Flambée des prix des condiments : C’est très dur pour les ménagères

Chou, tomate, piment, courge, aubergine, gombo frais, céleris et persils, poivron, viande, volaille, presque tout est cher en période de soudure. Une situation délicate qui coupe le sommeil à nombre de femmes au foyer

Publié mercredi 10 septembre 2025 à 12:58
Flambée des prix des condiments : C’est très dur pour les ménagères

Chez Adja, on trouve de la tomate concentrée, du soumbala, de la poudre  de poivre, de la poudre de gombo, de l’ail, du laurier, de l’huile, de l’oignon sec

Jeudi 4 septembre 2025, il est presque 6 heures du matin. Une fine pluie arrose le quartier Samanko II, dans la Commune du Mandé. Celle qu’on surnomme FC est la première personne à se réveiller dans la famille Touré. «Je fais ma toilette, ma prière de l’aube et direction à la cuisine pour préparer le petit-déjeuner», confie-t-elle.

En principe, une demie heure suffit pour préparer la bouillie. Mais, comme on le sait : pendant la saison de pluies, les fagots de bois sont très souvent humides. FC doit donc surmonter cette difficulté. Au bout de gros efforts physiques, elle arrive à allumer le feu. L’avalanche de fumée qui s’en est suivie, a provoqué chez notre cuisinière un écoulement nasal et des larmoiements. Une heure après, la bouillie est prête et servie aux membres de la famille.

Quelques temps plus tard, FC prend sa douche pour ne plus sentir la fumée avant de se rendre au marché du quartier. Elle enfile une belle robe, chausse des ballerines, avant de prendre le chemin du marché avec sa petite sœur Aïda, âgée de 14 ans.

Il était déjà 8 h et un quart, le marché «Sougoudjan», en français (le marché éloigné ou au lointain) est bondé. Au rythme de tam-tam, des vendeurs de friperies chantent et dansent pour accrocher les clients. Des scènes qu’on a l’habitude de voir au Grand marché de Bamako (Suguba). Les cris des vendeurs ambulants submergent les lieux, en cette période de vacances. Plusieurs enfants aident leurs parents commerçants en tenant des plateaux en équilibre sur leur tête, parcourant les coins et recoins du marché, afin d’écouler leurs marchandises.

Panier à la main, FC a 4.000 Fcfa comme prix de condiment, pour une famille de douze personnes, sans compter les imprévus. Elle compte acheter des condiments pour la sauce d’oignons à la viande, communément appelé en bambara (nandji sogoma). D’abord, FC arrive chez le vendeur de viande Yakou où le prix du kilogramme de viande, avec os, est notoirement connu de tout le monde : 3.500 Fcfa. Il lui sert un demi kilo et pour 500 Fcfa à part, en tout 2.250 Fcfa.

Un peu plus loin, elle se dirigea chez la vendeuse d’oignons. «Combien fait le kilo ?», demande FC. «C’est 550 Fcfa pour les plus petits et 600 Fcfa pour les gros», répond la vendeuse. S’en suit un vrai marchandage. «Chère belle maman, réduisez un peu le prix, s’il vous plaît. J’ai besoin d’un kilo de gros oignons», supplie FC. Après d’âpres négociations, la vendeuse Aïssatou accepte de lui céder l’oignon à 550 Fcfa. Satisfaites de leur achat, FC et sa sœur se dirigent vers les vendeuses de légumes frais.

À la maison, il faut absolument quelques légumes dans la sauce car les convives en raffolent, excepté l’aubergine africaine. Une longue file est formée devant l’étable de la vendeuse Maïmouna aidée par ses filles. Elle est la meilleure du marché et connue pour la qualité de ses légumes et, aussi, leurs prix abordables. Après quelques bousculades, on arrive à se frayer une place. La table est remplie de toutes sortes et de toutes les couleurs de légumes. La vendeuse nous remet une assiette où mettre les condiments.

Du chou, de la tomate, du piment, de la courge, de l’aubergine, du gombo frais, des céleris et persils, du poivron, etc. «Le tout nous a couté 1.000 Fcfa. Ce n’est pas encore fini. Il nous reste les condiments secs. Là, également, on se fait une place chez Adja qui semble être la moins chère du marché.

