Sur 246 boulangeries ayant fournies des informations sur leurs sources d’énergie aux enquêteurs, 184 soit 74,8% utilisent exclusivement du bois
Plus
de 74% des boulangeries enquêtées en 2015 utilisent le bois comme source
d’énergie. Toute chose qui peut, à court ou moyen terme, avoir des conséquences
désastreuses sur nos formations forestières en termes de dégradation du couvert
végétal. Selon le Système d’information forestier (Sifor), la superficie
forestière de notre pays en 2022 est estimée à 37.741.210 hectares soit 30% du
territoire national. Parmi les plus grands consommateurs de bois, figurent les
boulangeries dont le nombre connaît une croissance exponentielle. Le
prélèvement de bois énergie pour l’approvisionnement de ces boulangeries
s’accroit, ces dernières années, à un rythme assez inquiétant.
L’étude
sur la problématique de l’utilisation du bois comme source d’énergie par les boulangeries
au Mali publié en 2015, révèle qu’entre 2010 et 2016, le nombre de nouvelles
boulangeries dans notre pays a explosé, passant de 180 à 313, soit une
augmentation de 180 unités en 6 ans. Les mêmes enquêtes ont montré que sur les
246 boulangeries ayant fourni des informations sur leurs sources d’énergie aux
enquêteurs 184, soit 74,8% utilisent exclusivement du bois contre 36 soit
14,63% pour le mixte (bois et électricité) et seulement 13 utilisent le gasoil.
Par ailleurs, sur les 246 unités enquêtées, une seule boulangerie fonctionne au
gaz butane.
Cette
prolifération, selon l’avis de plusieurs promoteurs qui ont requis l’anonymat,
est imputable au coût préférentiel du bois de chauffe par rapport aux autres
sources d’énergie. Ce coût dérisoire du bois fait que les équipements de
certaines boulangeries conçues pour fonctionner avec l’électricité, le gasoil
ou le gaz butane sont remodelés unilatéralement pour recourir au bois. Alors
que pour canaliser et garantir la durabilité des forêts, la loi n°10-028 de
2010 stipule que l’exploitation du bois dans le domaine forestier de l’État est
subordonnée à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un plan d’aménagement de la
partie concernée.
Pour
le coordinateur du projet Alliance globale contre le changement climatique au
Mali (AGCC-Mali phase 2), le Mali dispose d’un statut de pays puits,
c’est-à-dire que ses émissions de gaz à effet de serre sont inférieures à
l’absorption de ses formations végétales. Ainsi, prévient Soumana Fofana, «si
on ne change pas d’ici l’horizon 2030 d’approche et de mode de consommation,
tout en assurant la promotion d’alternative au bois comme source d’énergie
domestique, il va de soi que nous allons perdre ce statut de pays puits et
migrer dans le statut des pays émetteurs de gaz à effet de serre». En d’autres
termes, nos émissions risquent de dépasser les capacités d’absorption de gaz à
effet de serre de nos formations végétales alors que la pression sur nos
ressources forestières est estimée dans l’ordre de 100.000 à 400.000 hectares
par an.
Aujourd’hui,
indique-t-il, près de 75 % de boulangeries ne fonctionnent que sur du bois
énergie et ainsi par jour, une boulangerie peut consommer un voyage de
charrette qu’on estime environ à 1 ou 1,5 stère par jour. «À travers cette
consommation, on peut aisément comprendre la pression de l’exploitation du bois
pour satisfaire ces boulangeries. Faisant référence à l’effort de reboisement
au cours de ces 20 dernières années, la moyenne annuelle ne dépasse pas une
moyenne de 20.000 à 35.000 hectares.
Pour dire que ce que nous prélevons
dépasse de loin ce que nous faisons en matière d’investissement pour
améliorer la couverture forestière
nationale», déplore le coordinateur. Et de poursuivre qu’à un horizon très
proche, les ressources forestières vont beaucoup diminuer, ce qui va contribuer
à accélérer le changement climatique alors que notre pays a signé et ratifié la
convention cadre des Nations unies sur le changement climatique en 1994 en vue
de contribuer à l’effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de
serre. Dans le cadre de la mise en œuvre de la Contribution déterminée au
niveau national (CDN révisée) pour le secteur forêt et changement d’affectation
des terres, l’ambition de notre pays en matière de réduction de gaz à effet de
serre est passée de 21% à 39%.
