Lege : Ces filles interviennent, du début à la fin de la chaîne, dans la réalisation des tâches ménagères de la maison
L’apport des aide-ménagères,
les «Bonnes» de nos foyers, est inestimable. Ces jeunes filles, venues de
différentes localités du pays, participent à la stabilité de nombreux foyers au
Mali. Elles interviennent, du début à la fin de la chaîne, dans la réalisation
des tâches ménagères de la maison. Les raisons de leur venue en villes sont
multiples. Certaines viennent chercher de l’argent pour assurer la survie de
leur famille au village. D’autres gagnent de l’argent pour acheter les
trousseaux de mariage, ou même découvrir le monde.
Une fois à Bamako, elles sont
entièrement à la charge de leurs employeurs. Force est de reconnaître que
beaucoup de ces jeunes filles innocentes sont victimes de maltraitance et
d’abus. Face à cette situation, des organisations de défense se sont impliquées
pour leur protection et la promotion de leurs droits. Dans cette démarche, ces
structures de placement des aide-ménagères ont apporté beaucoup d’amélioration
aux conditions de vie des aide-ménagères notamment sur le plan salarial.
D’année en année, leur salaire grimpe.
En effet, leur rémunération diffère selon que l’on loue leur service par
le canal d’une des nombreuses agences de placement de Bamako. Leur tuteur ou
tutrice sert souvent d’intermédiaire. Mieux, la zone géographique de résidence
de la «bonne» influe sur le montant du salaire. Ainsi, le salaire diffère selon
que l’employeur vit sur la rive droite ou sur la rive gauche du fleuve Niger à
Bamako.
La première, considérée comme le monde des nantis, payent mieux que les habitants de la seconde. Il n’y a pas de prix standard en la matière. Actuellement, les «bonnes» ont des salaires compris entre 12.500 Fcfa et 30.000 Fcfa voire plus, selon que l’employeur soit du secteur informel ou formel. Mais leur principal employeur reste pour la plupart le secteur informel.
Payées à la tâche-Dans les
quartiers huppés de Bamako, elles sont payées à la tâche. Mme Mariko Assanatou
loue les services de deux aides ménagères. La première, 20.000 Fcfa, est une
grande femme de 23 ans. Elle s’occupe de la restauration et de l’entretien de
la maison. Âgée de moins de 16 ans, la petite, qui s’occupe des enfants et des
petits travaux domestiques, se console avec 12.500 Fcfa. Leur intermédiaire
verse les salaires des employées, chaque fin de mois, dans l’agence qui vend
leur service.
La problématique de la
gestion salariale de ces filles-là est sujette à débat dans notre pays. La
gestion salariale est un casse-tête pour les employeurs. Elles sont nombreuses
les bonnes qui réclament au delà du Salaire minimum interprofessionnel de
croissance (Smic) malien. Elles sont aidées et soutenues dans ce combat par les
organisations de défense de leurs droits. Le débat autour de cette question se
déroule sur les réseaux sociaux, dans les marchés et dans les lieux de
regroupement des femmes. Chacun y va de son avis, commentaire et stratégie. Il
est plus qu’urgent que le débat soit ouvert officiellement afin de trouver une
solution.
Mme Coulibaly Assan, s’étonne
de ce qui se passe autour de la gestion salariale des bonnes. Elle se rappelle
qu’à leur époque, elle louait les services d’une femme mariée. «J’admets que
les choses ont évoluée. Avant, on bénéficiait des services d’une dame mariée
avec souvent des enfants. Elle venait nous aider dans nos tâches quotidiennes.
En retour, on leur donnait un repas. À la fin de chaque mois, la dame recevait
entre 2.500 à 3.000 Fcfa», se souvient-elle. Notre vieille dame indique
qu’autrefois, c’était plus par solidarité. Elle reconnaît que l’aspect humain a
cédé la place à toutes sortes de dérives dans la gestion des aides ménagères à
Bamako.
Face à la surenchère du
salaire des «bonnes», Mme Bouaré Ina demande, aux uns et aux autres, de savoir
raison garder. Elle soutient ceux qui veulent que les aide-ménagères soient
payées au Smic. Supposons qu’il en soit ainsi, dans ce schéma, les
aide-ménagères ne doivent bénéficier que leur salaire. «Je me dis que si nous
devons leur payer au-delà de 20.000 Fcfa, elles ne peuvent plus demander qu’on
leur achète des médicaments quand elles tombent malades, des pommades et autres
accessoires», dit-elle.
Notre interlocutrice raconte
qu’elle a deux bonnes payées chacune à 12.500 Fcfa par mois. Elle assure par mois leur coton et pommade
hygiénique. Il lui revient de les tresser et de leur acheter des chaussures.
