Les matières premières existent à foison pour la production du combustible vert
La
récente descente du ministre de l’Assainissement, de l’Environnement et du
Développement durable dans la forêt classée de la Faya, dans la localité de
Kasséla, a mis à nu l’ampleur d’un drame : l’abattage sauvage des arbres, cause
évidente de la désertification du pays. Cette action coup de poing du ministre
requiert questionnement et interpellation. Volontariste et salutaire, elle
semble cependant utopique face au degré d’ancrage du fléau. Le caractère vital
du bois énergie justifié par sa forte demande en perpétuelle croissance est tel
que l’ardeur des populations dont la vie et la survie en dépendent, est loin de
s’émousser.
De
probables complicités à des niveaux insoupçonnés rendront ardue la mission du
ministre et de tous ses collaborateurs. Les exploitants trouveront toujours une
parade pour continuer leur activité qui leur semble normale puisque légitimée
au bout de la chaîne de distribution par les citoyens consommateurs que nous
sommes. Les trois principaux repas quotidiens, la savoureuse viande grillée
(dibi sogo) et le rituel thé infusé nous rendent tous insouciants de la
provenance du bois ayant servi à leur cuisson. Les mini-collines de bois
entassés devant les boulangeries pour la production de l’importantissime pain
n’émeuvent personnes.
Si l’argent n’a pas d’odeur, il en est de même pour le bois coupé illégalement. La monotonie des activités génératrices de revenus notamment dans les zones rurales, l’extrême pauvreté des acteurs, la vacuité des forêts non classées, le manque au Mali d’alternative au combustible fossile, la perte de la subvention dont bénéficiait le gaz qui servait tant bien que mal d’appoint à la consommation excessive du bois de chauffe sont, entre autres, des facteurs qui offrent et continueront à offrir un lendemain meilleur à la surexploitation de nos forêts classées et non classées.
ÉNERGIES
SUBSTITUTIVES- Aucune campagne de sensibilisation et d’information, aucune
mesure dissuasive, ne seront suffisamment fortes ou pertinentes pour faire
cesser la pratique. La seule réponse à cette épineuse et récurrente question
relative au drame du déboisement de notre pays se trouve sans nul doute dans
l’impérieuse et l’urgente mise à disposition de la population d’autres sources
d’énergies substitutives au bois dont l’usage est d’ailleurs suranné. La
survivance de ce matériau est en déphasage avec les exigences de la vie moderne
et va à contre-courant du progrès scientifique et technologique.
L’une des
singularités de ce progrès réside justement dans le fait qu’un bien de
consommation ou un procédé utilisé dans la vie de tous les jours à une époque
donnée est systématiquement remplacé par un autre bien ou un autre procédé jugé
plus commode et plus efficace. En effet, l’usager, dans le souci légitime et
constant de gagner du temps, de faire mieux et de se donner une satisfaction
morale, s’approprie machinalement les avantages que lui offre une nouvelle
invention. Deux exemples en guise d’illustration.
Premièrement,
le domaine du transport individuel. Aujourd’hui, la marque de moto KTM
communément appelée «Jakarta», de par sa puissance et son aspect esthétique, a
littéralement supplanté toutes les autres marques de moto. Avant elle, d’autres
motos notamment les petites cylindrées (CT, BBRS, Cameco, Piaggio, etc.) ont,
jadis, fait le bonheur de la population.
Aujourd’hui, leur place se trouve dans les
musées. Et deuxièmement, le domaine des technologies de l’information et de la
communication (TIC). C’est dans ce secteur que l’on constate le plus grand
bouleversement dans nos habitudes. De nos jours, toutes les catégories
socioprofessionnelles disposent d’un téléphone mobile. On constate une réelle
démocratisation des différents outils des TIC pour le plus grand plaisir du
consommateur : internet, transfert de sons, d’images et d’argent, paiement
mobile, etc.
Paradoxalement,
à cette règle non écrite qui veut qu’une innovation chasse une autre, on
constate une inertie par rapport à la satisfaction du besoin très fondamental
lié à la cuisson de nos aliments. Alors, question : qu’avons-nous encore à
faire avec le bois et de son dérivé qu’est le charbon en 2024 ? Son usage est
démodé au même titre que les marques de moto citées plus haut, au même titre
que l’envoi d’une lettre via la poste, au même titre que l’archaïque et
l’improductive daba qui fait fuir les jeunes paysans des campagnes.
Oui, il est temps qu’on arrête purement et simplement la consommation du bois. L’alternative que nous offrent les énergies dites renouvelables (solaire, éolienne), les bio charbons et le bioéthanol nous exhorte à changer de procédé.
C’est un
truisme de dire que notre pays est fortement ensoleillé. Nous n’avons rien à
inventer. Il nous suffit de combler un besoin existant par un système qui
existe depuis… 1839 (source Google : énergie solaire.) Rien ne nous empêche de
créer des unités de fabrique de panneaux solaires.
Quid de cet équipement solaire conçu pour la cuisson par des femmes ingénieurs du Mali, il y a de cela plusieurs années ? Le soleil béninois qui brille moins que le nôtre est depuis 2011 judicieusement exploité par les ménages à travers un foyer de cuisson écologique à énergie renouvelable appelé Atingan Solution. Inventé par trois jeunes ingénieurs, l’appareil fonctionne avec les coques de noix de palme carbonisées ventilées par la force de l’énergie solaire.
COUP
DOUBLE- Les matières premières existent à foison pour la production du
combustible vert. Le Rwanda en produit à partir d’ordures ménagères dont la
gestion représente aujourd’hui un vrai casse-tête pour notre Mali. Un coup
double à jouer. De nos jours, les cabosses vides de cacao dont la Côte d’Ivoire
est la première productrice mondiale ne sont plus des résidus rejetés.
Carbonisées, elles servent de combustible bon marché pour les ménages
ivoiriens. La politique du clean cooking (cuisine propre) a permis au Kenya
d’offrir à sa population un combustible liquide, le bioéthanol dont l’usage est
facilité par une cuisinière adaptée : Koko cooker.
L’Amader
(l’Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et de
l’électrification rurale) après plus de deux décennies d’existence, tarde à
emboîter le pas kenyan alors qu’elle a développé la même politique et nourrit
la même ambition. Son élan contraste malheureusement avec son homologue Koko
networks (www.kokonetworks.com) qui, en 5 ans d’activités, contribue
significativement à l’industrialisation du Kenya.
Au Mali, outre les ordures ménagères, nous avons une quantité abondante de déchets agricoles dans les campagnes comme les coques d’arachide, de noix de cajou, de cocos, les épis de maïs, les tiges de coton, le son de riz, les tourteaux d’amande de karité dont nous sommes un gros producteur (2è après le Nigeria). Les graines de notre zabban qui ont une certaine consistance peuvent faire l’objet d’une étude en vue d’en faire du combustible vert.
Notre
volonté ferme à construire le Mali nouveau (Mali Kura) nous commande de mettre
impérativement sur le marché le nouveau charbon écologique (Mali Kura charbon)
pour la régénérescence de nos forêts.
Il s’agira non pas, de créer de petites unités artisanales de production
du bio charbon mais de très grosses unités comme il en existe sous d’autres
cieux avec des équipements ultra modernes capables de produire plusieurs
milliers de tonnes en un temps record pour l’approvisionnement constant du
marché national. Implantée dans chaque capitale régionale, l’initiative aura le
mérite d’orienter de milliers de jeunes désœuvrés vers une activité saine et
rentable : les contrebandiers actuels, les diplômés ou non diplômés, les
potentiels jeunes terroristes ou les candidats à l’immigration clandestine, etc.
En amont,
l’ouverture d’une filière d’étude relative au secteur dans nos écoles
professionnelles vaudra son pesant d’or. Elle contribuera à absorber une
portion importante de la pléthore
d’élèves et étudiants et formera la ressource humaine qualifiée. Vivement le
Mali Kura souverain revêtu dans sa belle et resplendissante robe verte.
Tidiani Hassimi
Soumbounou
Militant écologique
Rédaction Lessor
Ces irrégularités relayées dans le dernier rapport du Vérificateur général, couvrent la période de 2020 à 2022. Elles sont axées sur des manquements liés à la liquidation des feuilles de soins ainsi que le recouvrement des cotisations de l’Assurance maladie obligatoire (Amo) par la Cais.
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Dans le cadre de sa mission de supervision des projets qu’il appuie, le Fond international de développement agricole (Fida) a rencontré, vendredi dernier, au département en charge de l’Entrepreneuriat national, les acteurs de la deuxième phase du Projet insertion économique des jeunes rurau.