Soumana Fofana présuppose que pour répondre à cette ambition au plan international d’ici l’horizon 2030, le pays doit entreprendre des actions au niveau national pour réduire la dégradation des forêts et la déforestation. Et pour cela, il faudra cibler les causes de la déforestation, agir sur ces causes et promouvoir le reboisement intensif. Les études réalisées notamment en 2015 contribuent à faire une alerte et à informer les décideurs en vue de réfléchir sur une stratégie de sortie progressive du bois comme source d’énergie, non seulement des boulangeries, mais aussi des ménages et autres sources de consommation du bois comme les huileries, dibiteries, savonneries…
Équipements
Économes- Concernant les boulangeries, Soumana Fofana pense qu’il faut une
solution idoine et à court terme pour opérer un changement, et cette solution
passe par la mise en place d’alternative au bois. Des alternative et
initiatives, ils n’en manquent pas. Il suffit de les mettre en œuvre. Le coordinateur
du projet AGCC préconise la promotion des équipements économes en énergie et le
bio-digesteur en milieu urbain et rural. D’ailleurs, l’Amader s’y attèle. Elle
est en train de prendre beaucoup de dispositions allant dans ce sens. Autre
alternative non moins importante est la transformation des ordures et des
déchets agricoles en briquettes. À titre d’exemple, on peut citer l’initiative
du groupe Yirimex qui a développé des briquettes combustibles à base des
déchets agricoles.
Selon
Fofana, ces initiatives peuvent être identifiées et appuyées pour leur
installation dans l’optique de jouer contre la déforestation. Elles pourront
participer à la réduction des pressions sur nos ressources forestières. Notre
interlocuteur suggère l’élaboration d’une stratégie de sortie du bois comme
source d’énergie domestique pour garantir la durabilité de nos forêts. Une
stratégie qui, indique-t-il, pourra être élaborée conjointement par la
direction nationale de l’énergie et la direction générale des eaux et forêts qui
a en charge la gestion des ressources forestières.
Il estime que le problème
d’énergie est un problème crucial au plan national et international auquel
«nous sommes tous confrontés parce qu’on ne peut amorcer le développement sans
énergie». Aussi, faut-il des efforts en matière de reboisement intensif pour
couvrir les besoins en bois et garantir le maintien de notre capital productif
afin que le pays puisse sauvegarder sont statut de pays puits carbone.
Aux
dires du secrétaire générale du Syndicat national des boulangers du Mali,
Mamadou Lamine Haïdara, des études ont déjà été effectuées par le passé par le
ministère de l’Environnement en collaboration avec le syndicat. Lesquelles
études ont prouvé que 75% de la consommation du bois de la ville de Bamako sont
destinés à pourvoir surtout des boulangeries. Le syndicaliste reconnaît que
chacun des boulangers est conscient de l’impact négatif de l’exploitation du
bois sur notre écosystème. Des activités de sensibilisation, dit-il, ont été
faites dans la dynamique de l’arrêt de la consommation du bois par les
boulangeries. Il a été dit clairement qu’il faut arrêter la consommation du
bois et des instructions fermes avaient été données par le département en
charge de l’Environnement.
Mais
le problème persiste. «Le boulanger opte pour le bois parce qu’il pense que ça
lui fait moins de dépense, car le bois coûte moins cher que le gaz», soutient
Mamadou Lamine Haïdara. Pour lui, il est nécessaire de relancer les activités
de sensibilisation des boulangers, car «on ne peut pas continuer à couper le
bois alors que la politique d’amélioration de la couverture forestière est en
cours dans les pays en développement». Aussi, ajoute-t-il qu’il faut que les
acteurs mettent la problématique au centre des préoccupations pour enfin
limiter ses effets sur l’écosystème. «On l’a dit et redit depuis plus de 10
ans, qu’il faut arrêter mais rien n’a changé», regrette le syndicaliste.
Le
ministère en charge de l’Environnement avait organisé des brigades pour
surveiller et contrôler les camions qui venaient avec les chargements de bois.
Et à un moment donné, le bois est devenu de plus cher. «Toute chose qui pouvait
inquiéter beaucoup de boulangers qui, du coup, allaient changer le bois en
gasoil», analyse Mamadou Haïdara. Il exhorte les acteurs à réfléchir sur les
mesures d’accompagnement permettant aux boulangeries de se tourner vers
d’autres sources d’énergie pour le fonctionnement de leurs unités.
Pour Mohamed Diarra, promoteur de boulangerie à Bamako-coura, le problème est réel et inquiétant. Les boulangeries consomment beaucoup plus de bois que n’importe quel autre consommateur. Pour lui, il faut vite trouver une solution et pour cela, l’État doit aider les boulangeries en subventionnant les sources d’énergie notamment le gaz butane. «Un boulanger ne peut se permettre d’utiliser le gasoil ni le gaz butane comme source d’énergie dans la fabrication du pain, car c’est très cher. Le bois nous revient moins cher et nous permet de faire des bénéfices», avoue Mohamed Diarra, avant de demander aux autorités de leur proposer une alternative moins coûteuse.
Anne Marie KEITA
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