«Mieux, elles ont toutes les deux un téléphone. Je leur achète, de temps
en temps, des crédits pour communiquer avec leurs parents au village.
Ce n’est pas tout. Elles sont habillées pendant les fêtes et tous les événements heureux qui se déroulent chez moi», explique-t-elle. Mme Bouaré se fait aussi un devoir de soutenir ces «filles lorsqu’elles décident de rentrer au bercail. «Je peux leur payer 30.000 Fcfa, mais je serai intolérante si elle venait à casser des trucs à la maison. Elles doivent se prendre entièrement en charge. Il ne leur restera pas grand-chose des 3 0.000 Fcfa», prévient notre interlocutrice.
Plus de 20 jours-Mme Djourté
Hélène nous narre son cas. Elle louait les services d’une bonne à 12.500 Fcfa.
Elle était satisfaite. «Elle était comme ma première fille. Les étrangers ne
faisaient pas de différence entre elle et mes enfants. Par malheur, elle tomba
gravement malade. Cela lui a valu une hospitalisation de plus de 20 jours»,
raconte notre interlocutrice. La jeune fille sera entièrement prise en charge
par son employeur.
Lorsque le temps de rentrer au bercail arriva, la patronne
lui donna l’entièreté son salaire de 3 ans avec bonus, des habits, des
ustensiles de cuisine. «Ni la jeune fille, ni ses parents n’en revenaient pas.
Que ceux ou celles qui s’agitent pour les droits des aide-domestiques pensent à
tous ces facteurs. On doit tout faire pour ne pas déshumaniser ce domaine au
risque d’exposer ces pauvres filles au danger du mercantilisme», conseille
notre interlocutrice.
Mme Diallo Oumou n’aime pas
le nom aide-ménagère ou bonne. Ces filles ont besoin d’encadrement. C’est pour
cette raison qu’elle est devenue la tutrice de plusieurs jeunes filles à
Bamako. «À leur arrivée du village, je les place chez des personnes de
confiance. Je veille à ce qu’elles soient bien traitées et mieux payées»,
explique-t-elle. Comment s’est elle retrouvée dans ce rôle de tutrice ?
Elle a employé une jeune fille du Wassolo pendant quatre ans. Elle a tout fait
pour rentrer en contact avec ses parents. Dieu faisant bien les choses, sa
protégée trouvera un prétendant à Bamako. «J’ai présenté la jeune fille comme
étant ma fille adoptive. Le mariage a eu lieu chez moi. J’ai fait ce qu’une
maman doit faire. Son salaire de trois ans lui a permis de commencer un petit
commerce.
Aujourd’hui, elle gère sa
boutique de friperie. Elle gagne bien sa vie et aide ses parents au village»,
dit-elle. Elle pouvait agir autrement si la fille avait été trop exigeante.
«Que les agences de placement revoient leur stratégie, interpelle-t-elle. Le
salaire qu’elles fixent ne peut pas couvrir les dépenses de ces jeunes filles».
Pis, ces stratégies nuisent aux jeunes filles, qui essaient aussi de contourner
les agences de placement.
Elles se retrouvent plus exposées. Il urge de poser véritablement cette problématique des aide-ménagères. Que les agences de placement soient plus regardantes quand à la protection et le payement intégral des salaires de leurs protégées. Il faudra aussi songer à uniformiser les salaires et fixer des règles de conduites pour les aide-ménagères et leurs employeurs.
Mariam A. TRAORÉ
Dans cette interview réalisée dans le cadre des festivités du 8 mars, la ministre de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle aborde les défis et les solutions pour le développement de l’entreprenariat féminin au Mali. Elle souligne les actions du gouvern.
Les 21 et 22 novembre 2023, s’est tenue en format hybride la 20è édition de la réunion du Groupe de l’Organisation mondiale des douanes (OMD) sur la contrefaçon et le piratage (CAP). Au cours de cette rencontre, les délégués ont élu Mme Traoré Oumou Kéita des Douanes du Mali comme pré.
Malgré l’adoption d’une loi en faveur de la promotion du genre dans notre pays, la problématique de la sous représentativité des femmes dans les instances décisionnelles persiste.
Le 8 Mars, n’est plus qu’une simple journée. C’est un hymne à la force et à la résilience des femmes, une célébration de leur contribution inestimable à l’édification du Mali..
L'organisation de la journée dédiée à la femme devra donc aboutir à améliorer l'émergence politique des femmes et leur participation à la vie publique.
«Mobilités humaines et changements climatiques», tel était le thème retenu pour l’édition 2023 de la Journée internationale des migrants célébrée le 18 décembre de chaque année..