Produits agricoles et artisanaux : La nécessaire labélisation

Elle donne de la valeur ajoutée au travail des producteurs locaux. Elle favorise aussi l’économie locale et le commerce équitable

Publié mercredi 12 juillet 2023 à 05:12
Produits agricoles et artisanaux : La nécessaire labélisation

Les pagnes traditionnels peuvent être labélisés


Notre pays regorge de produits agricoles et artisanaux de grande qualité. Ils proviennent le plus souvent des zones rurales dans lesquelles les stratégies commerciales de mise en valeur sont méconnues voire inexistantes. Pour que les producteurs/transformateurs en tirent un avantage économique, les produits doivent être valorisés au moyen de droit de Propriété intellectuelle, notamment les Indications géographiques (IG) et les Marques collectives (MC). D’autant plus que les marchés développés sont de plus en plus sensibles à la provenance et à la qualité des produits.



Au regard du fort potentiel de la production nationale et de la volonté d’accroître les exportations vers les marchés extérieurs, les acteurs intervenants dans la chaîne de valeur des produits concernés doivent conjuguer leurs efforts pour mettre en place des MC ou IG pour mieux les valoriser et accroître leurs parts de marché. Selon le chef du département du dépôt et enregistrement des titres de la propriété industrielle du Centre malien de promotion (Cemapi), Almouctar Baba Kounta, avec la mise en place de la Zone de libre-échange économique en Afrique (Zlecaf), il y a aujourd’hui un contexte favorable à l’essor du commerce interafricain. Il importe que le Mali participe pleinement tant par la quantité que par la qualité, aux échanges commerciaux de produits locaux à forte valeur ajoutée. Almouctar Baba Kounta soutient que c’est fort de ce constat que notre pays a opté pour le développement de son artisanat et de son agriculture afin de leurs donner plus de visibilité, de créer plus de richesses dans l’économie nationale et de lutter efficacement contre la concurrence déloyale et la contrefaçon.



REHAUSSER LE BÉNÉFICE- Artisan peintre depuis plus plusieurs années, Moussa Bagayoko est transformateur de coton biologique. «Depuis 2013, l’Ong  Helvetas a commencé à soutenir nos productions et faciliter la création d’un réseau national dénommé Réseau malien des transformateurs de coton Biologique (Rematrac Bio) qui couvre les Régions de Ségou, Kayes, Mopti, Bamako et Kidal», confie l’artisan dans son atelier sis à Ouolofobougou. Le spécialiste du tissage, la teinture végétale bogolan et indigo, affirme que la certification lui a permis de rehausser son bénéfice, d’augmenter et de diversifier sa clientèle. «Grâce à la labélisation, des partenariats ont été noués, notamment avec la  France», dit-il. En atteste l’augmentation fulgurante de son chiffre d’affaires, qui a presque triplé : «auparavant, mon chiffre d’affaires oscillait entre 1 et 4 millions de Fcfa. Mais aujourd’hui, grâce à la labélisation, ce chiffre est passé de 4 à 12 millions de Fcfa». Cependant, il exhorte l’état à plus s’investir dans ce domaine qui est un domaine porteur d’espoirs pour beaucoup.


Dans un monde où l’alimentation occupe une place primordiale, la question de la qualité et de l’origine des produits agricoles devient également de plus en plus préoccupante. Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la provenance de ce qu’ils mettent dans leurs assiettes et cherchent des garanties quant aux méthodes de productions et à l’impact environnemental des aliments qu’ils consomment. C’est là où la labélisation des produits agricoles entre en jeu, offrant une solution claire et transparente pour répondre à ces attentes légitimes des consommateurs. Hélène N’diaye, chargée de la communication du Réseau solidaire en agroécologie paysanne et citoyenne (Resapac) créé en 2019, explique l’objectif de son organisation qui est de structurer le marché agricole bio de Bamako. Ce réseau a été créé pour aider les producteurs à se développer en attendant qu’une norme étatique se mette en place.


Pour le professeur d’économie Dr Abdoudramane Coulibaly, dans un contexte de mondialisation accélérée, contrariée par la montée en puissance de la contrefaçon, tout pays qui veut sauvegarder sa souveraineté économique et son identité culturelle doit disposer d’une marque distinctive connue sous un label. Selon l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle, basée à Genève, 10 % du trafic mondial est constitués de la contrefaçon. Un rapport conjoint de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cenuced), publié en 2019, révèle que la contrefaçon fait perdre en moyenne 10 milliards de Fcfa par an aux états ouest-africains à l’exception du Nigéria.




FORMATION, INFORMATION ET SENSIBILISATION - Le Cemapi s’est engagé durant ces trois dernières années, dans une dynamique de labellisation des produits locaux à travers les IG et MC en réalisant diverses actions de formation, d’information et de sensibilisation sur le processus de labélisation, d’accompagnement et de structuration des acteurs et producteurs, notamment l’échalote de Bandiagara, le bogolan fini du Mali, le sel gemme de Taoudénit.
Dans ce cadre, le Centre, avec l’appui du Programme d’appui à la compétitivité en Afrique de l’Ouest (Pacao) a initié une série d’activités en faveur des acteurs d’un certain nombre de filières. Il est prévu le renforcement des capacités des acteurs des filières mangue et karité ainsi que des membres du CIGMAC-Mali sur les concepts et l’importance de la MC et de l’IG dans le développement d’un pays.


