
Nous sommes en hivernage. En ce mois de septembre, l’eau du fleuve Niger monte à Bamako. Au même moment, le dépôt d’ordures sur les berges au niveau du pont des Martyrs, sur la rive gauche, prend du volume. En ce mercredi 11 septembre, de la montée de cette infrastructure routière jusque dans le nid du cours d’eau, les déchets de tout genre règnent sans partage. Aboubacar Coulibaly, un jeune pêcheur, est sur cette ordure montagneuse à la recherche de vers qu’il utilise comme appâts de pêche. Celui dont le père cultive un petit champ au même endroit, indique que ces ordures proviennent du marché «Wonida».
La présence
de sacs de légumes altérés (goyave, gombo et aubergine) sur le site, corrobore
cette affirmation de notre interlocuteur. Il précise que ce sont des légumes
pourris des vendeuses de ce marché que les jeunes, qui tirent les
pousse-pousses, viennent déverser sur ces lieux entre 1 et 2 heures du matin.
Ils viennent en ce moment de la nuit de peur d’être «frappés» par des agents de
la police nationale qui surveillent les lieux à partir de 21 heures. «Ils
attendent que les policiers partent pour passer à l’acte», explique le jeune
d’une vingtaine d’années.
Comme au
niveau du pont des Martyrs, plusieurs endroits des berges du fleuve sont
devenus des dépotoirs pour certains de nos compatriotes. Une situation qui
n’est pas sans danger pour les espèces aquatiques et la qualité de l’eau. Sans
oublier les activités socioéconomiques de la capitale… bref son développement
et celui du pays tout entier. Le phénomène peut provoquer également la prolifération
des maladies d’origine hydrique. «C’est une conduite incivique et irresponsable»,
tance le militant écologique, Tidiani Assimi Soumounou.
D’après lui, les
citoyens qui se rendent coupables d’un tel acte doivent être sévèrement punis
conformément à la loi. Cela est d’autant plus normal que la pratique pollue,
naturellement, l’eau qui est notre bien commun. «Nous sommes tous consommateurs
un jour ou l’autre du poisson. Par conséquent, pour notre santé, nous devons
tous être des citoyens protecteurs du fleuve et non des agents destructeurs»,
invite l’écologiste.
SURVEILLANCE
DU FLEUVE- De son côté, le directeur général adjoint de l’Agence du bassin du
fleuve Niger (ABF) regrette qu’en dépit de tout ce qui est fait comme effort
d’information et de sensibilisation, des concitoyens continuent à se comporter
de la sorte. Moussa Diamoye signale que c’est un phénomène qui n’est pas
nouveau, mais il prend de l’ampleur à la faveur de l’hivernage. «Dès qu’une
pluie tombe, les gens en profitent pour sortir les ordures et les déverser dans
les caniveaux ou les drains qui amènent les eaux vers le cours principal.
Parfois, ils les déversent aux abords et dans le lit même du fleuve, pour ceux
qui vivent en proximité, pensant que l’eau va pouvoir engloutir tout ça»,
constate-t-il avec amertume.
Notre
interlocuteur rappelle qu’il y a des années, des situations pareilles
existaient sur les berges du fleuve Niger à Torokorobougou et Bacodjicoroni en
Commune V où il y avait de dépôts importants de déchets. Son Agence,
affirme-t-il, a dû évacuer ces ordures à coût de millions de Fcfa. «À l’époque,
on avait contractualisé avec un Groupement d’intérêt économique (GIE) pour
faire le gardiennage des abords du fleuve pour éviter que les gens ne viennent
déverser les ordures. Cela nous coûtait 12 millions de Fcfa par an», assure le
responsable de l’ABF, rappelant que cette situation remonte à deux ou trois
ans. En effet, de 2015 à 2020, l’ABF a enlevé 3.016,9 m3 de déchets solides
dans le fleuve. Malheureusement, déplore Moussa Diamoye, l’Agence est à court
d’argent ces derniers temps pour pouvoir «s’acquitter normalement de ses
missions» dont la principale est la sauvegarde du fleuve Niger, de ses
affluents et de leurs bassins versants sur le territoire national.
