
Le football, ça conserve. Yacouba Traoré «Yaba», les cheveux grisonnants, fait en moins ses 62 ans (parce qu’il est né en 1963). L’homme n’a pas la même verve de ses années de footballeur, les balais sont passés par là, mais tient bon dans ses baskets. Ce lundi 12 août 2024, votre serviteur s’est entretenu avec un homme qui a encore de la frite dans sa nouvelle maison à Kalaban-Coura. Bien stylé, un chapeau vissé sur la tête, la barbe bien soignée et élégamment mis dans un ensemble basin getzener bien brodé, Yaba présente tout de l’homme d’affaires. Retour sur le passé et la reconversion d’un footballeur.
C’était un architecte du football élégant. Un feu follet, adepte des dribbles déroutants, des accélérations à casser les reins de ses adversaires. Il prenait plaisir à les faire marcher à quatre pattes, surtout les défenseurs rustres qui nourrissaient l’ambition de le casser. Yaba, c’était aussi la magie de la spontanéité, de l’explosivité, de l’improvisation. Pendant des années, il a été le chef d’orchestre de l’attaque des Blancs de Bamako, c’est lui qui donnait le tempo de l’accélération. Adulé par ses coéquipiers et redouté par ses adversaires, il a marqué les esprits. Les férus du sport roi se souviennent d’un joueur au centre de gravité bas, et qui faisait tourner en bourrique ses adversaires. Demandez à un défenseur de l’AS Biton de Ségou, ce qu’il en pense.
L’ancien joueur du Stade malien fait de multiples prestations de services. «Je suis en partenariat avec des commerçants de la place. Je pourvois aux commandes de certaines structures. Dans le jargon populaire, on nous colle l’épithète de fournisseurs. Je me suis reconverti dans ce domaine pour gagner ma vie, après avoir traversé une période de turbulence avec le Centre de formation que l’État nous avait donnés au stade Ouezzin Coulibaly», raconte-t-il.
Pour mémoire, de 2004 à 2012, Yaba était éducateur de football au Centre Ouezzin Coulibaly dans le cadre du projet de réinsertion des anciens sportifs, initié par le Président de la République d’alors Amadou Toumani Touré (ATT). L’après ATT a été moins bon pour lui avec des arriérés de salaires, le contraignant à se détacher de ce programme. Aujourd’hui, son agrément de fournisseur en poche, il livre des services. Mais le football, c’est dans son ADN. Il n’a pas tourné le dos au monde du foot et n’entend pas le faire. Malgré la déception qu’il est en droit de ruminer.
L’histoire de Yaba est tellement riche qu’on se perd dans ses méandres. En effet, il a commencé sa carrière dans les années 1973-1974 dans son quartier natal, Badialan 2. La même période, il sera détecté par Aly Koïta «Faye», probablement l’un des plus grands dénicheurs de talents dans le foot malien, et alors entraîneur des équipes de catégorie d’âge du Djoliba. En 1976, il signe sa première licence chez les Rouges et évolue en compagnie des Moussa Kéita «Dougoutigui», feu Sory Gouanlé «Petit Sory», autre garçon talentueux.
Il restera un petit temps avant d’enfiler le maillot du Stade malien. Sélectionné en équipe nationale par l’entraîneur Idrissa Touré «Nani», lors des éliminatoires de la CAN 1980 contre la Gambie, le jeune attaquant fera trembler les filets dès sa première apparition sous les couleurs nationales. Suivra un long bail avec les Aigles qui va durer huit ans. Yaba Traoré a également évolué à l’AS Biton de Ségou, dont le dirigeant de l’époque, feu Amary Daou, avait mis le paquet pour s’attacher ses services. Une maison avait été mise sur la table
UNE PRIME D’INTERNAT À 1.000 FCFA- Revenu au Stade malien en 1988, il prendra sa retraite deux ans plus tard, après le sacre des Aigles en Coupe Amilcar Cabral. On s’en souvient, le canonnier a été, avec feu Gaoussou Samaké, l’un des grands artisans de cette première consécration de notre pays dans une compétition sous-régionale. Autre temps, autre réalité. L’ancien footballeur établit une comparaison entre les conditions actuelles de nos footballeurs et celles de leur époque. «À notre temps, l’amour du club, le talent, le travail et la discipline constituaient les conditions des entraîneurs.
Dans chaque équipe, il y avait des vedettes et un leader. Au Stade malien, le guide était Lassine Soumaoro, qui veillait sur tout le monde, avec des ordres à exécuter sans murmure. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Sur quel joueur malien on peut compter à tout moment dans les situations difficiles ? Il n’y en a pas. Pourtant, ils sont dans toutes les conditions, contrairement à notre époque où la prime d’internat était de 1.000 Fcfa, alors que la prime de voyage était fixée à 30.000 Fcfa», révèle l’ancien international.
Sans se prononcer directement sur la crise qui affecte le football au niveau de la Fédération malienne de football (Femafoot) et des clubs, Yaba résume le tout à une question d’intérêt. Pour lui, chacun défend simplement son bifteck, sans se préoccuper du sport. On le sait, aujourd’hui le football nourrit royalement son homme. Était-ce le cas hier ? L’ancien sociétaire des Blancs de Bamako ne tourne pas autour du pot. Il assène sa part de vérité et explique devoir tout au football, le bon carnet d’adresses, l’aura, la sympathie des supporters, entre autres. Il n’entend donc pas être ingrat vis-à-vis de la discipline. Il fait même sienne cette réflexion de l’ancien président des Rouges, Karounga Kéita dit Kéké : «Le football n’est pas ingrat, mais ce sont les hommes qui le sont».
En tout cas, Yaba fit un footballeur génial. Il transporte le public des stades Omnisports et Bouvier d’alors et ceux des régions dans l’extase par son toucher de balle, ses accélérations, sa vista. Les passionnés de foot se rappellent encore de cette accélération puis ce changement de direction qui a vu un arbitre de touche s’écrouler pour avoir tenté d’accompagner Yaba dans ce sprint.
«L’enfant du Badialan 2 avait le don de se faire discret, pour ensuite enclencher inopinément l’offensive, se rabattant vers l’intérieur avant d’envoyer un missile au gardien», nous confiait il y a quelques années le doyen Mad Diarra sur l’ancien joueur du Stade malien. En finale de la Coupe du Mali de 1982 contre l’AS Biton de Ségou, on se rappelle encore ses dribles sur le défenseur ségovien Joe Frazier, pour offrir le 4è but à Seydou Diarra «Platini».
Deux ans plus tard, par ses accélérations, il offrait le premier doublé à son club en finale de la 24è édition de la Coupe du Mali contre le Djoliba en compagnie des Bréhima Guèye, Lassine Soumaoro, Mamadou Coulibaly dit Kouicy, Abdoulaye Kaloga, Seydou Diarra «Platini» pour ne citer que ces quelques noms. Et ce coup franc qu’il a marqué en 1989 contre la Guinée-Bissau, en Coupe Cabral, pour propulser en demi-finales les Aigles, qui finiront par remporter leur premier trophée contre la Guinée (3-0), souligne encore le doyen Mad Diarra. C’est dire qu’on peut faire un livre sur la vie de Yacouba Traoré «Yaba» ou plutôt la carrière sportive de l’ancien international.
Seibou Sambri KAMISSOKO
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