Attaque du bateau Tombouctou : Deux ans après, des souvenirs toujours vifs

Cette attaque lâche et barbare d’une rare violence contre le bateau Tombouctou restera dans les esprits. Les rescapés de ce drame estiment être oubliés par l’État

Publié lundi 08 septembre 2025 à 07:35
Attaque du bateau Tombouctou : Deux ans après, des souvenirs toujours vifs

Le bateau Tombouctou avant sa destruction par les terroristes

La matinée du 7 septembre 2023 restera gravée à jamais dans la mémoire des habitants de la bande du fleuve, dans les communes de Banikane et Rharous, situées dans le Cercle de Gourma Rharous. Ce jour là, de nombreuses personnes (civils et militaires) ont trouvé la mort dans un gigantesque brasier provoqué par une attaque d'une rare violence contre le bateau Tombouctou de la Compagnie malienne de navigation fluviale (Comanaf) qui effectue la liaison Koulikoro-Gao.

 Cette attaque lâche et barbare, revendiquée plus tard par les forces du mal (terroristes), a fortement marqué l'esprit des habitants des deux communes. C'est dans la première que le drame s'est produit, et la deuxième a servi de lieu de regroupement des rescapés. Le souvenir de l'attaque reste toujours vivace dans les esprits et les gens continuent de le narrer.

Du bateau Tombouctou, il ne reste plus aujourd'hui qu’un tas de ferraille. Mystérieusement, quand on arrive dans les parages de l'île de Chambou où le drame a eu lieu, même le temps semble s’arrêter. Le lieu est couvert par une chape de silence. Dans sa solitude et sa nudité, ce qui fut le bateau Tombouctou n'est plus qu'une géante structure de métal calciné, ouverte aux quatre vents et qui tangue au gré des vagues. De loin, il semble narguer le temps par sa stature de géant du fleuve et aussi les sanguinaires, auteurs de ce drame.

De près, il présente aux passants, ses plaies béantes, comme pour leur dire d'aller témoigner. Le sinistre et lugubre spectacle offert, là, frise l'extrême limite de la cruauté humaine. Aucune âme sensible ne peut regarder, un instant, cette scène qui pue la mort, sans détourner le regard. Des tombes dans le silence d'une île... Oui c’est bien cette triste réalité.

 UN LIEU DE RECUEILLEMENT- L'île de Chambou, dans la Commune de Banikane, est le lieu en face duquel le drame s'est produit. C'est sur cette île que toutes les victimes civiles et militaires, majoritairement des femmes, des enfants et des nourrissons, ont été enterrées. Le spectacle de nombreuses tombes alignées, donne aux visiteurs, le sentiment d'être hors du temps. Un silence à couper au couteau couvre le lieu.

Depuis le drame, l'île est devenue un lieu de recueillement pour de nombreux parents e
t proches des victimes qui viennent faire régulièrement des bénédictions aux leurs et entretenir les tombes. Toutes les populations de cette zone pensent que l'État doit ériger un symbole en ces lieux, pour honorer la mémoire des victimes, mais aussi exhiber aux yeux du monde entier, la cruauté des barbares obscurantistes.

 Les rescapés ont-ils été oubliés ? Unanimement, tous les rescapés de l'attaque du bateau "Tombouctou" semblent croire qu'ils ont été oubliés par l'État. A.T en est un. Vêtu d'une culotte en kaki qui lui arrive à mi-mollets et d'un t-shirt bleu délavé, le regard vague, il est assis sous un hangar au marché, devant un étal de patates douces et de divers condiments, dans l'attente d'un hypothétique client. Depuis le drame auquel A.T a échappé, ce petit commerce qu'il exerce, avec un maigre bénéfice, est le seul moyen qui lui permet de nourrir les nombreuses bouches à sa charge. Commerçant prospère, autrefois, il est réduit aujourd'hui à prendre à crédit les produits qu'il vend pour juste "faire bouillir la marmite".

Cependant, le sujet sur lequel A.T reste intarissable est l'oubli dont, dit-il, les rescapés pensent être l’objet de la part de l'État.   "Nous sommes des victimes de guerre et à cet égard, le pays ne doit pas nous oublier. Certains rescapés ont perdu tout ce qu'ils ont gagné, pendant des années de dur labeur. Imaginez aussi, ces petits enfants qui sont devenus des orphelins d'un parent ou des deux, suite au drame. N'ont-ils pas le droit d'être pris en charge par l'État, en qualité de pupilles de la République ?", s’interroge A.T qui baisse le regard et tombe dans un mutisme total.

Approché dans un "grin" de jeunes pour connaître son sentiment, en ce deuxième anniversaire du drame, A.D, fils d'une victime très connue, garde encore à l'esprit, le souvenir vivace de cette journée noire. "J'en fais encore des cauchemars, la nuit. À chaque heure du jour et de la nuit, l'image de mon père est là, sous mes yeux et je l'imagine en train de se de débattre dans les flammes...non, c'est insupportable !". Il prononce ces mots dans un cri et un sanglot s'étouffe dans sa gorge.

S.M est membre du bureau communal de Rharous et chargé de coordonner la prise en charge des rescapés à l'époque du drame : "la prise en charge des rescapés par l'État est une nécessité au regard des drames familiales, psychologiques et économiques causés par cette tragédie". L'édile ajoute  "au-delà de la douleur des rescapés et des familles des victimes, ce sont toutes les populations du nord qui pâtissent de ce drame, car les bateaux constituent une véritable passerelle économique et sociale entre le sud et le nord".

L'attaque du bateau Tombouctou restera écrite en lettres de feu dans les annales de l'histoire du Mali et pour l'éternité. Elle est l'expression flagrante de l'agression dont toute une nation est victime, sous l'œil impassible de la communauté internationale.

Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous

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