Les animaux sont souvent abattus dans la rue ou devant la porte de la maison
Aïd el-Kébir ou Aïd el-Adha, comme son nom l’indique, commémore l’acte de soumission du prophète Abraham envers Dieu à travers le sacrifice d’un mouton. Chaque année, des animaux (moutons, chèvres, bœufs, chameaux) sont alors immolés conformément aux recommandations de la religion musulmane. Et tous les ans, le rituel remet en débat la lancinante problématique de gestion des détritus des animaux. À travers Bamako, le constat est amer après la fête : des peaux et excréments tirés des entrailles des animaux sacrifiés se retrouvent sur la voie publique ou dans les caniveaux. Un danger pour les populations et l’écosystème environnemental. Pour d’autres, le fleuve Niger est l’endroit idéal pour se débarrasser de ces détritus.
La sale besogne est généralement accomplie par des mômes qui, à l’aide de sceaux et de sacs plastiques, transportent les déchets dans le lit du fleuve. Certaines familles éloignées de ce grand cours d’eau se contentent des rivières et des caniveaux pour se débarrasser les déchets issus des animaux immolés. Djibril Keita, habitant de Djicoroni-para en Commune IV du District de Bamako, n’est pas content de ce mauvais comportement. «Ce n’est pas du tout bon de venir jeter des excréments dans le lit du fleuve. On peut les utiliser comme engrais organique. Les peaux aussi sont importantes pour certains qui les achètent pour d'autres fins», explique-t-il, débout au bord du fleuve. Selon lui, c’est décevant de voir l’état de saleté dans lequel se trouvent aujourd’hui les berges de ce grand fleuve. «Il y a des années, c’était un endroit propre», affirme celui qui est venu fêter dans le quartier qui l’a vu grandir.
«Auparavant, la Ligue malienne des imams et savants pour la solidarité islamique (Limama) rassemblait les peaux au niveau des mosquées, les vendait et partageait le revenu entre les mosquées», se souvient Modibo Konta qui précise que le but de cette opération n’était pas de s’enrichir mais d’atténuer la pollution de l’environnement. «Le peu gagné revenait aux mosquées. Cela fait deux ans qu’on ne les voit pas. Ceux qui achètent actuellement sont plutôt intéressés par les peaux de bœufs. Pour les petits ruminants, même une petite déchirure sur la peau au moment du dépèçage, rend celle-ci invendable», fait savoir le vieux Bozo. Il avoue avoir mis les détritus « dans la pirogue pour s’en débarrasser au milieu du fleuve». «Les populations méconnaissent les conséquences négatives de ces déchets sur l’environnement. Si elles les savaient, elles n'allaient pas les utiliser ainsi», remarque Fousseyni Keita. L’enseignant qui habite à quelques mètres du fleuve, pense qu’il faut une large sensibilisation pour que les gens s’habituent à creuser des trous pour y mettre les excréments. Il préconise également que les mairies, à l’occasion des fêtes, équipent chaque secteur de grandes poubelles pour colleter les détritus.
Des usagers, tout en saluant les efforts de la délégation spéciale de la mairie du District de Bamako, estiment qu’elle doit mieux faire. Tous pointent du doigt les quartiers riverains qui viennent y déverser les déchets nuitamment.
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