Ici, on achète de la tomate concentrée à raison de 350 Fcfa, du soumbala, de la poudre de poivre, du poisson sec, des épices d’assaisonnement, de la poudre de gombo, de l’ail, du laurier, de l’huile, de l’oignon sec. Cela m’a couté une somme de 1.200 Fcfa. Et de 4.000 Fcfa, je suis à 5.000 Fcfa, sans surprise et sans le prix du charbon pour la cuisson de la sauce ainsi que le bois pour préparer le riz. Ceux qui sont à la maison sont tous humides», explique celle qui travaille dans un service public.

De retour à la maison, il est déjà 10 heures passées de quelques minutes. FC se change et court vite pour acheter du charbon et du bois avant de commencer à cuisiner. «Malheureusement, la chance n’est pas de mon côté ce jour. Que faire ! Le chef de famille a fixé son prix de condiments et il n’est pas prêt à ajouter 1 Franc. C’est la maman qui me donne 500 Fcfa pour acheter du charbon de bois. Elle me demande de me débrouiller avec ça», raconte FC.

Souvent, il arrive que la nourriture de notre interlocutrice soit boudée par les membres de la famille. «Bien évidemment, la sauce ne peut être agréable à manger, car l’argent qu’elle a perçu n’est pas assez pour faire de la bonne sauce», argumente sa maman en guise d’encouragement et de soulagement. Faut-il alors lancer un appel aux chefs de famille, afin qu’ils sachent les difficultés que vivent les ménagères pour les satisfaire ? S’ils se décidaient à augmenter le budget de  la popote en période de soudure, les femmes auraient moins de peine à leur cuisiner de plats savoureux.

 

*************


Et pourtant Mme Touré Fatoumata Doucouré s’en sort bien

Pour ne plus faire face à cette situation déplorable, Mme Touré Fatoumata Doucouré fait son marché une fois par mois. Cette dame nouvellement mariée, nonobstant qu’elle soit salariée dans une structure privée, achète ses condiments du mois en gros au marché du «Wonida», ainsi qu’au marché appelé «Niono place» pour plus économiser. Ayant la maîtrise du marché bien avant qu’elle ne soit mariée, la jeune dame a eu l’idée de garder ses légumes frais dans un frigo et les secs dans des bouteilles pour ne pas arriver en retard au boulot.

«Ma mère étant secrétaire de bureau. Elle a toujours évolué ainsi et j’essaie de faire comme elle. Avant que mon mari ne me donne le prix de condiment du mois, je prends cet argent dans le salaire que je perçois d’ici la réaction de mon mari et pour le moment, tout marche très bien», même là, c’est pénible avec tout ce qu’on ajoute à l’argent, mais c’est encore abordable quand on paie en gros», poursuit-elle. Pour ses achats du mois, notre interlocutrice dit débourser plus de 60.000 Fcfa alors qu’elle ne perçoit que cette somme de son mari.

Quant à Kadja, mère de quatre enfants mariée dans une grande famille, achète ses condiments au marché de Yirimadio qu’elle trouve abordable. Avec cinq épouses, des frères de son mari, chacune d’entre elles prépare à tour de rôle, à savoir deux jours successifs. Ainsi, pendant ses jours de repos, elle prend l’argent de son commerce pour faire son marché de ses deux jours de cuisine. «Je trouve ce système économique que de partir faire le marché chaque jour et débourser plus qu’on n’en revienne», précise-t-elle.

Fadi CISSE

Lire aussi : Passeports biométriques : Reprise officielle de la délivrance ce lundi

La production et la délivrance des passeports biométriques sécurisés, appelés « e-passeports AES », ont repris ce lundi 27 octobre 2025, a annoncé le secrétaire général du ministère de la Sécurité et de la Protection civile, Oumar Sogoba, dans un communiqué rendu public ce jour..

Lire aussi : Attaque contre le convoi de carburant à Kolondiéba : Des groupes terroristes frappés par les FAMa

Dans leur mission de surveillance du territoire et sur la base de renseignements précis, les Forces armées maliennes (FAMa) ont mené ce dimanche 26 octobre des frappes sur des groupes armés terroristes en préparation d'une attaque contre le convoi de carburant à Kolondiéba, Région de Bougoun.

