Sirandou Dianka : Entre «denbé» et mode

«C’est en forgeant que l’on devient forgeron». Cette maxime peut être appliquée parfaitement à la situation de Sirandou Dianka. Une styliste malienne qui puise son inspiration de son appartenance ethnique. Numu-Den ou «Être numu ou forgeron», un métier artisanal qui fait appel à l’inspiration et à l’ingéniosité. Pour elle, c’est un atout pour percer dans la créativité.

Publié jeudi 10 avril 2025 à 07:53
Sirandou Dianka : Entre «denbé» et mode

Habillée en mannequin dans un ensemble rouge vif (la couleur du sang), assorti d’une écharpe noire portée en bandoulière et qui casse l’harmonie. Un sac de marque (du haut de gamme) qui donne une idée du standing de vie de la styliste. Elle franchit d’un pas conquérant le seuil du grand portail de l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), un large sourire aux lèvres. Elle explique en toute décontraction avoir appris de son père à toujours garder à l’esprit son appartenance à l’ethnie des forgerons.



 «Mon père m’a toujours rappelé que je suis «Numu Den» et qu’il y a des choses que je dois intégrer dans tout ce que je fais dans la vie, mais aussi rester coller à ma tradition. Et, il fallait impérativement trouver un lien entre ma création et mon identité culturelle», souligne la styliste.

Sirandou Dianka est une styliste franco-malienne, créatrice de la marque Numu-D» en 2020 à Paris (en France). Elle s’impose comme l’une des figures montantes de la mode africaine. À travers sa création, la styliste nous fait découvrir et  redécouvrir le travail ingénieux des forgerons dans la tradition mandingue.


Née en France de parents maliens, elle est héritière d’une longue tradition de forgeron. De cet héritage, elle tire son identité artistique forte et un amour pour la transmission d’histoire et d’émotions. À 17 ans, Sirandou Dianka fera ses premiers pas dans la mode en officiant dans un magazin de vente de prêt-à-porter en France. Elle se fait rapidement remarquer à travers son choix d’habillement et son goût des parures qu’elle proposait aux clients.



Quelques années après, elle a été promue directrice du même établissement et devrait plus se consacrer à une gestion administrative. Une responsabilité qui l’empêchera d’être au contact direct avec la clientèle. Elle démissionne pour s’installer à son compte en créant «Numu-D» avec de nouvelles collections et à la promotion d’articles produits par son établissement. 



Sa passion pour la mode, l’artisanat et le voyage l’a poussée à se former au métier de styliste. «Numu-D», une marque choisie en référence à l’histoire familiale, montre la détermination de Sirandou Dianka à suivre et valoriser l’un des plus vieux métier de l’humanité, le travail de la forge. Les Dianka (patronyme soninké) appartiennent principalement à la classe des castes (Niamakhala) notamment des forgerons. Plusieurs d’entre eux œuvrent dans le secteur de l’artisanat parce qu’ils sont majoritairement des bijoutiers.  



À travers «numu ya (être forgeron», Sirandou Dianka cherche à explorer son histoire familiale et son héritage culturel entre l’Europe et l’Afrique. Avec une curiosité insatiable pour la mode africaine, elle décide de  parcourir certains pays africains (Sénégal, Côte d’Ivoire, Niger, Togo, Ghana, Bénin et Mali) qui disposent d’une expertise dans le domaine de la mode artisanale afin de trouver des artisans partenaires et de s’imprégner du savoir-faire de chaque région.



Après création de la marque «Numu-D», elle choisit son pays d’origine pour lancer sa toute première collection : «Kelen», c’est-à-dire «une» en bambara lors du «Mali Mode Show» en 2023 à Bamako. Ce lancement va marquer un tournant important dans son parcours d’entrepreneure culturelle, mettant en valeur des designs aux couleurs vives et uniques de marque «Numu-D». Ce qui lui a valu l’intelligence de travailler avec des matières comme le coton et celles écologiques. Cet engagement écologique est une des valeurs véhiculées par la marque.



Au-delà des collections de mode, «Numu-D» s’implique dans l’éducation des jeunes apprentis et la sensibilisation des jeunes par rapport à la culture africaine. Et c’est ce qui lui a valu de dispenser bénévolement des cours de stylisme depuis 2023 aux élèves du Centre de formation professionnelle«Coupe et couture Mariam Keita». 



Récemment nommée coordinatrice des projets de Mali Mode Association, Sirandou Djanka a également participé à l’organisation des rencontres professionnelles de la 1ère édition du Forum de la mode et du design de Bamako (FMD) qui a eu lieu en novembre 2024. Elle est  membre du Collectif des créateurs et entrepreneurs de la mode du Mali (CEM Mali). 



Par ses engagements associatifs, la styliste souhaite contribuer avec d’autres acteurs/rices à l’écosystème du développement de la mode éthique et durable en Afrique, tout en faisant rayonner le savoir-faire malien au niveau local et à l’international.

Amadou SOW

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