Mory Soumano : Une voix qu’on n’entendra plus

Durant sa longue carrière à l’ORTM, il a innové dans l’animation et utilisé une bonne dose d’humour pour mieux accrocher les auditeurs et les téléspectateurs

Publié lundi 17 mars 2025 à 07:38
Mory Soumano : Une voix qu’on n’entendra plus

Devant le petit écran ou sur les ondes de la radio nationale, il nous arrachait toujours le sourire ou nous faisait rire à gorge déployée par le piquant de ses formules incantatoires. Malheureusement, la voix de Mory Soumano ne résonnera plus dans nos oreilles. Il s’est éteint jeudi dernier à l’Hôpital du Mali où il avait été admis à la suite d’une maladie brusquement survenue, avant d’être inhumé le lendemain.

Mory Soumano, qui s’affranchissait de tout conformisme, a été pendant près de trente ans une icône de la radio nationale, puis de la télévision. Il avait fait valoir ses droits à la retraite depuis plus d’une dizaine d’années, mais continuait de jouir de l’estime et de la sympathie de nos compatriotes pour son attachement au terroir, son humilité et l’intérêt du terroir qu’il savait susciter chez les auditeurs de la radio et les téléspectateurs. Sa bonne humeur irradiait.

 Il naquit un jour de 1950 à Kokofata dans le Cercle de Kita, un village malinké où il fait bon vivre. Il affichait sa fierté d’être originaire de ce village. «Koko hata, c’est dia hata, ani nogola hinè hata». Une expression très populaire qui signifie dans sa langue maternelle : un village au climat agréable et où on mange à satiété. Mory Soumano a enseigné quelques années à l’école fondamentale de Guéléninkoro dans le Cercle de Yanfolila. Mais couvait dans son cœur l’envie de travailler à la radio depuis son jeune âge. À l’époque, il était subjugué par les fonctionnaires et autres ressortissant du village qui y revenaient pour des vacances avec leurs postes radios. Pour lui, c’était une merveille : une boîte presque magique qui produisait du son avec des voix humaines.

C’est en 1978 que le fonctionnaire qu’il était devenu, a été mis à la disposition du ministère en charge de l’Information d’alors pour servir à la radio nationale. Il est tout de suite déployé à la division radio rurale où il rodera ses méthodes auprès des speakers vedettes qui étaient calés dans leurs fauteuils respectifs et n’entendaient pas laisser une once de place à qui que ce soit. Surtout pas à un villageois dont le malinké n’était très bien compris des auditeurs. Mory décide de faire l’effort pour se faire comprendre d’eux. Il innove dans l’animation à la radio et utilise une bonne dose d’humour pour mieux accrocher les auditeurs, témoigne Fatoumata Coulibaly dite FC. Celle-ci a été l’une de ses premières collaboratrices à la radio nationale. Les deux animeront en bamanankan l’émission 8-10, entre huit heures et dix heures. Ils sont d’ailleurs les précurseurs des sketches à la radio au cours de cette émission.


Plus tard, il devient animateur attitré de l’émission «Poyi kan Poyi», destinée au monde paysan et qui était diffusée en direct le vendredi dans des plages horaires bien déterminées, c’est-à-dire de 8h à 12h et de 14h à 16h. Il est bon de rappeler que la radio ouvrait de 6h à 8h avant de reprendre à 12h les autres jours. C’est le Président de la République qui a décidé en 1970 que l’antenne reste ouverte pour offrir un moment de détente à nos compatriotes  dans les campagnes. Cette tranche horaire devait également servir pour les informations et les campagnes de sensibilisation.


La télévision a acquis droit de cité dans notre pays en 1983. Mais Mory Soumano expliquait dans les confidences d’un jour avoir attendu presque une dizaine d’années pour imposer l’émission intitulée : «Musique du terroir». Il ambitionnait de mettre en place une émission qui valorisait notre riche patrimoine culturel, immatériel et matériel. Fils de paysan, il avait une idée claire de la fête populaire au village et ce que cela représentait pour chacun. «Quand j’ai commencé cette émission, mes premiers fans étaient des cadres de l’administration publique et des entreprises privées qui étaient coupés des réalités de leurs villages», aimait-il rappeler. Mory a contribué à la promotion et au rayonnement de toutes les cultures, de toutes les ethnies au Mali. Chevalier de l’Ordre national du Mali, il laisse derrière lui une veuve et 7 enfants éplorés. Dors en paix cher confrère !

