
Souvent accostées non loin du mur de clôture du palais de la Culture à Badalabougou, ces embarcations sont utilisées par des touristes et des Bamakois
Chaque jour, Ousmane Niaré,
habitant de Bamako-coura (sur la rive gauche du fleuve Niger à Bamako),
parcourt des kilomètres pour amener ses enfants à l’école à Badalabougou, un
quartier situé sur la droite. La position géographique du pont qu’il doit
emprunter lui impose des détours coûteux en carburant et en énergie.
Dépité par cette routine,
Niaré se permet de rêver et de préconstruire des solutions à lui. «Si des taxis
ou bus fluviaux étaient là, ça m’aurait fait moins de distance à parcourir et
des bouchons à éviter», soliloque-t-il. Ousmane Niaré est de ces habitants de
Bamako qui vivent au quotidien des difficultés liées à la mobilité urbaine. Il
connaît comme sa poche les trois ponts qui enjambent le Niger et sait bien
quelle place ils occupent dans la fluidité de la circulation.
Principale ville du pays sur
le double plan économique et administratif, Bamako compte plus de 4 millions
227 mille habitants (RGPH 2023). Cette masse humaine qui se meut régulièrement
d’une rive à l’autre doit emprunter trois ponts : le Pont des Martyrs, le Pont
Fahd et le Pont Sino-malien à Sotuba. Trois ouvrages qui, à l’évidence, ne
suffisent pas. Le fleuve Niger n’offre-t-il pas d’autres opportunités pour
faciliter la mobilité dans notre capitale ? Surtout lorsqu’on sait que depuis
la nuit des temps, les cours d’eau ont facilité les mouvements des hommes, les
échanges et les rapports sociaux.
À l’Agence du bassin du
fleuve Niger (ABFN), dirigée par l’ancien ministre Abdrouhamane Oumarou Touré,
la réponse à cette question est sans équivoque : «On imagine difficilement ce
grand fleuve sans exploitation du point de vue transport. Et pourtant, ce n’est
pas parce que ça n’a pas été réfléchi ou que ça n’a pas eu lieu par le passé.
Malheureusement, nous sommes dans un cycle d’éternel recommencement et le
manque de préservation des acquis.»
La question de la mobilité
par le fleuve reste donc posée, non pas parce que les autorités n’y ont jamais
pensé, mais parce que des obstacles souvent subjectifs s’y opposent. Un regret
pour le responsable de l’Agence chargée de l’aménagement des berges du fleuve
et le dragage de son lit. Il rappelle qu’une des fonctions du fleuve, c’est la
mobilité. Pour ces raisons, détaille l’aménagiste Touré, son service, dans le
cadre d’un projet intitulé «Projet d’aménagement des berges de Bamako sur 22 km
(PABB 22)» qui est supposé couvrir de Sébénicoro à Moribabougou, a été élaboré
avec comme objectif principal l’aménagement fluvial avec de nouvelles
servitudes et la réduction de la largeur du fleuve jusqu’à 400 à 600 mètres au
maximum. Ce projet, une fois réalisé, va entrainer la création de nouvelles
réserves foncières sur lesquelles différents types d’aménagement pourraient
être réalisés.
Abdrouhamane Oumarou Touré nous apprend, par ailleurs, qu’en septembre 2014, le PABB22 figurait parmi les grands projets du gouvernement de l’époque. Une entreprise chinoise a été même contactée pour faire des propositions sur les différents scenarii de l’aménagement. «Au-delà des berges du fleuve, il était question d’aménager aussi les ilots au milieu du fleuve comme des lieux de réjouissances, de spectacle et de tout ce que cela peut amener comme confort dans le cadre du transport fluvial aux populations de Bamako», se souvient le directeur de l’ABFN. Qui reconnaît, toutefois, qu’un tel projet aurait nécessité un investissement de plusieurs milliards de Fcfa dont la mobilisation appelle forcément l’implication du secteur privé qui profiterait plus de ses retombées que le secteur public.