Lire aussi : Condamnation de Moussa Mara : La défense entend interjetter appel

Après la condamnation de son client à une peine de 2 ans d'emprisonnement assortis d'une amende de 500 000 F cfa, l’avocat de Moussa Mara a laissé entendre que la défense interjètera appel dès aujourd'hui.

Lire aussi : Octobre rose : La sensibilisation contre le cancer à travers le sport

Le ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l'Instruction civique et de la Construction Citoyenne a organisé, vendredi dernier au stade Mamadou Konaté, une séance de fitness “Octobre Rose” pour sensibiliser sur le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus..

Lire aussi : Médecine militaire : un autre outil de coopération au service du peuple sahélien

Médecine militaire : un autre outil de coopération au service du peuple sahélien.

Lire aussi : Relance de l’Agence nationale de presse : Trois jours pour repositionner un outil de souveraineté informationnelle

Du 27 au 29 octobre 2025, le Centre international de conférences de Bamako (CICB) accueille les Journées de Relance de l’Agence nationale de presse du Mali. Trois jours de réflexion stratégique pour refonder un pilier de l’information publique, à l’heure des bouleversements numériques, d.

Les articles de l'auteur

Consommer local : Des acteurs préconisent l’industrialisation

La consommation et la valorisation de nos produits locaux étaient, jeudi dernier, au centre d’un panel organisé par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim) sur le thème : «De 2019 à nos jours : bilan, défis et perspectives»..

Par Fadi CISSE


Publié lundi 20 octobre 2025 à 13:10

Spéculation autour des hydrocarbures : Le ministre chargé du commerce appelle à l’esprit de responsabilité et de patriotisme

Face aux acteurs du secteur, Moussa Alassane Diallo a dénoncé la spéculation entretenue autour du carburant qui, selon lui, se manifeste sous trois formes : la rétention de stocks, la hausse non justifiée des prix et la désinformation sur l’approvisionnement du pays de façon à créer la psychose.

Par Fadi CISSE


Publié mardi 14 octobre 2025 à 07:44

Complexe nautique de Samaya : La Douane malienne vise loin

C’est sous un ciel nuageux dégageant une forte chaleur que le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a procédé, samedi dernier à Samaya, à la coupure du ruban symbolique du complexe nautique de la Direction générale des Douanes. C’était en présence du directeur général des Douanes, l’inspecteur générale Amadou Konaté..

Par Fadi CISSE


Publié lundi 29 septembre 2025 à 07:54

Systèmes financiers décentralisés : Des efforts remarquables accomplis durant l’année écoulée

À la fin de décembre 2024, la situation du secteur de la microfinance au Mali fait état de 116 SFD, 1.586.814 membres/clients, 158 milliards de Fcfa d’encours de dépôts et 191 milliards de Fcfa d’encours de crédits.

Par Fadi CISSE


Publié mardi 23 septembre 2025 à 07:51

Titre Forum de l’investissement en Afrique : La 1ère édition aura lieu du 2 au 4 décembre 2025 à Bamako

Pour renforcer le commerce et les investissements entre les états membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), en partenariat avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, organisera du 2 au 4 décembre 2025 dans notre pays, la 1ère édition du Forum de l'investissement en Afrique..

Par Fadi CISSE


Publié mardi 16 septembre 2025 à 09:46

Ciment : Le prix baisse

La tonne du ciment local doit être cédée à 112.000 Fcfa contre 117.000 Fcfa pour le ciment importé.

Par Fadi CISSE


Publié mardi 26 août 2025 à 09:22

Résilience socio-économique : La contribution satisfaisante de l’ONG Join for Water

Le 1er adjoint au préfet de Kati, Issa Pléa, a ouvert, hier à la préfecture de Kati, les travaux de la 2è session ordinaire du Comité local d’orientation de coordination et de suivi des actions de développement (Clocsad) couplée au 1er comité de pilotage du programme de l’ONG Join for water (JFW)/Protos au titre de l’exercice 2025. C’était en présence de sa Coordonnatrice pays, Mme Fomba Bintou Traoré..

Par Fadi CISSE


Publié vendredi 15 août 2025 à 08:57

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner