Affacturage: Une solution aux problèmes de trésorerie des entreprises

L’affacturage peut servir à financer les entreprises, qu’elles soient dans le formel ou l’informel. L’un des avantages de cette opération est qu’elle dégage l’entreprise de recouvrement

Publié mercredi 30 novembre 2022 à 07:30
Affacturage: Une solution aux problèmes de trésorerie des entreprises

Les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) éprouvent des difficultés à accéder au financement bancaire en raison des risques qu’elles représentent pour les préteurs. Pour contribuer à la dynamisation du financement de ces entreprises confrontées à des difficultés de trésorerie dans leur cycle d’exploitation, le gouvernement a adopté au conseil des ministres du mercredi 26 octobre dernier, un projet de loi relatif à l’activité d’affacturage au Mali. Ce projet de loi permettra d’offrir des produits et services financiers variés, abordables, accessibles et adaptés aux besoins des MPME et des start-ups.

L’affacturage est une opération par laquelle l’adhérent (entreprise) transfère par une convention écrite avec effet subrogatoire, ses créances commerciales à l’affactureur (banque ou Système financier décentralisé : SFD) qui, moyennant rémunération, lui règle par avance tout ou partie du montant des créances transférées, supportant ou non, selon la convention des parties, les risques d’insolvabilité sur les créances cédées. Il permet à l’adhérent de se procurer des fonds et constitue un moyen de recouvrement qui présente, entre autres avantages, l’optimisation de la trésorerie en réduisant l’impact des échéances de paiement, l’élimination du risque d’impayés.

 

Selon le rapport de présentation du projet de loi sur l’affacturage, il s’agit d’une technique couramment utilisée dans les pays développés. Le paysage de l’affacturage en Afrique est nettement dominé par l’Afrique du Sud (85%), le Maroc (10%) et l’égypte (3%). La part des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) est encore bien plus faible. Le montant des ressources accordées au titre de l’activité d’affacturage dans notre espace communautaire représente à peine 0,4% du volume global des crédits bancaires qui était de 8.670 milliards de Fcfa en fin septembre 2021.

L’Unité d’appui et de suivi de la stratégie de développement du secteur financier (UAS/SDSF) est une structure du ministère de l’Économie et des Finances. Elle est porteuse du dossier relatif à l’affacturage dans notre pays. Selon son chargé des banques et marchés des capitaux, l’esprit de cette loi part d’un constat qui est commun aux huit pays de l’Uemoa : 80 à 90% des entreprises au niveau de cet espace sous-régional sont des MPME.

 

«Partant de ce constat, on s’est dit que soutenir financièrement ces entreprises, c’est in fine soutenir l’économie à 90%», analyse Aliou Samaké. Face à ce constat, poursuit notre interlocuteur, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a organisé en mars 2019 une concertation afin de présenter un projet de loi uniforme sur l’affacturage qui devrait régir de façon homogène les opérations d’affacturage effectuées au sein des pays de l’Umoa. Selon Aliou Samaké, le Mali doit insérer cette loi dans son ordre juridique. Les prochaines étapes de ce processus, affirme-t-il, seront l’adoption de la loi par le Conseil national de Transition (CNT) et celle de son décret d’application.

Le chargé des banques et marchés des capitaux au niveau de l’UAS/SDSF explique qu’une opération se réalise par l’adhérent qui est une MPME et l’affactureur qui est soit une banque ou un SFD à travers la signature d’un contrat d’affacturage. Ce contrat définit les factures qui peuvent être pris en compte. Aliou Samaké précise que le SFD, avant d’avancer de l’argent à l’adhérent sur la base de ses factures, doit se faire une idée de la solvabilité des clients dont les factures doivent faire l’objet d’un affacturage. En outre, il souligne que les conditions de créance surtout en termes de délai ne sont pas modifiées. «Quand il y a transfert de créance, tous les droits liés à la créance sont aussi transférés à l’affactureur. C’est ce qu’on appelle la subrogation des droits», laisse-t-il entendre. Et d’ajouter que l’affacturage donne droit à une commission pour l’affactureur.

 

Mobilisation des créances- Parlant des avantages de l’affacturage pour les MPME, le chargé des banques et marchés explique que l’opération dégage l’entreprise de recouvrement. «Dans les entreprises, souvent, il y a un agent qui est chargé du recouvrement. Avec l’affacturage, si les créances sont cédées à l’affactureur, la fonction recouvrement est réduite, comme une peau de chagrin», dit-il. Pour les banques, l’avantage est que ça vient augmenter le produit net bancaire. «Plus une banque fait des prestations, elle encaisse des commissions. Ce qui diversifie les services financiers offerts», affirme-t-il. également, l’affacturage va permettre à l’entreprise (adhérent) de mobiliser ses créances auprès d’un SFD (affactureur) en attendant que les échéances de paiement n’arrivent. Aïssata Naba Coulibaly, directrice (Ceo) d’Affacto group, une fintech spécialisée dans le financement et l’accompagnement des PME-PMI, est convaincue que cette loi va soulager les entreprises.

 

«L’affacturage n’était pas réglementé dans l’espace Uemoa. La Bceao a essayé de recadrer les bords. Aujourd’hui, pour faire de l’affacturage, il faut être une banque... Il faut essayer de synthétiser l’activité pour que les professionnels puissent le faire et que ça soit surtout réglementée de sorte à aider les PME-PMI», plaide notre interlocutrice. Ces entreprises font en effet face parfois à des mandats qui tardent à être payés. L’affacturage permet de les accompagner «pendant ce laps de temps où les factures ne sont pas payées», selon Aïssata Naba Coulibaly. En outre, la directrice d’Affacto group souligne que cette loi va faire connaître l’affacturage au Mali et dans les autres pays où elle a été promulguée.

 

Déjà, dit-elle, une grande majorité des PME-PMI n’est pas bancarisée. «Même celles qui sont bancarisées n’ont pas forcément accès au crédit. Et l’affacturage est la solution à ce problème, parce qu’il peut servir à financer les entreprises qui sont dans le formel ou un peu dans l’informel», commente-t-elle. Aïssata Naba Coulibaly demande à l’État de les accompagner. «Quand on parle de facture, on parle aussi de mandants de l’État parce que ce sont aussi des factures. Donc, on peut accompagner aussi les opérateurs de l’État en finançant leurs mandants, en attendant que l’État nous rembourse», indique la Ceo d’Affacto group.

Amadou SOW

Lire aussi : #Mali : Festival Hola Bamako : Rendez-vous pris pour le 19 avril prochain

Lentement mais sûrement, le Festival culturel multidisciplinaire Espagne-Mali «Hola Bamako», à l’initiative de l’ambassade d’Espagne dans notre pays, fait son trou. La 7è édition de ce rendez-vous culturel se tiendra du 19 au 20 avril prochain sur l’esplanade du Palais de la culture Am.

Lire aussi : #Mali : Conservatoire des arts et métiers multimédia : Un vivier d’artistes

La promotion des métiers des arts et de la culture demeure une priorité des autorités de notre pays. C’est dans cette vision que le Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté (Camm-BFK) a été créé en 2003 pour assurer la formation des artistes et le développ.

Lire aussi : #Mali : Colloque sur le renouveau au Mali : Des thématiques riches et variées

«Le Renouveau au Mali : état des lieux et perspectives» était le thème d’un colloque organisé, mardi dernier à la Pyramide du souvenir, dans le cadre des activités commémoratives du 33è anniversaire des événements du 26 mars 1991, date de l’avènement de la démocratie au Mali..

Lire aussi : #Mali : FAIC : Le sempiternel souci de mobilisation des ressources financières

Depuis son opérationnalisation en 2019, le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique (Faic) continue de subir de plein fouet une restriction budgétaire, rendant difficile l’atteinte de ses objectifs..

