Ramadan : Les artisans en mode veille

Les artisans sont confrontés à une mévente en cette période de Ramadan. Les clients ne se bousculent pas aux portillons de leurs ateliers

Publié mercredi 05 mars 2025 à 07:50
Ramadan : Les artisans en mode veille

 Les affaires tournent au ralenti dans presque tous les magazins visités par notre équipe de reportage

 

 

Nous sommes en plein cœur du Grand marché de Bamako, aujourd’hui défiguré par des édifices qui culminent souvent à une dizaine de mètres de hauteur voire plus et qui dominent dans l’espace l’Institut national des arts (INA), la Maison des artisans, la Grande Mosquée de Bamako, l’Assemblée nationale du Mali et la Maison des anciens combattants du Mali. Les artisans, installés auprès de toutes ces bâtisses inscrites sur la liste du patrimoine national, fonctionnent au ralenti. Certains se tournent les pouces en attendant d’éventuels clients surtout que les touristes (la clientèle de prédilection des artisans) se font rares ces derniers temps dans notre pays.  

Au niveau du grand portail de la Maison des artisans, on aperçoit des «grins» de jeunes plongés dans des discussions passionnées sur l’amélioration de la fourniture d’électricité pendant le mois béni du Ramadan. Dans chaque ruelle des environs, les artisans ont casé leurs objets d’art dans les ateliers ou échoppes. Ici divers secteurs de l’artisanat se côtoient. Le marché est actuellement timide parce que les clients ne se bousculent pas aux portillons.

 Malheureusement, ce n’est plus le même engouement d’avant le début du mois de Ramadan. Bien que les rues grouillent de monde, les vendeurs ambulants de produits importés d’ailleurs, les artisans sont confrontés à une période de mévente. Ils tentent de prendre la chose avec philosophie et justifient la situation par le fait que les chefs et autres soutiens de famille sont bien plus préoccupés par les dépenses liées au mois sacré. Un mois de grande consommation de denrées alimentaires comme les céréales, le lait et autres aliments, mais aussi l’huile et le sucre.

Ousmane Sow, orfèvre de son état, explique les raisons de la morosité du marché. Pendant le Ramadan, on constate qu’il y a moins de mariages ou baptêmes. Les femmes, qui représentent une partie essentielle de notre clientèle, n’affluent pas le mois de Ramadan. «Au-delà même du Ramadan, l’artisanat ne marche plus depuis le départ des touristes», précise le bijoutier. 

Boubacar Dansonko, un autre artisan, il nous accueille à bras ouverts dans sa bijouterie. «L’artisanat est mort et le Ramadan rend encore la situation plus difficile. Chacun se débrouille pour trouver le pain quotidien», déclare Boubacar Dansoko. Et de dire que le temps de la conversion est arrivé pour eux les artisans. «On est contraint de se transformer en coxer aujourd’hui pour trouver la pitance», explique-t-il.


Il propose à 7.500 Fcf un bracelet surnommé «Madou Dakolo», en référence au richissime opérateur économique qui s’est éteint il y a quelque temps. 
Pour le maroquinier Bassidi Soumbounou, le Ramadan est une période de soudure pour les artisans. On peut passer toute une journée sans apercevoir la moindre trace d’un client, explique-t-il.


«Les Maliens ne consomment pas les produits locaux et nos clients ne viennent plus», se lamente Soumbounou. «Ce qui nous agasse aujourd’hui, c’est la situation des fonds pour les artisans et on ne comprend rien de ces prétendus soutiens», laisse entendre le maroquinier.

Le cordonnier Soumaïla Sylla abonde dans le même sens. Pour lui, les cordonniers accueillent quelques clients qui les sollicitent pour des réparations de chaussures et autres petits trucs. À le croire, il est impossible de vivre avec ces petits revenus qui ne peuvent même pas assurer le prix du carburant.

Une des rares clientes a accepté de verser ses impressions dans le débat. «Je suis venue laver mes bijoux et me taper un collier pour me rendre plus coquette parce que mon mari doit venir de la France pour  fêter au village», dit-elle. À la question concernant la morosité du marché, elle répond ne peut avoir d’indicateur pour apprécier puisqu’elle vient de temps en temps juste pour laver ses bijoux. Mais elle reconnaît avoir constaté qu’il y a moins de clients dans l’atelier de son bijoutier.

Un autre artisan que nous désignons sous les initiales de MS (parce qu’il a requis l’anonymat) pense que ce n’est pas une question de période de jeûne, mais c’est plutôt lié à la situation globale du pays. Tant que le pays est en crise, l’artisanat en pâtira. Avec la nouvelle vision des autorités de la Transition de faire de 2025, une année de la culture, peut-on espérer voir l’artisanat malien reprendre un souffle nouveau ? Le «Projet culture 2025» lancé la semaine dernière par le ministre chargé de l’Artisanat et de la Culture, Mamou Daffé, se veut un espoir.

