Retour en grâce du tissu artisanal : Artisans et revendeurs se frottent les mains

Le commerce des tissus confectionnés par les artisans, notamment les tisserands, prospère. Les autorités en font la promotion pour davantage valoriser le savoir-faire malien

Publié mercredi 05 avril 2023 à 05:44
Retour en grâce du tissu artisanal : Artisans et revendeurs se frottent les mains

 Le prix du tissu varie, selon le motif, entre 5.000 Fcfa et 15.000 Fcfa le mètre

 

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur un constat : il y a un regain d’intérêt pour le tissu artisanal ou «dalifini» et tissus apparentés. Nos aïeux se drapaient de ce tissu artisanal confectionné à l’aide de fil de coton par les tisserands lors de cérémonies sociales. Souvent, on y revêtait l’intérieur des chambres. Pour les aînés, c’était une question de survivance culturelle, mais aussi de préservation de notre patrimoine culturel. De nombreuses sources expliquent que le tissu artisanal provient des Régions de Ségou, Koutiala, Sikasso, mais aussi de la capitale.

Le retour en grâce du tissu artisanal, impulsé par les autorités de la Transition, notamment le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, est un bon business pour les revendeurs de ces tissus. Ceux-ci se frottent les mains puisque les clients se bousculent à leurs portillons. La promotion du tissu artisanal participe de la volonté des autorités de promouvoir le Made in Mali, autrement dit booster l’artisanat malien, donc nos produits locaux.

Depuis quelques années, certains compatriotes exprimaient le désir de voir entreprises des actions de valorisation de ce tissu. Analyses croisées d’artisans et consommateurs sur la question. Almami Sangho, chef d’atelier de tissage à Médina Coura, confirme le retour en grâce du tissu artisanal. Il explique que son atelier croule présentement sous les commandes de la clientèle. Pour ce tisserand, c’est une niche. Almami Sangho se souvient aussi que dans un passé récent, ce tissu n’avait plus la cote. Les artisans qui en fabriquaient se retrouvaient confrontés à la mévente. Il admet volontiers que les autorités actuelles de la Transition y sont pour beaucoup dans l’engouement suscité par le pagne tissé.

Pour notre interlocuteur, il ne fait l’ombre d’aucun doute que ce business relance le consommer malien, avant de témoigner de sa gratitude aux autorités pour l’impulsion, mais aussi pour toutes les initiatives de soutien du secteur économique aussi bien pour le secteur industriel, les petites et moyennes industries (PMI) que le secteur informel où, on retrouve les artisans, y compris les tisserands. «Au-delà des efforts, il y a une rupture de fil de tissage. Il faut trouver une  solution à ce casse-tête», préconise-t-il.

 

UN SAVOIR-FAIRE ANCESTRAL- En outre, Almami Sangho pense que la fermeture de l’usine de la Compagnie malienne de textile (Comatex) a lourdement pesé sur l’approvisionnement en fil de coton, donc sur le secteur. Il souligne également que ces tissus sont conçus à partir d’un savoir-faire ancestral. Ce travail minutieux justifie amplement sa cherté. Par ailleurs, le responsable de l’atelier préconise une remise en service des usines de production de fil de tissage de « dalifini » et invite les autorités de la Transition à s’inscrire dans cette démarche.

Adama Batilly est revendeur de « dalifini » au Grand marché de Bamako. Selon lui, le retour au premier plan ou presque de la mode vestimentaire dans notre pays, en tout cas chez les membres du gouvernement, directeurs de services et autres chefs de services, s’explique par une révolution de la conscientisation du peuple africain en général et celui du Mali en particulier pour revenir sur les traces de nos ancêtres. Mais aussi promouvoir nos produits. Il précise que le commerce de ce tissu prospère surtout à l’approche de l’Aid-el fitr ou fête de ramadan. Le commerçant suscite le même intérêt pendant la Tabaski et beaucoup en achètent aussi lors des mariages et baptêmes.

Selon Adama Batilly, les femmes représentent une bonne partie de la clientèle. Le prix du tissu varie selon le motif entre 5.000 Fcfa et 15.000 Fcfa le mètre. Ce qui n’est pas forcément accessible pour le Malien moyen qui subit de plein fouet le contre coup d’une crise économique.

Dans la boutique «Diarra et Frères», spécialisée dans la vente des tissus wax et basins à Kalaban coura, le promoteur Amadou Diarra se reconvertit souvent revendeur de « dalifini », parce que ce tissu est bien prisé présentement. Il explique s’essayer à ce commerce à la suite d’une forte sollicitation de la clientèle. Il fut une première expérience porteuse.

Mariam Konaté est couturière à Daoudabougou. Cette jeune dame de teint clair et de grande taille, était visiblement débordée. Dans son atelier,  elles et les siennes (quatre autres femmes) étaient en train de coudre des pagnes tissés de toutes sortes. Pour elle, l’idée est de promouvoir l’entreprenariat féminin, mais surtout être autonome économiquement. Elle-même aujourd’hui a fini par monter une petite entreprise de vente de ce tissu. On y trouve des designs intéressants et modernes. Ceux-ci sont confectionnés par les industriels, mais à partir du travail de base des tisserands.

La griotte Korotoum Diabaté estime que le port de ce tissu est important à plus d’un titre. Pour elle, nos ancêtres utilisaient ce tissu artisanal pour conjurer le malheur. Pour eux, son utilisation servait à protéger la femme en général et la nouvelle mariée en particulier du mauvais sort. Et de rappeler que jusqu’aujourd’hui, le trousseau de mariage d’une jeune fille ne peut être complet sans ce tissu artisanal « dalifini ». Selon elle, c’est une question de survivance culturelle parce que c’est fortement ancré dans nos us, coutumes et traditions. La griotte est férue de ce tissu. « C’est une fierté d’en porter pour la promotion de nos produits locaux », dit-elle.

Issa Toungara qui développe une addiction à ce tissu partage le même avis. Il déclare avoir été inspiré par les membres du gouvernement de Transition qui le portent désormais pendant le conseil des ministres au palais de Kououla.

D’autres compatriotes ont une préférence pour le tissu artisanal. Ils trouvent simplement que ça restitue le savoir-faire de nos artisans, notamment les tisserands qui sont longtemps restés les parents pauvres du secteur artisanal dans notre pays.


Amsatou Oumou TRAORE

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Semoirs, charrues de labour, pièces de rechange des tracteurs sont fabriqués par nos artisans. La plupart de ces équipements sont vendus dans les zones de production comme Kita, Sikasso, Bougouni ou Koutiala. Certains fabricants arrivent aussi à écouler leurs produits dans des pays voisins.

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