
Vieux gaucher (g) et notre collègue Boubacar Kanté
Le football, en tant que sport de haut niveau, impose une pression physique intense sur les athlètes, et bien que les footballeurs soient souvent perçus comme des modèles de résilience, beaucoup voient leur carrière prématurément interrompue à cause de blessures. Ces dernières, parfois légères, parfois dévastatrices, peuvent changer la trajectoire d'une vie, aussi bien sur le plan professionnel que personnel. Les blessures pouvant mettre fin à la carrière d'un footballeur sont nombreuses mais les blessures aux ligaments, en particulier au genou (comme les ruptures du ligament croisé antérieur), sont parmi les plus courantes et les plus graves.
Ce type de blessure nécessite généralement une opération suivie d’une longue période de rééducation. Pour certains joueurs, la reprise peut être difficile, et les risques de rechute sont élevés. Ce qui peut compromettre sérieusement la carrière. Ancien footballeur, Mamadou Ba, fait partie de la longue liste des blessés. Madou Ba comme l’appelaient affectueusement ses amis est domicilié à Garantiguibougou. Le colosse défenseur, très rapide, a passé 5 ans au Réal de Bamako, entre 1982 et 1987.
Champion du Mali 1985-1986 et finaliste malheureux de la Coupe du Mali en 1987 avec les Noirs et Blancs, l’actuel gestionnaire comptable à l’ambassade de France au Mali a passé deux ans entre les hôpitaux de Bamako, Paris et ceux de Djibouti. Ce talentueux défenseur, qui était promis à un avenir meilleur, a vu sa carrière s’arrêter après avoir subi une grave blessure, le 5 juillet 1987 au stade Modibo Keïta lors de la finale de la Coupe du Mali entre le Réal et le Sigui de Kayes (victoire des Kayésiens 2-1) sous les yeux du président, le Général feu Moussa Traoré. Rencontré le en janvier dernier, dans l’après-midi, à la Maison des jeunes, l’ancien joueur du Réal revient sur les circonstances de sa blessure.
«En finale, j’ai été la première cible visée par l’adversaire», raconte Madou Ba, 67 ans. «Pour l’anecdote, ils ont dit que le joueur qui va recevoir le ballon du coup d’envoi, serait la première victime. Le président Moussa Traoré a donné le coup d’envoi et j’ai contrôlé la balle. Après une, deux touches, j’ai dégagé le ballon de mon camp. Ainsi, les Kayésiens ont applaudi pour dire que la chose va marcher», ajoute l’ancien sociétaire du Réal avec le sourire.
«Ainsi, à la 8è minute de jeu, alors que je voulais mettre la balle à la touche parce que le latéral a été débordé, en tant que stoppeur, je suis venu à la couverture. Un certain Gaoussou Coulibaly est venu avec les deux pieds joints. Il y a eu opposition de deux forces. Je suis tombé et je voulais me relever, car je n’ai pas ressenti de douleur. C’est en ce moment que mon pied s’est plié sur le côté comme les pattes d’oiseau», explique Mamadou Ba avec une grande émotion.
DES BLESSéS A LA CHARGE DE LEUR FAMILLE- L’ancien réaliste a regretté qu’il n’y ait pas d’ambulance au stade lors de la finale, présidée par le chef de l’État pour le transporter à l’hôpital. «Il y avait un dirigeant du nom de Boubacar Diarra, Inspecteur des impôts, c’est lui qui a fait avancer sa voiture 504. Avec ma taille (1,92m) et ma blessure, j’étais très mal à l’aise pour avoir une position confortable dans le véhicule. Néanmoins, il m’a amené à l’hôpital et est même resté auprès de moi», poursuit-il. «à l’époque, il y avait un Russe à l’hôpital Gabriel Touré. Il était surnommé ‘’Couper’’ parce qu’il coupait les pieds de tous les blessés qui venaient pour des raisons d’accident de moto. Il m’a demandé si c’était un accident de moto, on lui a dit que je suis footballeur.
Alors, il a été décidé d’attendre le retour du docteur Abdou Touré qui était en France. J’ai attendu Abdou Touré durant trois jours. Après la radiographie, il voulait m’opérer un samedi, je lui ai dit non car on disait que ce jour ce n’est pas recommandé pour éviter des cas de récidive. J’ai été opéré le lundi et j’ai passé 9 jours à l’hôpital», se souvient-il. Pourtant juste après la finale, le défenseur devrait s’envoler pour la France pour s’engager avec Grenoble (club de D2 à l’époque) : «J’étais persuadé de gagner la coupe et fêter le sacre à Bamako avant de prendre, 2 ou 3 jours après, l’avion».
Pendant sa rééducation, il rejoint Grenoble dont les dirigeants l’attendaient avec une ambulance et part directement à hôpital où il a été constaté qu’il souffre d’une rupture des ligaments croisés et non d’une fracture. Il sera opéré 4 fois de suite et a passé deux ans entre les hôpitaux. Avec ses multiples soucis de santé, l’ancien joueur du Réal de Bamako n’a eu d’autre choix que de dire adieu à sa carrière. Aujourd’hui, il s’est dit reconnaissant envers les personnes qui l’ont soutenu tout au long de sa blessure, surtout sa famille et les supporters. Le soutien de ma famille et des supporters m’a beaucoup aidé psychologiquement. Le président de Grenoble a également été d’un grand réconfort pour moi. Il m’envoyait régulièrement de l’argent pendant 10 ans en plus de m’avoir trouvé du travail. à l’époque, les joueurs ne bénéficiaient pas de la sécurité sociale. à notre temps, les joueurs blessés étaient à la charge de leur famille», conclut Mamadou Ba.
DE FOOTBALLEUR A ELU COMMUNAL- Tout comme Mamadou Ba, son ancien coéquipier Amadou Samaké dit «Vieux gaucher», a lui aussi abandonné sa carrière footballistique après les blessures à répétition. «Vieux gaucher», qui a débuté sa carrière à Africa sports de Bolibana, avant de rejoindre le Réal en 1974, jouait la Coupe corpo avec les sociétés. En 1978, il remporte la compétition avec l’équipe de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM). Après cette finale, le destin de Vieux gaucher prendra une trajectoire dramatique à cause d’un accident de la circulation. «Après la finale de la Coupe Corpo, un ami est venu me chercher avec sa moto pour me présenter à quelqu’un.
En cours de route, nous avons eu un accident de la circulation. J’ai fait une chute en retombant sur mes genoux. L’évènement malheureux s’est déroulé à Wolofobougou-Bolibana à quelques mètres de l’autoroute devant la famille Diawara», explique l’ancien milieu de terrain du Réal, rencontré au Centre d’état civil secondaire de Badialan III qu’il dirige. Amadou Samaké a rejoué, mais sa blessure au genou rechute lors d’un match de Coupe d’Afrique des clubs champions (1981) contre l'Union sportive O'Mbila Nziami de Libreville (Gabon).
«Suite à une action, j’ai donné la balle à Lahaou Traoré qui a marqué et mon genou a lâché encore une fois. Et je suis resté pendant longtemps en dehors du terrain», ajoute-t-il. Malgré le fait qu’il sentait la douleur, Amadou Samaké revient sur le terrain et s’envole pour la France. «à l’époque, je voulais coûte que coûte envoyer ma maman à La Mecque. En plus, le football était ma vie, ma passion et je rêvais de devenir footballeur professionnel», explique Vieux gaucher, 59 ans. «Lors d’un essai à FC Melun (deuxième division française), j’ai glissé sur la neige.
L’examen effectué à l’hôpital a révélé une rupture aux ligaments croisés. Entre temps, ma mère est décédée mais, le club m’a donné la certitude de me faire signer. Les dirigeants m’ont autorisé à rentrer au pays et de revenir en France», confie l’ancien milieu de terrain, très ému. Avec la blessure au genou et le décès de sa mère, il est encouragé par ses amis. Les dirigeants du Réal lui ont trouvé une issue salutaire où il a intégré la Caisse de retraite comme conventionnaire. Il continue de jouer avec le Réal et est sélectionné en équipe nationale. C’est après la finale perdue contre le Sigui de Kayes en Coupe du Mali 1987 (2-1) qu’il décide de mettre fin à sa carrière de footballeur, l’amertume d’une finale perdue est aggravée par la douleur d’un genou récalcitrant qui ne guérit pas. Élu communal, il est aujourd’hui le président de l’Association des anciens sportifs de la Commune III du District de Bamako.
STAFF MéDICAL BIEN ETOFFE- Malheureusement ces deux carrières brisées ne sont pas isolées dans le monde sportif. Les blessures se recensent presque dans toutes les disciplines, mais le football rafle la mise. Les actes manifestement violents posés par les joueurs doivent être sévèrement punis. Tous les joueurs et le staff doivent être informés de ces sanctions afin de minimiser les cas de blessures. Ceci permettra de préserver les sportifs talentueux, qui à cause de blessures graves sont obligés de mettre leurs carrières sous le boisseau. Médecin spécialiste en cardiologie du sport, Bagna Baby, pense qu’il faut une bonne structuration d’un staff médical au niveau des clubs et disposer des compétences en matière de connaissance en médecine du sport.
«Il faut aussi mettre en place un bon staff médical composé notamment d’un kinésithérapeute, d’un médecin du sport à défaut d’avoir des agents de santé qui ont des compétences dans le domaine de la médecine du sport», préconise Dr Bagna Baby. Selon lui, après une blessure, il faut l’intervention de trois spécialistes : un médecin du sport, un médecin de référence et un bon préparateur physique. Ces différentes interventions ont pour but de permettre au joueur de retrouver la plénitude de ses capacités physiques pour retourner sur le terrain. «Les autorités ont fait ce qu’il fallait en mettant en place le Centre de médecine du sport, mais qui est méconnu par bon nombreux de sportifs particulièrement des footballeurs.
Le rapport d’activités de la commission centrale médecine sportive de la Fédération malienne de football (Femafoot), saison 2022-2023, a recensé 82 cas de blessures en première et deuxième divisions. Nature des blessures : contusion musculaire (18 cas, soit 33,3%), élongation (12 cas, soit 22%), entorse bénigne de la cheville (13 cas, soit 24%), fracture (2 cas, soit 3, 7%), tendinite des adducteurs (9 cas, soit 17%).
Toutes ces blessures ont été constatées entre mars 2022 et mars 2023 période à laquelle les matches du championnat de D1 se sont disputés sur les terrains d’entrainement de certains clubs.
Pour les cas de blessures contractées lors des tournois de montée (Dames et Messieurs) qui se sont disputés sur trois sites, (Kayes, Gao, Ségou), le rapport indique qu’il y a eu 6 cas de contusion musculaire, 2 cas d’élongation du soléaire, 4 cas d’entorse bénigne de la cheville, 8 cas de gastro entérite, 2 cas de tendinite des adducteurs et 6 cas de paludisme. Normalement, tous les clubs doivent faire un bilan médical pré-compétition (pre-competition medical assessment en anglais), comme l’exigent la Confédération africaine de football (CAF) et la Fédération internationale de football association (FIFA) mais faute de moyens financiers, personne ne respecte ces dispositions des instances internationales.
Selon nos informations, le bilan médical pré-compétition n’est pas obligatoire, mais les clubs sont tenus de signer chaque année un document de consentement qui dégage toute responsabilité de la Femafoot en cas de mort subite d’un joueur sur la pelouse. B. K.commodités», ajoute le directeur adjoint du Centre de médecine du sport. Pour lui, tous les terrains des clubs doivent être gazonnés pour respecter les normes internationales et les entretenir minutieusement. Enfin, ces cas tragiques rappellent l’importance de la prévention des blessures dans le football moderne, et l'évolution des soins médicaux qui pourrait permettre aux footballeurs de prolonger leur carrière tout en préservant leur santé à long terme.
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82 Cas de blessures lors de la saison 2022-2023
Le rapport d’activités de la commission centrale médecine sportive de la Fédération malienne de football (Femafoot), saison 2022-2023, a recensé 82 cas de blessures en première et deuxième divisions. Nature des blessures : contusion musculaire (18 cas, soit 33,3%), élongation (12 cas, soit 22%), entorse bénigne de la cheville (13 cas, soit 24%), fracture (2 cas, soit 3, 7%), tendinite des adducteurs (9 cas, soit 17%).
Toutes ces blessures ont été constatées entre mars 2022 et mars 2023 période à laquelle les matches du championnat de D1 se sont disputés sur les terrains d’entrainement de certains clubs.
Pour les cas de blessures contractées lors des tournois de montée (Dames et Messieurs) qui se sont disputés sur trois sites, (Kayes, Gao, Ségou), le rapport indique qu’il y a eu 6 cas de contusion musculaire, 2 cas d’élongation du soléaire, 4 cas d’entorse bénigne de la cheville, 8 cas de gastro entérite, 2 cas de tendinite des adducteurs et 6 cas de paludisme.
Normalement, tous les clubs doivent faire un bilan médical pré-compétition (pre-competition medical assessment en anglais), comme l’exigent la Confédération africaine de football (CAF) et la Fédération internationale de football association (FIFA) mais faute de moyens financiers, personne ne respecte ces dispositions des instances internationales. Selon nos informations, le bilan médical pré-compétition n’est pas obligatoire, mais les clubs sont tenus de signer chaque année un document de consentement qui dégage toute responsabilité de la Femafoot en cas de mort subite d’un joueur sur la pelouse.
Boubacar KANTE
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