Amadou SOW

Lire aussi : Surveillance aérienne : Les FAMa intensifient la pression sur les groupes terroristes

Dans le cadre de la surveillance du territoire, ce 16 novembre 2025, les vecteurs aériens des Forces armées maliennes (FAMa) ont traité avec efficacité et succès un pick-up transportant des combattants armés, à 20 km à l’ouest de Djenné..

Lire aussi : Dioïla : C’est parti pour la rentrée de la formation professionnelle 2025-2026

La ministre de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle a lancé officiellement la rentrée solennelle de la formation professionnelle 2025-2026 dans la salle de réunion du gouvernorat de à Dioïla. P.

Lire aussi : BAMEX 25 : Le satisfécit des organisateurs

L’évènement a tenu toutes ses promesses et s’est imposé comme un rendez-vous stratégique réunissant officiels, industriels et experts militaires de divers horizons autour d’une vision de souveraineté et de sécurité partagée.

Lire aussi : État de Palestine : Le 37è anniversaire de la déclaration d’indépendance commémoré au Mali

L’ambassade de l’État de Palestine au Mali a organisé le samedi 15 novembre, une réception au Mémorial Modibo Keita pour la commémoration du 37è anniversaire de sa déclaration d’indépendance..

Lire aussi : Notre santé, Santé générale et bucco-dentaire : Tout commence par la bouche

«Tout commence par la cavité buccale», selon le Pr Ousseyni Diawara odontostomatoligiste au Centre hospitalo-universitaire centre national d’odontostomalogie (CHU-CNOS)..

Lire aussi : Accueil dans les établissements de soins publics : L’angoisse des patients

Certains malades et autres usagers pointent du doigt les conditions d’accueil dans les établissements hospitaliers de la place. D’autres, à tort ou raison, évoquent une négligence coupable des praticiens hospitaliers.

Les articles de l'auteur

Participation aux évènements sociaux : La Pénurie de carburant met les Bamakois à rude épreuve

La crise de carburant a contraint les habitants de la capitale à revoir leur copie en termes de participation aux événements sociaux (mariages, baptêmes et décès). Les autorités multiplient les initiatives pour que la situation revienne à la normale.

Par Amadou SOW


Publié mardi 04 novembre 2025 à 13:19

Financement de la culture : Des initiatives innovantes à envisager

En marge de la 9è édition du Festival international «Triangle de Balafon», le Consortium ACF–Fonds Maaya et le Réseau Kya, ont organisé, samedi dernier dans la salle de réunion de la Chambre de commerce et d’industrie de Sikasso, une table ronde sur la problématique de financement du secteur de la culture..

Par Amadou SOW


Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:42

Festival international Triangle du balafon : Le Mali fait honneur à sa réputation

Après trois jours de compétitions intenses, le groupe «Danbe» de notre pays a remporté le premier prix du Festival international Triangle du Balafon, suivi du groupe «Bolomakoté» du Burkina Fasso. La troisième place a été décernée au groupe «Djéli» de la Guinée et le prix spécial AES a est revenu au Niger, pays invité d’honneur.

Par Amadou SOW


Publié lundi 13 octobre 2025 à 12:18

«Femme du soldat»: Une œuvre poignante d’Alima Togola

À l’accoutumée, les spectacles proposés par la comédienne Alima Togola procurent de l’émotion intense, notamment la sensation de vivre souvent dans la peau des acteurs, mais aussi matière à réflexion sur les préoccupations sociales de l’heure. Jamais, ou du moins rarement pour ne pas être catégorique, la comédienne n’est à contre-sens. Sa nouvelle œuvre théâtrale intitulée : «Femme du soldat» ne déroge pas à cette règle..

Par Amadou SOW


Publié mercredi 01 octobre 2025 à 09:10

Fadima Coulibaly : L’étoffe des grandes figures

Cette femme a mis toute son énergie et sa disponibilité à porter le projet d’exposition sur l’Armée malienne intitulée : «Le Soldat», à le concrétiser. Celle qui reste dans sa cohérence et dans la constance est passée maîtresse dans l’art de redéfinir l’organisation des évènements qui marquent les esprits..

Par Amadou SOW


Publié lundi 29 septembre 2025 à 08:12

Exposition Photo : Le soldat

Le thème de cette exposition, parrainée par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Général de Corps d’armée Sadio Camara, est expressif. Il traduit l’engagement des militaires et leur rôle dans la défense de la patrie et le développement socio-économique de notre pays.

Par Amadou SOW


Publié lundi 29 septembre 2025 à 08:10

Fête de l’Indépendance : Les Maliens établis au Canada découvrent le film «Furu»

Loin de la patrie, les Maliens établis au Canada et d’autres Africains ont aussi commémoré la fête du 22 septembre à travers une série d’activités. La projection du film «Furu» s’est déroulée devant plus de 450 participants.

Par Amadou SOW


Publié jeudi 25 septembre 2025 à 11:44

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner