait depuis quelque temps, une crise liée à des disfonctionnements de tous ordres et au comportement des acteurs qui l’animent. Si la première cause d’ordre structurel et institutionnel peut se justifier par la modicité des moyens mis à sa disposition, la seconde quant à elle est révélatrice d’un malaise plus profond en lien avec des facteurs qui sont intrinsèquement dus à ses acteurs, plus enclins à réclamer des droits qu’à exercer de manière loyale les obligations de leurs charges.

Ces comportements que nous observons, selon le ministre de la Justice, «ont pour noms, le non-respect de l’éthique et de la déontologie, la non-exécution des obligations statutaires qui découlent de la loi, le refus assumé de respecter l’autorité hiérarchique et la négation des valeurs qui fondent la justice». L’appréciation de la situation interroge aussi sur la responsabilité de tous les acteurs de la Justice sans distinction de corps d’appartenance, à travailler pour construire une justice de qualité reposant sur l’impartialité, la confiance et la loyauté; or, une telle justice qui doit être l’objectif à atteindre, mieux un idéal philosophique et moral est aujourd’hui dévoyé et parait aux yeux des justiciables, comme une chimère, car personne ne croit en sa capacité à se réinventer et à répondre aux attentes des citoyens.

La persistance des comportements décrits plus haut que les acteurs ont l’obligation de bannir, est curieusement encouragée par des structures syndicales qui dans les faits, «s’évertuent à chaque fois qu’un militant est en cause pour des faits paraissant de nature à justifier des poursuites voire des sanctions, à se mettre en première ligne au nom d’un corporatisme de mauvais aloi des intérêts matériels et moraux qu’elles sont censés défendre», annonce-t-il.

Ce constat est exacerbé par la prééminence du rôle de syndicalistes sur celui d’agents de l’État, car les premiers cités se sont donnés pour mission, «souvent sans l’accord des militants qu’ils prétendent défendre, d’entraver la bonne marche de l’administration en faisant recours pour cela, à des méthodes d’intimidation à l’encontre de tous ceux qui se hasarderaient à les contester et à la complaisance à l’endroit de ceux qui adhèrent sans rechigner à leur mots d’ordre même quand ils sont illégitimes».

Avec de tels agissements, poursuit le ministre Alio Daouda, le mandat de représentation exercé par les syndicats du secteur de la justice, «prend ouvertement des allures de défiance vis-à-vis de l’autorité qui ne peut plus prendre des sanctions au risque de se voir exposée à des grèves et le cas récent d’un des syndicats du secteur atteste éloquemment de ce type de comportement qui frise le blocage et la bonne administration de la justice». La Justice ne peut s’accommoder de structures mettant en avant les intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général qui commande la mission de service public qu’elle est supposée remplir.

Il est en effet un secret de polichinelle que les syndicats du secteur de la justice se sont éloignés de la défense des intérêts matériels et moraux à l’heure où le pays s’est engagé dans la voie de la refondation qui requiert de nous chang
ements d’attitudes et de comportements aussi bien dans les rapports avec les usagers du service public que dans la manière de servir. La promotion des valeurs incarnées par la justice ne peut se réaliser dans un contexte de conflit permanent sur fond de réclamations irréalistes et de luttes de positionnement encouragées par des militants en mal de notoriété, prêts à user de tous les moyens y compris déloyaux, pour parvenir à leurs fins, même si pour cela, l’édifice doit s’écrouler.

Pour le ministre Garde des Sceaux, «la Justice doit rester dans sa mission première qui est de protéger, de décider et de sanctionner et la posture actuelle des syndicats n’est pas de nature à lui permettre de remplir efficacement cette mission mise en péril par les agissements de toute nature observés çà et là dans la délivrance des services, dans le traitement des dossiers caractérisé par une lenteur excessive en dépit de toutes les réformes effectuées et le respect des valeurs éthiques et morales».

La posture adoptée par certains syndicats de défendre non pas uniquement les intérêts moraux des collègues de la corporation mais les intérêts individuels, se traduit soit dans la réclamation des promotions pour certaines catégories de militants, soit dans la prise en charge des frais d’honoraires d’avocats pour défendre certains autres, objet de certaines poursuites pénales et disciplinaires annonçant dès la base que quel que soit les faits gravissimes commis par leurs militants, ils (les syndicats) restent déterminés à les défendre.

En effet, comment comprendre que des magistrats sensés donner l’exemple et influencer le comportement éthique de toute l’administration et de la société, se solidarisent de leurs propres collègues, objet de poursuites pénales et/ou disciplinaires, pour payer les honoraires des avocats et assurer leur défense si un tant soit peu l’éthique et la déontologie font partie de leurs préoccupations.

Comment aussi comprendre que ces acteurs qui financent la défense de leurs collègues poursuivis peuvent-ils être impartiaux lorsque ce sont eux-mêmes qui siègent dans les commissions de discipline et dans les juridictions chargées de juger les magistrats poursuivis et cela quel que soit la gravité des faits objet des poursuites disciplinaires ou pénales.

Ces mêmes structures syndicales, usant de leur position dominante ont provoqué une réforme qui a totalement désarticulé la hiérarchie judiciaire par l’introduction d’un bonus d’échelon sous-tendu par des attestations de service civique dans des conditions qui interrogent.

Les exemples de déviance sont légions ; on peut citer les cas de Tillabéri, de Konni et celui plus récent d’un magistrat qui refusant le contrôle de police, a appelé son syndicat pour faire une déclaration en réaction audit contrôle comme s’il était au-dessus de toute réglementation.

Le paroxysme de ces déviances est atteint lorsque des magistrats affectés refusent de rejoindre leurs postes alors mêmes qu’ils ont perçus les frais de déplacement et de déménagement y afférents pour eux-mêmes et leurs familles
et sachant que ce refus viole la loi qui les régit en son article 17 en ce qu’elle leur impose une obligation de résidence.

Quid de ces greffiers qui organisent dans l’enceinte du tribunal un sit-in pour influencer la décision de la justice à l’occasion de l’interpellation de leurs collègues poursuivis pour des faits de détournement de deniers publics ou encore qui usent de toute sorte de stratagème pour s’impliquer dans l’affectation de leurs pairs comme s’ils étaient investis d’un pouvoir de cogestion avec la chancellerie en cette matière.

Ces pratiques décriées par tous, «ne peuvent et ne doivent plus prospérer dans le contexte actuel de la Refondation politique, culturelle et institutionnelle de notre pays car elles constituent une entrave à la réalisation des réformes indispensables à la restauration de l’autorité de l’état qui doit en toute circonstance, privilégier les intérêts supérieurs de la Nation et du peuple au détriment de l’intérêt personnel, égoïste et individuel», a déclaré le ministre de la Justice. Il a conclu par attirer l’attention des structures dissoutes, et les acteurs concernés, «que toute prise de position publique engage la responsabilité personnelle de son auteur».

ANP

Rédaction Lessor

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