Un fleuve vivant- Un tel
projet, exécuté et réalisé, aurait très certainement comblé le souhait
d’Assitan Koïta. Une malienne jalouse de ce qu’elle voit ailleurs et qui rêve
de voir Bamako se doter de moyens de transport fluvial. «Il est temps que
Bamako connaisse son réseau de transport fluvial comme beaucoup de villes du
monde traversées par des cours d’eau. Nous voulons un fleuve vivant et non
toujours morose, dont on ne parle que lorsqu’un désespéré s’y donne la mort»,
plaide la dame entre deux appels téléphoniques.
Une plaidoirie que semble
accepter le directeur de l’ABFN pour qui le fleuve est un lien qui n’est pas
que physique, mais culturel et spirituel. Si le Mali veut accéder au souhait
d’Assitan Koïta, soutient-il, il faut se doter des moyens de transports
fluviaux, de bons aménagements qui vont avec, c’est-à-dire des ports et des quais.
Et de poursuivre qu’à défaut de ces réalisations, le transport peut se faire
mais dans une dimension artisanale comme pratiquée actuellement dans notre
pays.
Le directeur général des
Transports, Mamadou Sow, abonde dans le même sens que son collègue de l’ABFN.
Pour lui, un projet fluvial existe pour l’ensemble des deux grands cours d’eau
(Niger et Sénégal) qui traversent notre pays. C’est ce qui justifie l’existence
d’un service central dénommé «Compagnie malienne de navigation fluviale»
(Comanav) qui a réfléchi avec une société sud-africaine sur les questions liées
au transport fluvial urbain à Bamako de N’Golobougou au Pont des Martyrs en
passant par Kabala.
Ce projet, indique Mamadou
Sow, prévoit 11 escales de part et d’autres du fleuve, pour que le maximum de
personnes puisse utiliser ce moyen de transport urbain. «Des études sont en
cours et on attend que la faisabilité soit démontrée pour que l’État engage des
partenaires crédibles», révèle-t-il. D’autres facteurs,
expliquera l’ancien directeur général adjoint de la Comanav, Abdoulaye Idrissa
Maïga, ont plombé le projet de transport fluvial. Les nombreux seuils rochers
au niveau du fleuve à Bamako, entre le pont des Martyrs et le pont Fahd.
Abdoulaye Idrissa Maïga cite également la présence des débris de la
construction (sic !).
L’idée de transport fluvial
urbain ne date pas du Mali d’après les indépendances. Bamba Coulibaly,
ingénieur en génie civil et professeur assistant à l’École nationale des
Ingénieurs (ENI-ABT) rappelle qu’avant même l’arrivée des colons, bien que les
moyens de transport fussent rudimentaires, le fleuve servait dans le transit
des marchandises et des passagers. Avec l’arrivée des
Français, le fleuve est resté sollicité pour les mêmes besoins de transport.
Quelques aménagements comme les quais, les entrepôts ou les embarcadères ont
été mis en place.
«C’était des améliorations significatives dans la vie du
village modeste qu’était Bamako à l’époque», dit-il. Et d’estimer, comme la
plupart de nos interlocuteurs, que la valorisation du fleuve est importante
pour réduire les embouteillages à Bamako, une ville longue de 40 km avec
seulement trois ponts et des mouvements concentrés sur seulement 5 km.
En ingénieur, Bamba Coulibaly propose la mise en place d’un service de facilitation fluviale pour la fluidité de la circulation. Pour ce faire, il appelle à l’optimisation des voies naturelles pour le transport et la mise en place d’équipements adéquats. À la Brigade fluviale, l’on souhaite le développement du transport fluvial afin de secourir rapidement les victimes en cas d’accident. Ici, nos interlocuteurs regrettent le retard dans la réalisation des promesses faites à un certain temps.
Fadi CISSE
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