
«Merci d’avoir consacré du temps à nous écouter», lance
Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération
internationale, alors que le déjeuner de travail offert par son homologue russe
des Affaires étrangères tire vers sa fin. «Nous ne comptons pas notre temps
lorsqu’il s’agit d’échanger avec vous», répond Sergueï Lavrov.
Cet échange aux accents diplomatiques en dit long sur la
volonté des Maliens et des Russes de donner une dimension plus importante à
leurs relations bilatérales. L’hôte russe n’a en effet pas ménagé les prévenances
pour afficher son intérêt pour la visite de la délégation malienne qu’il a reçue
vendredi dernier à Moscou.
Pendant presqu’une demie journée, Sergueï Lavrov et
Abdoulaye Diop ont eu des échanges, d’abord en tête-à-tête, ensuite au cours
d’une séance de travail élargie aux collaborateurs du chef de la diplomatie
russe et aux autres ministres maliens présents à Moscou pour la circonstance.
Un point de presse et un déjeuner ont clôturé les assauts d’amabilités, les
marques de solidarité et les expressions de positions partagées sur bien des
dossiers de la scène internationale.
Le ministre Diop a d’entrée de jeu fait comprendre que sa
visite à Moscou était motivée par la recherche de solutions à des défis très
pressants dans l’approvisionnement correct et durable de notre pays en biens de
consommation comme les hydrocarbures, le blé, le ciment, les engrais. Le Mali a
également besoin de l’expertise et la technologie russes dans la perspective de
la relance des activités au niveau de la Régie du chemin de fer.
«Notre délégation
a eu des rencontres avec des structures publiques et des compagnies privées
russes concernées. Mais nous avons besoin de l’appui de l’état russe pour faire
accélérer les accords en vue», a expliqué le chef de la diplomatie malienne,
ajoutant que le souhait du Mali est d’élargir la coopération au commerce des
biens de consommation.
En réponse à la préoccupation malienne, Sergueï Lavrov a
assuré que la Russie est prête à continuer à apporter son appui au Mali dans le
domaine militaire et aussi pour le développement des échanges commerciaux.
«Les
dossiers seront examinés avec diligence et nous ferons connaître notre réponse
favorable», a promis le chef de la diplomatie russe. Sergueï Lavrov a ajouté
que la Russie est satisfaite des résultats obtenus sur le terrain par l’armée
malienne grâce au matériel et à l’expertise militaire russes. «Nos échanges
commerciaux ont connu une croissance de 20% mais le montant reste modeste. Il
faudra l’améliorer. Nous encourageons les contacts en cours avec les entités
russes», a souligné M. Lavrov.
SOUTIEN MUTUEL- Sergueï Lavrov a tenu aussi à exprimer la
haute appréciation de son pays quant à la solidarité affichée par le Mali en
faveur de la Russie dans le dossier de la crise ukrainienne. «Nous n’avons eu
d’autre choix que d’intervenir pour assurer la sécurité des populations
russophones et empêcher que l’Ukraine n’accueille des bases militaires aux
portes de la Russie», a-t-il expliqué, ajoutant que son pays a besoin du
soutien de ses amis pour faire face à l’hostilité des Occidentaux.
De son côté, Abdoulaye Diop a rappelé que le Mali apprécie
hautement le soutien diplomatique de la Russie pour contrecarrer les actions
visant à l’isoler sur la scène internationale. Aussi bien dans le cadre des divergences
avec la Cedeao que sur le dossier de la brouille diplomatique avec la France,
le Mali bénéficie du soutien indéfectible de la Russie. Les deux chefs de la
diplomatie partagent l’avis que les sanctions ne permettent pas de trouver des
solutions idoines aux crises.
«Nous assistons à une maladie des sanctions à la
grande déception de la Russie», a lancé le ministre russe. En écho, son
homologue malien a répondu que son pays compte davantage sur les vertus du
dialogue pour régler les différends. «Les sanctions contre le Mali avaient
manifestement pour objectif de provoquer des soulèvements. Tel n’est pas le cas»,
a-t-il fait remarquer, soulignant qu’elles n’ont pas permis d’obtenir des avancées
sur le dossier de la crise malienne.
Aux Nations unies, l’appui de la Russie a permis au Mali d’échapper
aux actions hostiles de la France, s’est également réjoui Abdoulaye Diop en
saluant la décision de Sergueï Lavrov de soutenir le Mali de la manière la plus
ferme contre les actions hostiles de l’ancienne puissance coloniale au niveau
du Conseil de sécurité.
L’entente cordiale entre Maliens et Russes est la
manifestation d’un changement d’alliance et de stratégie dans la lutte contre
le terrorisme au Sahel. La mésentente entre le Mali et la France, principal partenaire
depuis près d’une décennie, ouvre de bonnes perspectives pour les Russes de
prendre pied au cœur du Sahel et de perturber la domination française.
Visiblement, du côté de Moscou, on entend bien profiter de cette opportunité en
surfant sur la réputation d’efficacité de la Russie en matière de stabilisation
des pays en crise.
Cette nouvelle donne se manifeste par la montée du rejet de
la présence militaire française dans les pays du Sahel et l’affaiblissement des
structures organisationnelles à travers lesquelles la France exerce son
influence. Le retrait du Mali du G5 Sahel est un coup dur à cet effet car
l’ancienne puissance coloniale était le parrain de cette organisation sahélienne
qui peine d’ailleurs à faire la preuve de son efficacité.
Ce nouveau développement
éloignant davantage le Mali de son ancien partenaire stratégique n’est que la
suite logique du départ de la force française Barkhane et de la force européenne
Takuba du Mali et même de la fin de la mission de formation EUTM. Dans ce
contexte, quid du mandat de la Minusma ? Il sera sans doute renouvelé en
juin prochain. Même si la mission onusienne est loin de satisfaire notre pays
aujourd’hui.
Le Mali joue donc à fond la carte de la coopération avec la Russie aussi bien dans le domaine militaire que dans le cadre du commerce des biens de consommation. Et la Russie semble bien décidée à poursuivre l’extension de sa sphère d’influence en proposant des solutions novatrices à même de satisfaire un pays à la recherche de voies de sortie d’une crise qui le mine depuis une décennie.
Envoyé spécial
B. TOURÉ
Brehima TOURE
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