#Mali : Patrimoine culturel : La mosquée de Djenné photographiée en 3D

Le plus grand édifice en banco du monde est exposé aux États Unis à travers la photogrammétrie. Ainsi les images reconstituées de la prestigieuse mosquée de Djenné permettent non seulement de conserver les formes exactes, mais aussi de la visiter virtuellement

Publié vendredi 01 mars 2024 à 07:21
#Mali : Patrimoine culturel : La mosquée de Djenné photographiée en 3D

Mohamed Dayfour et son drône sur le toit de la mosquée de Djenné

 

La ville de Djenné et sa célèbre mosquée ont subi, il y a deux ans, une photogrammétrie. Cette nouvelle technologie qui offre d’immenses perspectives pour la création d’archives numériques détaillées des monuments anciens, permettant ainsi leur restitution fidèle aux générations futures et facilitant les travaux de rénovation. La technologie permet également de proposer des visites virtuelles de lieux touristiques accessibles à tous, partout dans le monde, via internet. Ainsi durant une dizaine de jours, une équipe  média de l’ONG Instruments for Africa a capturé des milliers de photographies détaillées de la mosquée et ses environs. Ces images ont été passées dans un logiciel de 3D qui offre une possibilité de visite réelle du monument qu’est la grande mosquée de Djenné.

Ce document a été réalisé par Instruments for Africa pour le compte de Children’s Museum et CYARK, tous des États-Unis d’Amérique. Il a été exposé en septembre dernier par le Musée à Indianapolis (USA) dans le cadre de l’exposition intitulée «Lieux sacrés». C’était avec de nombreux autres sites religieux à travers les USA, l’Amérique Latine, l’Europe, l’Asie et l’Afrique. La mosquée de Djenné représentant à elle seule notre continent.

Il fallait procéder à des prises de vue tous les jours entre 9 heures et 13h30, explique Mohamed Dayfour, chef de l’équipe média. La technique exige de produire des images avec le même degré d’éclairage. Ce qui fait qu’en cas de nuage qui s’amoncèlent dans la zone vous êtes obligés d’arrêter. Les heures de prière doivent également être respectées. Ainsi, chaque jour, l’équipe se devait de réaliser 1.000 à 2.000 photographies dans exactement les mêmes conditions de climat, d’éclairage solaire et de température.

Notre interlocuteur avoue que son équipe ne maîtrisait pas totalement la technique. Ils ont bénéficié d’une semaine de formation en ligne sur la photogrammétrie et la reconstruction virtuelle en 3D d’environnements réels. La formation avait donc pour but de leur fournir de nouvelles compétences dans l’utilisation des technologies de numérisation 3D avec drone, en vue de contribuer à la préservation du patrimoine culturel matériel.

Ce qui constitue une mission centrale d’Instruments For Africa. En plus des photographies de la mosquée, l’équipe média a également interviewé des personnalités comme l’Imam de la mosquée Alpha Djitèye, le maître maçon Nouhoum Touré, et la cheffe des jeunes filles Aïssata Djitèye. C’est elle qui est chargée de superviser les jeunes filles de quartier durant les travaux de crépissage de la mosquée. Elle a également servi de guide pour le document dans le cadre de l’exposition. L’ONG a aussi mis à la disposition du Musée des enfants d’Indianapolis ses archives photos et vidéos sur le Festival du crépissage de la mosquée. Des images qui donnent des détails de l’évènement annuel, considéré comme un festival de brassage des différentes communautés de Djenné.

Selon Paul Chandler, le directeur de Instruments for Africa, la motivation principale de sa structure est dictée par la mission qu’elle s’est assignée. À savoir contribuer la préservation du patrimoine culturel immense du Mali. Cette mission permet également de valoriser des éléments du patrimoine culturel malien en collaboration avec le ministère en charge de la Culture et des services techniques de l’État et aussi des communautés.

«Lieux sacrés» va au-delà d’une simple exposition, c’est un voyage qui favorise la compréhension entre différentes traditions religieuses de par le monde. Les visiteurs explorent six espaces sacrés mondiaux, guidés par des représentants locaux. Djenné, les visiteurs se laissent guidés par la jeune leader Aïssata Guitèye. Ils découvrent ainsi la religion de Mohamed (paix et salut sur lui) à travers la mosquée de Djenné, le plus grand monument en terre du monde et aussi le vibrant évènement du crépissage.

Rappelons que La grande mosquée de Djenné est situé à Djenné, au Mali, dans la plaine alluviale du Bani, affluent du Niger. Cette mosquée est le plus grand édifice du monde en adobe ou banco; elle est considérée comme la réalisation majeure du style architectural soudano-sahélien, tout en reflétant des influences islamiques. Elle a d’abord été construite en 1240 par le 26è roi de Djenné, Koy Komboro, sur la place. Elle fut détruite 1819 par le roi peul. Le bâtiment actuel est une réplique de l’ancien édifice, commandée en 1907 à l’architecte Ismaïla Traoré par le gouverneur colonial William Ponty.

Elle a été classée, en même temps que toute la ville, sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1988. En effet, la réputation de cette architecture a franchi les frontières de notre pays et de la sous-région ouest-africaine et représente aujourd’hui le seul témoignage de la richesse et de la puissance que cette ville a connue dans le passé. Le caractère exceptionnel de cette architecture et sa bonne conservation pendant des siècles font de la ville de Djenné, une des destinations touristiques de notre pays. Elle a inspiré les ingénieurs et architectures français qui ont exploité les caractéristiques de cette architecture en construisant des édifices publics  qui jalonnent les rues des villes comme Ségou et Bamako.

Youssouf DOUMBIA

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