Youssouf DOUMBIA

Lire aussi : Préparatifs du 22 septembre : interruption momentanée du trafic sur certains axes

-.

Lire aussi : Mamoutou Coulibaly, membre du Collectif pour la défense des militaires : « Les Maliens doivent rester vigilants et soutenir les FAMa »

-.

Lire aussi : Axe Kayes-Bamako : Les FAMa déjouent une attaque terroriste

Les Forces armées maliennes (FAMa) ont repoussé, avec succès, une attaque terroriste survenue sur l’axe Kayes-Bamako. L’incident s’est produit alors qu’elles menaient une mission de sécurisation des personnes et des biens le long de cet important corridor routier.

Lire aussi : Ségou : Un objectif terroriste frappé à Dogofry

Dans le cadre des opérations de surveillance aérienne et sur la base de renseignements exploités, les Forces armées maliennes (FAMa) ont mené, ce dimanche 14 septembre 2025, une frappe aérienne réussie contre un objectif terroriste situé à Dogofry, dans la Région de Ségou..

Lire aussi : EAPO : Une centaine de Commandants d’Unité prêts à diriger des troupes

La cérémonie de sortie officielle de ces officiers a eu lieu ce vendredi dans l'enceinte de l’École militaire interarmes (Emia) de Koulikoro..

Lire aussi : Kidal : Un véhicule terroriste neutralisé à Tibezas

Les vecteurs aériens des Forces armées maliennes (FAMa) ont traqué, dans la localité de Tibezas (Région de Kidal), un groupe terroriste à bord d’un pickup..

Les articles de l'auteur

4ē Grand prix d'Afrique de hippisme au Maroc : Enrichissante participation du Mali

La 4ē édition du Grand prix d'Afrique de hippisme se tient ces jours au Maroc avec la participation de plusieurs pays du continent dont le Mali..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié samedi 13 septembre 2025 à 21:54

4è Grand prix d’Afrique de hippisme : Les turfistes Maliens pourront désormais parier sur courses marocaines

-.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié vendredi 12 septembre 2025 à 20:26

Culture et Intelligence artificielle : Bamako Académie dévoile sa série « La voie du Donsoya »

On peut s’aventurer à dire que Kabakoo Academies ose une fusion avant-gardiste de l’Intelligence artificielle (IA) et de la culture, en présentant en exclusivité un film intitulé « La voie du Donsoya ». Il s’agit du tout premier film d’animation explorant la richesse du Donsoya, une institution sociale et une vision du monde multiséculaire d’Afrique de l’Ouest..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 09 septembre 2025 à 17:02

31è anniversaire de PMU Mali : Les performances poussent à franchir un nouveau cap

L’entreprise a décidé de faire un clin d’œil aux parieurs en mettant en jeu un jackpot de 100 millions de Fcfa en deux tranches de 50 millions de Fcfa. Ce qui atteste de sa solidité financière.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 02 septembre 2025 à 07:11

Année de la culture : Mimi Pedro habille désormais les présentatrices du dimanche

Le moins que l’on puisse dire est que «2025, décrétée Année de la culture» fait des émules. Depuis janvier dernier, les présentateurs et présentatrices du JT de 20h du dimanche sur les antennes de l’Ortm s’habillent en made in Mali..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mercredi 27 août 2025 à 08:53

Sociétés de loteries et PMU de l’AES : Vers la création d’un pari confédéral

À l’issue de leurs travaux de trois jours, tenus à l’hôtel Salam du 18 au 20 août, les experts des sociétés de Pari mutuel urbain de l’AES ont décidé de la création d’une masse commune entre les trois États. C’est du moins la principale recommandation présentée par le directeur général de PMU- Mali, Fassery Doumbia..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié lundi 25 août 2025 à 08:23

Conservatoire Balla Fasséké Kouyaté et Musée national : Le Premier ministre burkinabé marque un grand intérêt pour l’art et la culture

Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo qui a visité hier ces deux structures, a invité les pays membres de la Confédération AES à s’appuyer sur nos savoirs et savoir-faire pour bâtir le futur.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié jeudi 21 août 2025 à 08:17

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner