
«Il y a de la fraise. Vous en voulez pour combien ?», lancent
en chœur les vendeuses ambulantes du Marché rose de Bamako, qui proposent
leur marchandise dans les assiettes plus ou moins creuses. Avec 300 Fcfa, on
peut acheter un tas de ce fruit charnu à la belle robe rouge, qui est
d’habitude importé d’Europe pour inonder les marchés de la capitale. Mais
aujourd’hui, la fraise est de plus en plus cultivée dans notre pays.
Toumani Traoré fait partie des producteurs locaux. À
première vue, son verger, situé au bord du fleuve à Kabalabougou dans la
Commune du Mandé, ressemble à un champ de tomates. Le vert domine de loin mais
quand on s’approche, on distingue entre les feuilles les petites pépites
rouges. Nous avons rencontré Toumani Traoré dit Banta, en pleine activité dans
son champ. La sueur dégoulinant sur le visage, il est occupé à biner les
planches de fraise.
Électricien de profession et célibataire sans enfant, Banta
a hérité le champ de fraise de son père il y a trois ans. Il y possède 42
planches de fraise. Muni de deux arrosoirs, il arrose trois fois par jour les
plants qui ont besoin de beaucoup d’eau. Costaud à force de pratiquer ce
travail pénible, le jeune homme parcourt environ une centaine de mètres pour
puiser l’eau dans le fleuve. Son ami Mohamed Diarra l’aide souvent dans ce
travail harassant.
«Les fraises sont comme des bébés qui ont besoin de grands soins. Les plants sont fragiles et ne supportent pas une aspersion mécanique. La terre a aussi besoin d’être enrichie régulièrement. Pour cela j’achète tous les quinze jours des déjections de mouton et de bœuf ou encore de volaille pour rendre fertiles les planches», explique le jeune producteur.
ÉVITER LES ENGRAIS INDUSTRIELS- Le fruit ne réussit qu’en
période de chaleur, précise Toumani Traoré, qui montre ses dents jaunâtres
derrière un grand sourire. «En février et mars passés, j’ai eu une bonne
récolté. Pour le moment, le champ donne moins, car l’arrivée des premières
pluies a fait reculer la production », dit-il. En effet, la fraise ne peut
réussir au Mali pendant l’hivernage sauf si le producteur possède une serre
pour protéger les planches. Il n’est pas non plus question d’utiliser les
engrais industriels car ils détruisent
carrément les plants.
En dehors des déchets qui sont des engrais organiques, Banta
asperge les planches tous les trois jours avec de l’insecticide pour les
protéger des insectes nuisibles. En principe, il faut six mois à la fraise pour
atteindre la maturité : trois mois pour pousser et trois mois pour donner
des fruits. En période de récolte, Banta
peut collecter 25 kg de fraises tous les trois jours. Le kilogramme est vendu à
4.000 Fcfa aux hôtels de la place. Cependant, les revendeuses achètent le kg à
3.000 Fcfa.
«C’est un métier difficile. Il faut être patient et
courageux», confie Toumani Traoré. Mais grâce à cette activité, il a pu
construire une maison, acheter une moto et contribue aux dépenses quotidiennes
de la famille. En perspectives, le jeune entrepreneur ambitionne d’installer
une serre et un dispositif automatique d’arrosage de ses fraisiers.
Oumou Diawara vend des fraises depuis une année. «Au début,
j’étais étonnée d’apprendre que ce fruit est cultivé chez nous. Je pensais que
ça venait uniquement des pays voisins», dit notre interlocutrice. Par jour,
elle achète 10 kg de fraises à un producteur, à raison de 2.000 Fcfa le kg
qu’elle revend à 2.500 voire 3.000 Fcfa. Grâce à son commerce, la jeune mère
peut subvenir aux dépenses scolaires de sa fille et payer ses tontines. Elle
souhaite que cette culture se développe dans notre pays pour pouvoir l’avoir à
n’importe quelle période, car justifie-t-elle, c’est très apprécié par les
clients.
Salif Doucouré, lui, est consommateur. Depuis le début du
mois de Ramadan, il rapporte des fraises à la maison tous les jours, à l’heure
de la descente du bureau. Ce chef de famille, comme Oumou, témoigne n’avoir
jamais pensé que la fraise pouvait être produite au Mali. Il souhaite voir plus
de gens s’intéresser à sa culture et à sa commercialisation afin de booster
l’économie nationale.
Les jeunes sont de plus en plus attirés par la culture de la
fraise. S’agit-il alors d’un business d’avenir ? Mme Théra Aissata Traoré
est phytopathologiste au programme fruits et légumes de l’Institut d’économie
rurale (IER). Elle explique que la fraise a été introduite au Mali dans les
années 1960 par les expatriés français qui travaillaient à la recherche
agricole. À l’époque, ils avaient installé un parc à manguier à l’emplacement
de l’actuelle Cité administrative, et planté de la fraise au pied des
manguiers.
Ensuite, les maraîchères de Hamdallaye-ACI ont commencé à récupérer
des souches pour les replanter. Après quoi, d’autres ont commencé à créer des
parcelles pour la culture de la fraise autour de Bamako, surtout dans la zone
de Samanko. Ils ont commencé à introduire de nouvelles variétés, précise notre
phytopathologiste. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes sont attirés par cette
culture, notamment les étudiants en stage à l’IER qui bénéficient de parcelles
et qui se montrent intéressés par la rentabilité de cette production.
LES VERTUS DE LA FRAISE-Mme Théra Aissata Traoré indique que
la fraise est produite uniquement à Bamako et dans l’espace péri-urbain :
c’est une culture qui ne supporte pas de longs trajets sans réfrigération. Elle
ajoute que cela n’empêche pas pour autant d’essayer sa culture ailleurs, et
c’est le rôle de la recherche. Pour booster la culture de la fraise, elle
suggère d’identifier les meilleures variétés adaptées au climat, de rendre la
semence disponible, et de veiller à sélectionner les plants de bonne qualité,
une condition importante pour produire la fraise.
Il faut aussi respecter
l’amendement du sol, pratiquer le paillage qui conserve l’humilité, protège les
fruits et respecter les fiches techniques disponibles auprès des centres de
recherche, celles-ci devant être complétées par des expérimentations locales
pour une meilleure adaptation au Mali.
À son avis, cette culture est d’un grand avantage pour le
Mali. «Si on la maîtrise bien, elle peut être une source génératrice de revenus
assez importante, et on peut ajouter à la vente locale la transformation et
l’exportation», argumente-t-il. Sur le sujet, l’IER a produit un projet de
recherche qui n’a pas bénéficié de financement. Ce serait nécessaire, car
l’objectif est notamment d’identifier les meilleures variétés, parmi plus de 40
variétés existant dans le monde de cette espèce de plante herbacée appartenant
au genre frangaria (famille des rosacées).
Docteur nutritionniste, Djibril Traoré nous parle des vertus de la fraise, qui comme d’autres fruits rouges, est riche en antioxydants (qui permettent de nettoyer les vaisseaux sanguins). Et notamment en anthocyanines et en acide ellagique, connus pour leur effet préventif sur les cancers du côlon, de l’œsophage, du sein et du cerveau. À cet effet, Dr Traoré recommande aux consommateurs de varier au maximum les fruits afin de couvrir l’ensemble des besoins nutritionnels. L’idéal pour la santé : consommer deux à trois fruits frais par jour, ce qui correspond à 250g de fraises.
Fadi CISSE
Semoirs, charrues de labour, pièces de rechange des tracteurs sont fabriqués par nos artisans. La plupart de ces équipements sont vendus dans les zones de production comme Kita, Sikasso, Bougouni ou Koutiala. Certains fabricants arrivent aussi à écouler leurs produits dans des pays voisins.
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