
Il
est 5 heures 30 minutes ce jeudi à Kalanbancoura et A. S, jeune fille de 14 ans
est déjà débout pour effectuer ses travaux ménagers quotidiens. Pas le temps de
faire une petite toilette, elle attaque directement la journée en mettant du
charbon dans un fourneau pour allumer le feu. Somnolente, elle attise le feu
étant la seule debout dans la famille en ce début de journée.
Après une dizaine
de minutes d’attente, elle pose une marmite remplie d’eau sur le feu. «Mon
travail consiste à m’occuper de la maison, laver les vêtements de mes patrons
et de leurs enfants, faire la cuisine et la vaisselle», confie-t-elle en
balayant la cour. A.S est une jeune fille, non scolarisée, qui a quitté son
village à l’âge de 12 ans pour venir habiter chez sa tante à Bamako.
Dès son
arrivée, sa tante lui a trouvé un travail dans une famille voisine de la leur,
avec l’accord de ses parents. La jeune fille est payée à 15.000 Fcfa par mois.
«Je travaille tellement que parfois, je ne sens plus mes jambes. Les seules
fois où je me repose sont quand je termine rapidement mes travaux de la
journée», fait savoir l’adolescente. A.S n’est malheureusement pas le seul
enfant dans cette situation dans la capitale.
Vendredi
2 juin, il est 10 heures au marché «Wonida» de Bozola en Commune II. À peine y
avons-nous mis les pieds que nous voyons des enfants déambuler dans tout le
marché. Certains nous approchent, des sacs en plastique de couleur bleu à la
main, demandant inlassablement «voulez-vous qu’on porte votre panier
madame ?».
Ahmed.
S est l’un de ces enfants. Connaissant à peine son âge, il connait pourtant
bien le goût de l’argent. Portant des vêtements délavés, le garçonnet se dit
porteur de paniers. Selon lui, il fait cela depuis longtemps. Des propos
confirmés par son grand-frère de dix ans, debout à ses côtés. Faisant l’école
coranique, les deux mioches se rendent au niveau de ce marché chaque vendredi
avec l’accord de leurs parents. «Je peux gagner 1.000 Fcfa par jour», confie-t-il.
Un
peu plus loin, nous avons trouvé Alou. D, âgé de 9 ans qui n’a jamais été à
l’école. Il parcourait le marché portant un panier rempli de concombres qu’il
vendait à 500 Fcfa. Chaque jour, le petit garçon quitte, tôt le matin, sa
famille sise à Badalabougou. «Je travaille pour une dame, Tantie Mah. Elle me
donne ses légumes que je vends toute la journée. Je suis payé à 1.000 Fcfa par
jour», nous a-t-il dit. Alou. D explique
qu’il peut vendre plusieurs paniers de légumes durant la journée. Néanmoins, ce
n’est pas pour autant que sa paye augmente.
Nous avons cherché à rencontrer «Tantie Mah», dont Alou. D n’est pas le seul employé. Nous avons trouvé la bonne dame détendue sur une chaise, plusieurs légumes frais entreposés devant elle. Elle nous confirme qu’elle emploie des jeunes garçons qui déambulent avec sa marchandise dans le marché et au bord du goudron. À la question si elle est consciente que l’emploi des enfants est une violation de la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée depuis 1989, elle nous répond que c’est plutôt leurs parents qu’il faut sanctionner. «J’ai juste eu pitié d’eux quand ils se sont présentés à moi cherchant du travail. Je les nourris puis je les paye, c’est tout», se justifie-t-elle.
2,
5 MILLIONS D’ENFANTS- Sur les statistiques mondiales, il y a 130 millions
d’enfants qui travaillent dans le monde et la majorité se trouve en Asie et en
Afrique. Parmi ces enfants, certains sont exposés aux pires formes de travail.
Au Mali, de nos jours, sur les sept millions d’enfants âgés de 5 à 7 ans, il y
a en moyenne 2,5 millions qui sont victimes du travail des enfants. Ces
chiffres proviennent d’une enquête réalisée par l’Institut national de la
statistique (Instat) à travers son Enquête modulaire et permanente auprès des
ménages (Emop).
Dans
le cadre de la Journée mondiale contre le travail des enfants, nous avons
approché le directeur de la Cellule nationale de lutte contre le travail des
enfants (CNLTE), Amadou Thiam. En effet, à l’instar des autres pays, le Mali
célèbre cette Journée. Le thème de cette année est : «La justice sociale
pour tous, éliminons le travail des enfants».
Le
directeur de la CNTLE nous apprend que dans son Code du travail, le Mali
n’autorise pas le travail des enfants avant leurs 15 ans. Et au-delà de 15 ans,
ils peuvent travailler mais sous certaines conditions car il y a aussi les
pires formes de travail qui sont interdites au moins de 18 ans. Il nous informe
qu’en cas de travail d’un enfant, c’est l’employeur qui est sanctionné par la loi.
Et cela, peu importe son statut envers l’enfant (parent ou tuteur).
«Des textes
juridiques sont là. Lorsque vous les violez, vous vous exposez à des sanctions
comme des amendes ou l’emprisonnement», insiste-t-il. Cependant, Amadou Thiam
explique qu’ils ne sont pas arrivés au niveau des sanctions. Sauf pour
les cas avérés que nous avons identifiés lors de nos missions, là on peut
saisir les autorités judiciaires qui vont interpeller la personne pour la
sanctionner», précise-t-il. Le directeur de la CNTLE souligne toutefois que
dans certains cas, l’enfant s’occupe de petits travaux, comme aider ses parents
dans les tâches familiales à condition qu’elles n’interfèrent pas sur sa
scolarisation. «On appelle cela des travaux socialisants», étaie-t-il.
Pour
Amadou Thiam, le travail des enfants est un frein considérable au développement
durable. Malgré la Convention de 1989 interdisant cette pratique, il trouve
malheureux de constater que le phénomène persiste à plusieurs endroits et dans
plusieurs pays du monde. D’après lui, une enquête nationale menée sur le
travail des enfants, a révélé que l’effectif d’enfants travailleurs au Mali se
concentre plus au niveau de l’agriculture et de l’orpaillage.
Ces deux secteurs
représentent plus de danger pour les enfants. Et pour cause, les sites
d’orpaillage, qui sont des tombeaux ouverts, exposent les enfants aux produits
dangereux comme le cyanure et au niveau
de l’agriculture avec l’utilisation des pesticides.
Pour
lutter efficacement contre ce fléau, la CNTLE sensibilise et informe les
populations, chaque année, en organisant des sessions de formation avec toutes
les personnes qui peuvent être concernées par le sujet comme les enfants, les
parents, les employeurs, les leaders communautaires, etc. Toutefois, le directeur de la CNTLE reconnait qu’il y a un nombre
conséquent de Maliens qui ne sont pas informés sur l’interdiction du travail
des enfants.
En plus de la formation et de la sensibilisation, Amadou Thiam
confie que sa structure en collaboration avec le ministère de la Promotion de
la Femme, de l’Enfant et de la Famille, oriente les victimes vers des
structures de prises en charge.
Beaucoup d’enfants que nous avons rencontrés lors de cette enquête proviennent d’un milieu défavorisé. Avec des parents ayant à peine de quoi les nourrir, ils permettent à leurs enfants de chercher du travail afin d’alléger leurs charges.
Jessica K. DEMBELE
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