Mohamed Dayfour et son drône sur le toit de la mosquée de Djenné
La
ville de Djenné et sa célèbre mosquée ont subi, il y a deux ans, une
photogrammétrie. Cette nouvelle technologie qui offre d’immenses perspectives
pour la création d’archives numériques détaillées des monuments anciens,
permettant ainsi leur restitution fidèle aux générations futures et facilitant
les travaux de rénovation. La technologie permet également de proposer des
visites virtuelles de lieux touristiques accessibles à tous, partout dans le
monde, via internet. Ainsi durant une dizaine de jours, une équipe média de l’ONG Instruments for Africa a
capturé des milliers de photographies détaillées de la mosquée et ses environs.
Ces images ont été passées dans un logiciel de 3D qui offre une possibilité de
visite réelle du monument qu’est la grande mosquée de Djenné.
Ce
document a été réalisé par Instruments for Africa pour le compte de Children’s Museum
et CYARK, tous des États-Unis d’Amérique. Il a été exposé en septembre dernier
par le Musée à Indianapolis (USA) dans le cadre de l’exposition intitulée
«Lieux sacrés». C’était avec de nombreux autres sites religieux à travers les
USA, l’Amérique Latine, l’Europe, l’Asie et l’Afrique. La mosquée de Djenné
représentant à elle seule notre continent.
Il
fallait procéder à des prises de vue tous les jours entre 9 heures et 13h30,
explique Mohamed Dayfour, chef de l’équipe média. La technique exige de produire
des images avec le même degré d’éclairage. Ce qui fait qu’en cas de nuage qui
s’amoncèlent dans la zone vous êtes obligés d’arrêter. Les heures de prière
doivent également être respectées. Ainsi, chaque jour, l’équipe se devait de
réaliser 1.000 à 2.000 photographies dans exactement les mêmes conditions de
climat, d’éclairage solaire et de température.
Notre
interlocuteur avoue que son équipe ne maîtrisait pas totalement la technique.
Ils ont bénéficié d’une semaine de formation en ligne sur la photogrammétrie et
la reconstruction virtuelle en 3D d’environnements réels. La
formation avait donc pour but de leur fournir de nouvelles compétences dans
l’utilisation des technologies de numérisation 3D avec drone, en vue de
contribuer à la préservation du patrimoine culturel matériel.
Ce qui constitue
une mission centrale d’Instruments For Africa. En plus des photographies de la
mosquée, l’équipe média a également interviewé des personnalités comme l’Imam
de la mosquée Alpha Djitèye, le maître maçon Nouhoum Touré, et la cheffe des
jeunes filles Aïssata Djitèye. C’est elle qui est chargée de superviser les
jeunes filles de quartier durant les travaux de crépissage de la mosquée. Elle
a également servi de guide pour le document dans le cadre de l’exposition. L’ONG
a aussi mis à la disposition du Musée des enfants d’Indianapolis ses archives
photos et vidéos sur le Festival du crépissage de la mosquée. Des images qui
donnent des détails de l’évènement annuel, considéré comme un festival de
brassage des différentes communautés de Djenné.
Selon
Paul Chandler, le directeur de Instruments for Africa, la motivation principale
de sa structure est dictée par la mission qu’elle s’est assignée. À savoir
contribuer la préservation du patrimoine culturel immense du Mali. Cette
mission permet également de valoriser des éléments du patrimoine culturel
malien en collaboration avec le ministère en charge de la Culture et des
services techniques de l’État et aussi des communautés.
«Lieux
sacrés» va au-delà d’une simple exposition, c’est un voyage qui favorise la
compréhension entre différentes traditions religieuses de par le monde. Les
visiteurs explorent six espaces sacrés mondiaux, guidés par des représentants
locaux. Djenné, les visiteurs se laissent guidés par la jeune leader Aïssata
Guitèye. Ils découvrent ainsi la religion de Mohamed (paix et salut sur lui) à
travers la mosquée de Djenné, le plus grand monument en terre du monde et aussi
le vibrant évènement du crépissage.
Rappelons
que La grande mosquée de Djenné est situé à Djenné, au Mali, dans la plaine
alluviale du Bani, affluent du Niger. Cette mosquée est le plus grand édifice
du monde en adobe ou banco; elle est considérée comme la réalisation majeure du
style architectural soudano-sahélien, tout en reflétant des influences
islamiques. Elle
a d’abord été construite en 1240 par le 26è roi de Djenné, Koy Komboro, sur la
place. Elle fut détruite 1819 par le roi peul. Le bâtiment actuel est une
réplique de l’ancien édifice, commandée en 1907 à l’architecte Ismaïla Traoré
par le gouverneur colonial William Ponty.
Elle a été classée, en même temps que toute la ville, sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1988. En effet, la réputation de cette architecture a franchi les frontières de notre pays et de la sous-région ouest-africaine et représente aujourd’hui le seul témoignage de la richesse et de la puissance que cette ville a connue dans le passé. Le caractère exceptionnel de cette architecture et sa bonne conservation pendant des siècles font de la ville de Djenné, une des destinations touristiques de notre pays. Elle a inspiré les ingénieurs et architectures français qui ont exploité les caractéristiques de cette architecture en construisant des édifices publics qui jalonnent les rues des villes comme Ségou et Bamako.
Youssouf DOUMBIA
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