
L’hivernage s’annonce déjà dans certaines parties du pays
qui enregistrent de façon régulière des pluies. D’autres endroits aussi sont
arrosés de façon intermittente. D’ores et déjà, les prévisionnistes de la météo
annoncent un début d’hivernage précoce pour certaines régions; notamment celles
situées au sud du pays. La vague de chaleur qui s’abat sur les pays de façon
générale favorise la survenue de ces pluies souvent dévastatrices.
Néanmoins, les producteurs commencent aussi les
préparatifs pour réussir une bonne campagne agricole. Dans les périmètres
rizicoles à double saison comme c’est le cas à l’Office du périmètre irrigué de
Baguinéda (Opib), situé à une trentaine de kilomètres de Bamako, l’heure est
aux récoltes de riz de contre-saison en vue de se préparer pour la grande
saison des pluies.
Samedi dernier, sur les périmètres de l’Opib, la journée
s’annonçait chargée alors que la récolte de contre-saison battait son plein.
Dans les vastes étendues de l’Office, une journée de récolte de riz débute bien
avant l’aube. Avant même d’atteindre les champs, les signes d’activités
débordantes étaient manifestes le long du canal principal, où les riverains
vaquaient à leurs occupations.
Si certains habitants s’adonnaient à la lessive,
d’autres pêchaient du poisson, tandis que les plus jeunes jouaient près de
l’eau. Ces riverains s’activent dès les premières lueurs du jour, au bord du
canal principal qui alimente les périmètres. Ici, le canal est bien plus qu’un
simple cours d’eau, c’est le cœur battant de la communauté, fournissant de
l’eau vitale pour les cultures mais aussi pour les tâches quotidiennes.
Aux environs de 11 heures, alors que le soleil darde ses
rayons ardents, la récolte se déroule dans un champ. La première équipe de
travailleurs, composée essentiellement de jeunes hommes a demarré son labeur
dès 6 heures du matin. Elle observe une pause bien méritée à l’ombre des arbres
et autour de théières posées sur des fourneaux ardents.
Ce répit leur servira à
reprendre des forces après le repas de midi avant de poursuivre le service
jusqu’à 18 heures. Armés de faucilles, ces jeunes hommes forment une équipe de
cinq personnes pour la récolte du riz. À leur côté, un groupe de femmes
courageuses, venant d’un village voisin. Elles ramassent les épis de riz pour
les attacher en bottes avant de les acheminer vers les machines de battage.
FRAIS RÉMUNÉRATEURS- Le champ visité appartient à Mme
Diarra Aminata Dembélé, une passionnée de l’agriculture qui consacre
actuellement son temps et son énergie à cette terre nourricière. Depuis sa
retraite en 2007, elle n’a jamais cessé de cultiver du riz, une tradition
qu’elle a perpétuée depuis ses débuts à l’Office en 1983. Malgré les défis et
les aléas climatiques, les récoltes de contre saison s’annoncent prometteuses
dans son champ d’environ 1 hectare et demi.
Pour cette campagne de contre
saison, le champ de riz de la retraitée a été productif contrairement à l’année
précédente. Sourire aux lèvres, la retraitée est fière de l’aspect végétatif
des épis de riz de son champ. Son riz a été bien repiqué et le niveau d’eau a
été respecté pour les cultures, explique Bougou Coulibaly, le chef d’équipe en
charge de la récolte du champ de riz de Mme Diarra Aminata Dembélé. Pour ce
travail, Bougou et son équipe empocheront une rémunération oscillant entre
40.000 et 50.000 Fcfa.
Dans les zones de cultures à maîtrise totale de l’eau, la
récolte de contre saison annonce le début du démarrage des activités de la
campagne pluvieuse. En cette période, l’insuffisance de main d’œuvre entrave le
bon déroulement de la campagne de récoltes de contre saison. Les périmètres de
l’Opib n’échappent pas à cette réalité. Ce qui explique, selon Bougou, la
presque rareté de la main d’œuvre pour les récoltes et aussi que les jeunes
aptes qui sont partis à l’exode ne sont pas tous de retour au village.
Fanta Berthé est la présidente du groupement des femmes
qui interviennent à différents niveaux des travaux champêtres (semis,
repiquage, désherbage, récolte, battage, etc.) Elles apportent leurs concours
contre rémunérations aux producteurs pour les travaux champêtres en contre
saison comme en saison pluvieuse. Ces activités leur permettent de soutenir leur
foyer et de subvenir à leurs dépenses quotidiennes.
«Nous intervenons dans le
périmètre à tout moment de l’année selon les niveaux de cultures. Nous sommes
présentes partout où nous sommes sollicitées», confie Fanta Berthé, expliquant
qu’un hectare de riz est repiqué à 50.000 Fcfa et les frais de récoltes d’un
champ d’un hectare et demi varient de 15.000 à 20.000 Fcfa. Même si le travail
dans le périmètre irrigué est pénible, Fanta Berthé et ses collègues s’en
réjouissent, car elles tirent leur épingle du jeu. La brave dame encourage les
autres femmes à refuser la fatalité, à éviter l’oisiveté et la mendicité en vue
de s’assurer une émancipation durable.
5 TONNES DE RIZ DÉCORTIQUÉES- Mme Diarra Aminata Dembélé
est un des exemples prônés par Fanta Berthé, elle qui a refusé de vivre aux
crochets des siens, et a préféré s’investir personnellement pour subvenir à ses
besoins alimentaires. Elle produit principalement du riz en contre saison et en
saison pluvieuse. Mme Diarra Aminata Dembélé explique que l’Opib annonce aux
producteurs le déroulé de la campagne de façon générale.
La contre saison a démarré au mois de décembre pour
prendre fin en ce mois de mai. Elle a ses propres contraintes et les paysans
candidats doivent prendre beaucoup de précautions en amont pour la réussir. Ces
précautions vont de la qualité des semences à l’installation des pépinières,
les travaux de repiquage du riz, explique Mme Diarra. Pour faire ce travail,
elle bénéficie de l’expertise des techniciens de l’Opib de même que de la main d’œuvre
qualifiée pour l’épauler. Malgré les défis, les perspectives de production de
la contre saison sont prometteuses, selon Mme Diarra.
Pour cette campagne de
contre saison, elle mise sur plus de 100 sacs de riz paddy, soit environ 5
tonnes de riz décortiqué. Elle a semé la variété de riz Gambiaka sur sa
parcelle qui peut lui procurer selon les campagnes une production moyenne
d’environ 80 sacs de riz paddy par hectare. Contrairement à l’année précédente,
cette année, ses cultures ont été productives à cause de l’absence des maladies
et des nuisibles sur les cultures ainsi que la bonne disponibilité de l’eau.
Mme Diarra Aminata Dembélé demande aux autorités de faciliter l’obtention des
terres aux femmes pour pouvoir contribuer à la souveraineté alimentaire de
notre pays.
Dans les exploitations rizicoles à grande échelle comme le cas de l’Opib, la gente masculine constitue le principal bastion des exploitants. C’est ainsi que Mohamed Kouma est un commerçant qui quitte tous les deux jours la capitale pour les périmètres de l’Opib pendant la campagne. Cette année, il est à sa première expérience dans la culture de produits maraîchers pendant la contre saison. Pour cette campagne, il a cultivé essentiellement des aubergines et du gombo. Contrairement aux cultures rizicoles, les parcelles maraîchères de Mohamed Kouma ont été légèrement attaquées par des nuisibles. Bien qu’il soit un peu en retard sur l’avancée des cultures de contre saison, il espère bien s’en sortir pour cette campagne.
CONTRE SAISON AVANTAGEUSE- Son collègue Amadou Karambé,
producteur de riz dans l’Opib, explique qu’en contre saison, les maladies des
cultures sont très rares contrairement à la saison pluvieuse, surtout pour la
céréale favorite. Au cours de cette campagne, ce dernier n’a remarqué aucun cas
d’apparition de nuisibles ou de maladies sur ses cultures. Ce qui a fait que
les résultats escomptés pour son champ d’environ un hectare ont été atteints
pour cette campagne. En revanche, les cultures maraîchères sont, elles, très
sensibles aux aléas climatiques et aux maladies végétales.
Selon certains producteurs rencontrés, quelques cas d’infestations ont été signalés par endroits dans l’Office sur certaines cultures maraîchères. Les paysans estiment à ce sujet que la production en contre saison de riz est plus avantageuse qu’en saison pluvieuse si les cultures sont en bonne santé.
Justement, l’hivernage se prépare petit à petit. La
disponibilité de la main d’œuvre est un casse-tête permanent pour les
producteurs à cause des préparatifs de la nouvelle campagne.
Toutefois,
certains paysans de l’Opib que nous avons rencontrés sollicitent le soutien des
autorités pour la disponibilité à temps des intrants agricoles pour cette
campagne qui s’annonce afin d’accroître la production nationale et atteindre
les objectifs de production céréalière estimés à plus de 10 millions de tonnes.
Ces objectifs ne sont pas hors de portée si les conditions climatiques (une bonne saison de pluie bien répartie dans le temps et l’espace), matérielles et un front de nuisibles apaisé sont réunies. Le pays a besoin d’une bonne campagne agricole fructueuse pour adoucir les souffrances d’un climat sécuritaire fragile. Les autorités veillent au grain et les efforts militaires et sécuritaires déployés au quotidien pour sécuriser davantage le pays ne tarderont pas à porter leurs fruits. Pour le plus grand bonheur des populations durement éprouvées par une décennie de terrorisme.
Makan SISSOKO
Le Programme national du système de riziculture intensif (PN-SRI) dont il est question, vise à porter la production nationale à 5,5 millions de tonnes, contre environ 3 millions actuellement.
La filière connaît un potentiel de croissance considérable. Au-delà des défis multiples, les acteurs (producteurs, transformateurs et commerçants) espèrent une campagne réussie cette année.
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