Lire aussi : #Mali : Maison africaine de la photographie : Résultats satisfaisants

Au moment où notre pays est fortement engagé dans l’organisation de la 14è édition des Rencontres de Bamako, Biennale africaine de la photographie, les administrateurs de la Maison africaine de la photographie (Map) étaient réunis, hier à son siège à Niamakoro cité Unicef, à la faveur .

Lire aussi : #Mali :Musée national : Un nouveau challenge

Dans un contexte marqué par la baisse des ressources financières, le Musée national du Mali a tenu, vendredi dernier dans ses installations, la 35è session ordinaire de son conseil d’administration. L’ouverture des travaux était présidée par le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de.

Les articles de l'auteur

#Mali : Festival Hola Bamako : Rendez-vous pris pour le 19 avril prochain

Lentement mais sûrement, le Festival culturel multidisciplinaire Espagne-Mali «Hola Bamako», à l’initiative de l’ambassade d’Espagne dans notre pays, fait son trou. La 7è édition de ce rendez-vous culturel se tiendra du 19 au 20 avril prochain sur l’esplanade du Palais de la culture Amadou Hampâté Ba sous le thème : «Mali-Espagne, deux cultures, une musique»..

Par Amadou SOW


Publié vendredi 12 avril 2024 à 09:25

#Mali : Conservatoire des arts et métiers multimédia : Un vivier d’artistes

La promotion des métiers des arts et de la culture demeure une priorité des autorités de notre pays. C’est dans cette vision que le Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté (Camm-BFK) a été créé en 2003 pour assurer la formation des artistes et le développement du secteur des arts et de la culture..

Par Amadou SOW


Publié mardi 02 avril 2024 à 08:57

#Mali : Colloque sur le renouveau au Mali : Des thématiques riches et variées

«Le Renouveau au Mali : état des lieux et perspectives» était le thème d’un colloque organisé, mardi dernier à la Pyramide du souvenir, dans le cadre des activités commémoratives du 33è anniversaire des événements du 26 mars 1991, date de l’avènement de la démocratie au Mali..

Par Amadou SOW


Publié jeudi 28 mars 2024 à 08:24

#Mali : FAIC : Le sempiternel souci de mobilisation des ressources financières

Depuis son opérationnalisation en 2019, le Fonds d’appui à l’industrie cinématographique (Faic) continue de subir de plein fouet une restriction budgétaire, rendant difficile l’atteinte de ses objectifs..

Par Amadou SOW


Publié lundi 25 mars 2024 à 09:45

#Mali : Maison africaine de la photographie : Résultats satisfaisants

Au moment où notre pays est fortement engagé dans l’organisation de la 14è édition des Rencontres de Bamako, Biennale africaine de la photographie, les administrateurs de la Maison africaine de la photographie (Map) étaient réunis, hier à son siège à Niamakoro cité Unicef, à la faveur de la 31è session ordinaire de son conseil d’administration..

Par Amadou SOW


Publié vendredi 22 mars 2024 à 07:44

#Mali :Musée national : Un nouveau challenge

Dans un contexte marqué par la baisse des ressources financières, le Musée national du Mali a tenu, vendredi dernier dans ses installations, la 35è session ordinaire de son conseil d’administration. L’ouverture des travaux était présidée par le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo, en présence du directeur général de l’institution, Dr Daouda Keïta..

Par Amadou SOW


Publié lundi 18 mars 2024 à 09:48

#Mali : Festival international Sogobô de Bamako : Rendez-vous le 20 mai prochain

La 1ère édition du Festival international Sogobô de Bamako se déroulera du 20 au 26 mai prochain sur la Place du cinquantenaire à Bamako sous le thème : «Le rôle des masques et marionnettes dans la socialisation des enfants»..

Par Amadou SOW


Publié mercredi 13 mars 2024 à 08:17

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner