
Ceux qui estiment que
les coups de force sont les bienvenus peuvent être classés en trois catégories.
La première est composée de ceux pour qui l’intervention des militaires est une
opportunité après la chute des adversaires qui monopolisaient le pouvoir au détour
des consultations électorales plus moins crédibles.
La deuxième catégorie
regroupe ceux dont les régimes ont été renversés par la vague de démocratisation
des années 90 et qui ont dû se taire ou se convertir aux vertus de la démocratie
sans trop y croire. La troisième catégorie réunit la masse de ceux qui sont réellement
convaincus par le discours de renouveau et de changement mis en avant par les
nouveaux pouvoirs.
Quant aux adversaires
des coups d’État, ils se recrutent parmi les perdants des changements en cours.
Ceux qui détenaient le pouvoir et qui se retrouvent à la touche au lendemain de
la diffusion d’un communiqué lu à la télévision nationale par un groupe de
militaires. Autre catégorie du groupe des adversaires : ceux qui croient réellement
aux principes démocratiques et qui sont prêts à les défendre. On peut retenir
aussi dans ce groupe les milieux d’affaires dont les opportunités sont
fortement menacées lorsque le pouvoir change de main.
Partisans et
adversaires des pouvoirs militaires, dans leur guerre sans merci, ne manquent
pas d’appuis extérieurs. Les premiers sont soutenus par des panafricains de
type nouveau dont l’objectif est de tailler des croupières à l’influence des
anciennes puissances coloniales, principalement la France. Leur action fait le
bonheur de grands pays (Russie, Chine, Turquie, etc.) désireux de bousculer la
domination déjà bien établie.
D’où le soupçon d’agents étrangers que leurs
adversaires ne manquent pas de flétrir. Quant aux seconds, ils bénéficient du
soutien des pays promoteurs de la démocratie. Ces derniers ont fait de la démocratie
un instrument d’influence à travers le monde. Au point de nuire à l’image de
leurs protégés africains qui passent aujourd’hui pour des vendus à l’Occident.
La catégorisation des
deux groupes permet de mieux comprendre les arguments développés par les uns
contre les autres. Les thuriféraires des pouvoirs militaires mettent en avant
les mauvaises pratiques ayant émaillé l’expérience démocratique dans nos pays
ces trente dernières années. Et pour diaboliser leurs adversaires, les
disqualifier, les chasser du périmètre de la respectabilité, ils leur collent
l’étiquette de marionnettes de l’ancienne puissance coloniale et ses alliés
occidentaux.
Ces derniers, par leurs déclarations et par leurs agissements,
donnent sans le vouloir du crédit à cette accusation infâmante. Pour l’écrasante
majorité des populations, les chefs d’État de la Cedeao ne sont que des pantins
dont les ficelles sont tirées depuis l’Élysée. C’est le résultat d’un vrai
travail d’orfèvre pour décrédibiliser l’adversaire.
Un adversaire si
groggy qu’il a beaucoup de mal à trouver la parade contre l’argument sur les dérives
de l’expérience démocratique. Il reste inaudible même quand il fait remarquer
que la démocratie reste tout de même un excellent moyen de dévolution du
pouvoir sans violence si elle est appliquée dans les règles de l’art. Même en
objectant que les coups d’État ouvrent les portes de l’échiquier politique à la
violence, il trouve peu d’écho dans l’opinion.
Il n’en faut pas plus
pour que les pouvoirs dits démocratiques commencent à craindre d’être incommodés
par des bruits de bottes dans leurs palais. Du coup, la confrontation entre les
deux camps se radicalise. Elle tourne à un face-à-face entre ceux qui poussent à
des changements anticonstitutionnels, estimant que c’est la seule voie pour
arracher les peuples des griffes des prédateurs agissant sous le couvert de la
démocratie, et des pouvoirs calfeutrés pour éviter d’être emportés par des
bouleversements nourris par les aspirations de la jeunesse à l’émancipation.
Les convulsions en
cours n’ont peut-être pas encore révélé tous leurs épisodes. Mais mis à part
des changements de régimes, vont-elles aboutir à de nouveaux modes de
gouvernance et de dévolution du pouvoir à l’africaine ? Les proclamations
panafricanistes devraient incliner à répondre par l’affirmative.
Malheureusement, le niveau des débats n’incite guère à l’optimisme. Certains
protagonistes ne s’embarrassent guère de scrupules dans les invectives et les
fausses accusations visant à déconsidérer l’adversaire.
Les réflexes de conquête
et de conservation du pouvoir semblent l’emporter sur la nécessaire réflexion
pour nourrir les aspirations au changement. Des bruits des échanges d’insanités
entre vidéomans, rien de bon ne sortira. Les tintamarres obligent les
intellectuels et autres personnes ressources à taire leurs bonnes idées, de
peur de subir les foudres des talibans régnant en maîtres sur les réseaux
sociaux et terrorisant tous ceux qui risquent des objections.
Or, les militaires au
pouvoir ont besoin d’accompagnement en termes de propositions et de
suggestions. Il serait court de réduire leur action à une simple réflexion
d’assoiffés du pouvoir. Ayant vécu les dures réalités de la guerre, l’incurie
des tenants de l’ancien régime frisant l’insouciance a dû les encourager à
prendre les rênes du pays pour rechercher les solutions à cette crise majeure
qui affecte le pays depuis plus d’une décennie.
À première vue, les
pouvoirs militaires font peur du fait des agissements de certains régimes des
années 70 et 80. Ces épisodes de la vie de la nation doivent être interrogés
par les chercheurs pour en tirer des enseignements. Il devrait en être de même
pour l’expérience démocratique qui fait aujourd’hui l’objet de tous les
quolibets.
L’actuel mouvement
panafricaniste doit aller au-delà du simple rejet de l’expérience démocratique
et de l’appel au renversement de certains dirigeants honnis. Il faut éviter les
pièges de la décolonisation. «On s’émancipe d’un ordre colonial, mais, pour
acter cette émancipation, on copie l’État du colonisateur», constate
l’historien Bertrand Badie en parlant de l’échec de la décolonisation en
Afrique.
Le chercheur estime que les Africains devraient plutôt inventer leurs
propres modes de gouvernance, ancrés dans les réalités africaines. Les
dirigeants comme Modibo Keita, Kwamé Nkrumah ont bien tenté d’exploiter
l’africanité. Leurs expériences, bien que perfectibles, étaient porteuses
d’espoir. Mais elles ont tourné court. Et l’État africain indépendant a continué
à se comporter comme celui du colonisateur. Si les mouvements d’indépendance
ont été nourris par l’injustice de la colonisation, la révolte d’aujourd’hui
contre certains pouvoirs en place est engendrée par la mauvaise gouvernance.
Pourtant, les Asiatiques aussi ont subi des brimades sous la colonisation. Mais eux ont réussi à mettre en place des mécanismes de gouvernance plongeant leurs racines dans leur propre culture. C’est la preuve que c’est bien possible. À condition d’aller au-delà des émotions.
Brehima TOURE
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