Aussi, dans le cadre de l’établissement d’un cadre légal et institutionnel en matière de propriété intellectuelle, apte à soutenir les démarches de qualité liée à l’origine des produits locaux, le Mali à l’instar de certains pays de l’espace l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle(OAPI) a créé le Comité national des indications géographiques (CNIG) en juillet 2014. Pour prendre en charge les nouveaux enjeux liés à la nécessité de renforcer la dynamique nationale de labélisation des produits locaux, les textes portant création de ce Comité ont été révisés en octobre 2021 pour donner naissance au Comité national de labélisation des produits locaux en Indications géographiques et en Marques collectives «CIGMAC-Ma1i».

Anta CISSÉ

Lire aussi : Agriculture : Des équipements made in Mali

Semoirs, charrues de labour, pièces de rechange des tracteurs sont fabriqués par nos artisans. La plupart de ces équipements sont vendus dans les zones de production comme Kita, Sikasso, Bougouni ou Koutiala. Certains fabricants arrivent aussi à écouler leurs produits dans des pays voisins.

Lire aussi : Convention groupée de la zone 4 de la JCI Mali : Pour l’excellence et le leadership

Placée sous le thème : « Jeunesse engagée : apprendre et innover pour relever les défis de l’employabilité des jeunes du Mali », la 16ᵉ convention groupée de la zone 4 (Z4) de la Jeune Chambre Internationale (JCI) du Mali s’est tenue samedi dernier, au Centre de formation des collectiv.

Lire aussi : Solidarité : Plus qu’une aide matérielle, une consolation pour les sinistrés

Ils sont 512 déplacés provenant des régions les plus affectées par la crise sécuritaire à trouver refuge au Centre Mabilé, au cœur de la capitale malienne. Bien qu'insuffisant, le soutien des acteurs humanitaires locaux et internationaux réconforte ces sinistrés Situé en Commune VI du D.

Lire aussi : Économie verte : Une initiative lancée pour orienter les politiques et créer des d’emplois

5.000 emplois verts potentiels à identifier, trois propositions de politiques publiques à rédiger et un guide sectoriel à produire. Ce sont quelques objectifs phares du projet «Initiative pour promouvoir l’économie verte et la création d’emplois verts au Mali», officiellement lancé, mer.

Lire aussi : Mines de Lithium de Bougouni : Prêtes pour l’inauguration

Le constat a été fait par le ministre des Mines, Amadou Keïta, qui a visité les lieux la semaine dernière.

Lire aussi : PDZSTA-KB : Le budget prévisionnel du ptba 2025 s’élève à plus de 3,251 milliards de Fcfa

La 5è session du comité de pilotage du Programme de développement de la zone spéciale de transformation agro-industrielle des Régions de Koulikoro et péri-urbaine de Bamako (PDZSTA-KB) s’est tenue, hier, dans les locaux du ministère de l’Agriculture..

Les articles de l'auteur

Grandes vacances : C’est aussi une période d’occupation

Ce temps de repos est accordé aux élèves pour qu’ils fassent le plein d’énergie. Mais certains parents préfèrent inscrire leurs enfants à des cours coraniques ou de rattrapage. D’autres occupent leurs progénitures avec des activités lucratives.

Par Anta CISSÉ


Publié mardi 19 août 2025 à 07:57

Familles recomposées : Entre tensions et liens du cœur

À Bamako, les familles recomposées redessinent les contours de la parentalité et de l’amour. Entre traditions, défis émotionnels et quête d’équilibre, ces foyers révèlent des réalités complexes où le cœur doit parfois primer le sang.

Par Anta CISSÉ


Publié mercredi 09 juillet 2025 à 09:24

Journée mondiale de la tortue : vers une meilleure préservation de l’espèce

Le Palais de la culture a abrité, vendredi dernier, la 1ère édition de la Journée mondiale de la Tortue. Célébrée dans notre pays à l’initiative de Mme Keïta Ouleymatou Sidibé, cette journée a pour objectif de préserver les tortues, ainsi que d’autres espèces en voie de disparition..

Par Anta CISSÉ


Publié lundi 26 mai 2025 à 09:13

Élevage des tortues terrestres : Une activité rentable

Il faut débourser entre 30.000 et 175.000 Fcfa pour une paire de tortues. Tandis qu’un seul œuf coûte 5.000 Fcfa. Ce reptile herbivore fait partie des espèces protégées au Mali.

Par Anta CISSÉ


Publié jeudi 22 mai 2025 à 07:23

Conservation et transport de la viande : L’AFS améliore ses pratiques

L’Abattoir frigorifique de Sabalibougou (AFS), spécialisé dans l’abattage et le transport de la viande, est doté d’une technologie de pointe. Elle dispose de trois camions frigorifiques et d’une chambre froide conforme aux normes de santé publique.

Par Anta CISSÉ


Publié mardi 29 avril 2025 à 07:58

Systèmes financiers décentralisés : La digitalisation pour booster le refinancement

La digitalisation des processus du Mécanisme de refinancement des systèmes financiers décentralisés (Meref-SFD) connaît des avancées importantes..

Par Anta CISSÉ


Publié vendredi 18 avril 2025 à 07:54

Recensement général agricole : Dans de bonnes dispositions

La 2è session du comité de pilotage du Recensement général agricole (RGA) s’est tenue, vendredi dernier au ministère de l’Élevage et de la Pêche..

Par Anta CISSÉ


Publié lundi 17 mars 2025 à 07:49

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner