La triple file par exemple est une pratique de plus en plus courante dans la circulation routière
être automobiliste n’est pas
souvent enviable dans notre pays surtout dans les situations d’embouteillage.
Les usagers de la voie publique, notamment automobilistes, motocyclistes et
autres sont fréquemment pris dans la nasse et peinent à se frayer un chemin.
Cet état de fait amène souvent certains conducteurs de véhicules à faire de
l’indiscipline sur la voie en circulant en double voire triple file sur
certaines grandes artères de la capitale pour se sortir du piège de
l’embouteillage.
La triple file par exemple est
une pratique de plus en plus courante dans la circulation routière. C’est une
situation que l’on rencontre souvent aux heures de pointe où le trafic est
dense. On pointe du doigt le non-respect du Code de la route par les usagers,
notamment les automobilistes. Mais certains évoquent aussi le nombre élevé de
véhicules qui se retrouvent dans la
circulation.
Le phénomène fait grincer des
dents du côté d’autres usagers qui n’entendent pas s’accommoder d’une
indiscipline d’autres usagers sur la voie publique d’où des frictions récurrentes entre usagers, souvent sur fond
de violence verbale et autres langages orduriers. Les plus grincheux font des
invectives et essaient parfois d’en découdre physiquement avec ceux qu’ils
estiment être en faute. Samedi, il était environ 18
heures et les rayons du soleil n’étaient plus brûlants. L’astre lumineux se couchait sur Djicoroni
Para et Sébénikoro, deux quartiers de la Commune IV du District de Bamako.
De la gare routière appelée
«Guinée place» à la rivière «woyowayanko», la circulation était très dense. Les
automobilistes étaient soumis à une gymnastique intense, embrayer, accélérer
sur des portions de route et freiner. Les coups de klaxon le disputaient aux
vrombissements des moteurs et à l’impatience des usagers, tous pressés de
rentrer à la maison. Dans ce tohu-bohu général, il n’est pas question de
respecter la file. Des usagers rebroussent chemin dans les stations-services.
D’autres circulent en double ou triple file pour rapidement se retirer de
l’entonnoir. Sur ces entrefaites, deux personnes se disputent sans se soucier
du désagrément qu’ils causent aux autres.
Au niveau du boulevard de
l’Indépendance, Bamakan, une motocycliste, essaie tant bien que mal de
traverser la route. Les usagers qui circulent en troisième file nous mettent à
risque en dédoublant sur la piste cyclable, explique la jeune femme. Des
conducteurs d’engin à quatre roues aussi déplorent de telles situations qui se
présentent souvent. Mme Cissé, une automobiliste, reconnaît que le phénomène
est stressant. Elle explique en souffrir lorsqu’elle doit amorcer un virage.
Pour elle, il faut mettre de l’ordre dans les choses et sanctionner les
conducteurs indisciplinés dans la circulation.
La plupart des usagers que nous
avons rencontrés, incriminent les conducteurs de transports en commun comme
étant responsable du grand bazar dans la circulation. Barka est chauffeur de
Sotrama. Il estime que pendant les heures de pointe, les transporteurs en
commun gagnent beaucoup d’argent grâce à la forte demande. C’est pourquoi, à
cette heure, avoue le conducteur, ceux-ci font preuve d’indiscipline. Il
explique succinctement que si on ne respecte la file normale, c’est parce qu’il
y a la course aux passagers pour récupérer une bonne partie de la recette
journalière.
Pour son collègue, Yaya Doumbia,
les transports en commun ne sont pas les seuls responsables de la triple file.
«Nous sommes les plus indexés dans cette affaire. Alors que même certains
propriétaires de véhicules particuliers observent la pratique sous prétexte
qu’ils sont pressés de se rendre au travail. Ils oublient qu’ils sont à l’image
du pays. Quand ils ne se conforment pas à la loi, ils restent des mauvais
exemples pour les autres», explique le taximan.
L’agent de police Djiré précise
qu’il est admis de circuler en double file sur certaines voies. Mais pour lui,
il est clair que conduire en triple file relève simplement d’une indiscipline
sur la voie publique. Et de signaler que la pratique est formellement
interdite, car elle cause d’énormes ennuis à tout le monde. «Les gens doivent
se mettre en tête que les routes appartiennent aussi aux pompiers, ambulances,
corbillards, motards, cyclistes et piétons. L’espace qui doit être libéré à
côté est fait pour ces engins et piétons. Mais au Mali, même la piste cyclable
n’est pas respectée à plus forte raison libérer un passage pour les
ambulances», explique l’agent de sécurité, qui tient à inviter les usagers à
s’inscrire dans le strict respect du Code de la route.
Pour juguler cette pratique
incivique, l’agent Djiré déclare que chacun doit s’impliquer davantage en
accompagnant l’état pour faire des sensibilisations à travers des animations
sur les antennes de télévision, mais aussi dans les stations de radio, ainsi
que la formation pour que les uns et les autres aient la volonté de respecter
le Code de la route et le sens du patriotisme.
Le sous-officier Traoré rappelle que la pratique peut être à l’origine d’accidents directs. Selon lui, le phénomène est un danger pour soi et pour les autres usagers. Et de conseiller les usagers à cultiver les valeurs de patience et de respect des uns et des autres dans la circulation.
N'Famoro KEITA
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