«Nous
faisons régulièrement des missions de surveillance du fleuve Niger et ses
affluents à Bamako et à l’intérieur du pays», explique Moussa Diamoye, précisant
que ceux qui déposent les ordures sur les abords du fleuve sont très souvent
des riverains. «Du coup, on a beau avoir la volonté de pouvoir circonscrire ce
phénomène, tant que l’activité se passe à une heure indue, c’est difficile»,
estime le DGA de l’Agence. Pour lui, l’une des solutions pour pallier cette
situation est de mettre à la disposition des services techniques des ressources
nécessaires leur permettant de contractualiser avec des GIE pour la
surveillance du fleuve. En attendant, l’ABF mise sur la sensibilisation pour
amener les concitoyens à éviter les mauvaises pratiques.
C’est
ainsi qu’à la faveur de la dernière Quinzaine de l’environnement dans notre
pays, ses équipes sont parties animer une conférence dans le «Campement bozo»
de Bamako. «L’objectif était de s’appuyer sur ces habitants comme relais pour
nous permettre de pouvoir voir tout ce qu’il y a comme dysfonctionnements», déclare
Moussa Diamoye. D’après lui, cette initiative a un retour d’effets, car des
citoyens anonymes leur envoient des vidéos, très souvent, sur des pratiques peu
orthodoxes qu’ils ont remarquées. «Sur la base de ces informations, nous dépêchons
des missions pour faire des constats et faire le rapport conséquemment»,
explique-t-il.
INSUFFISANCE
DE DÉPÔTS DE TRANSIT- Selon les experts, le fleuve a une sorte de mécanisme d’épuration
naturelle, en ce sens qu’il se lave, lui-même, de ses débris et des saletés.
Cependant, ajoutent-ils, lorsque la teneur atteint un niveau, ce procédé
s’annule. Pour eux, la toxicité et les ordures qu’on jette dépassent cette
capacité d’épuration naturelle des cours d’eau. Ce qui fait que l’eau devient
permanemment souillée. «Cela est dangereux pour les cours d’eau, les riverains,
les consommateurs et toutes les activités liées au fleuve ainsi que la vie
aquatique», indique le responsable d’une structure étatique en charge de la
gestion du fleuve, sous couvert d’anonymat. D’après ce dernier, pour remédier à
cette situation, il faut l’application des textes en la matière. Notre
interlocuteur indique ensuite qu’il y a beaucoup de lois disponibles au Mali
qui interdisent ce genre de pratiques et les sanctionnent.
En effet, dans la loi portant code de
l’eau, il y a le principe de «pollueur payeur», de «préleveur payeur» et «d’utilisateur
payeur». «Tous ces principes sont consacrés dans la législation malienne. Il
s’agit d’aller vers l’application et les sanctions qu’il faut», préconise notre
interlocuteur. Idem pour les activités de dragage et des orpailleurs
traditionnels qui sont en train de polluer aussi les cours d’eau, signale-t-il.
Avant de faire remarquer que cette situation est due également aux
insuffisances des dépôts finaux et de transit des ordures, et à des difficultés
de collecte et de transport des déchets dans la ville de Bamako.
Le
directeur des services urbains de voirie et d’assainissement n’est pas de cet
avis. Reconnaissant qu’actuellement notre capitale ne dispose pas encore du dépôt
de transit en nombre suffisant, le lieutenant-colonel Sékouba Traoré signale
que ces pratiques malsaines se passent dans des endroits où il y a un dépôt de
transit en bonne et due forme. «Donc, leurs forfaits ne peuvent en aucun cas être
expliqués par le fait qu’il n’y a pas de dépôt de transit», explique le premier
responsable des services urbains de voirie et d’assainissement. Il annonce que
dans le cadre du Projet de résilience urbaine de Bamako (Pruba), il y a une
vingtaine de dépôts de transit qui sont en gestation.
Le
lieutenant-colonel Traoré signale que sa structure a pris des dispositions pour
éradiquer cette situation. «On s’arrange tous les deux ou trois jours à passer
par ces endroits pour ramasser ces déchets et puis les évacuer au niveau des dépôts
de transit avant l’évacuation au niveau de la décharge finale», dit-il. Il
ajoute qu’au niveau de la mairie du District, sa structure est en train de
travailler avec la direction urbaine du bon ordre et de la protection de
l’environnement (Dubope) pour procéder à la sensibilisation de la population
sur ces pratiques.
«Après la phase de
sensibilisation, cette police municipale va devoir prendre les dispositions
pour sanctionner les auteurs de ces actes», déclare le directeur des services
urbains de voirie et d’assainissement. Si la
sensibilisation n’a pas marché, il va falloir passer obligatoirement aux
sanctions, car le fleuve Niger est un patrimoine important qu’il faut préserver
à tout prix pour les générations futures.
Bembablin DOUMBIA
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