
L’enseignant-chercheur
a rappelé que les autorités de la Transition avaient entrepris d’engager avec
les partis, les regroupements de partis, les associations et mouvements
politiques, à travers le Premier ministre, des échanges en vue de la réussite
du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation. Si les uns ont
pris la main tendue du chef du gouvernement, les autres ont préféré boycotter,
a précisé l’expert des questions politiques et sociales. Ceux qui ont refusé de
prendre la main de Dr Choguel Kokalla Maïga, a-t-il poursuivi, se sont résolus
à mettre un terme à la Transition dans un communiqué qu’ils ont rendu public.
«Finalement, en réaction contre de tels agissements et prémunir des
développements inattendus, le gouvernement a pris la décision de suspendre les
activités des partis, des mouvements et
associations à caractère politique, le mercredi 10 avril dernier, pour des fins
d’ordre public», a insisté Bakabigny Keïta, affirmant que depuis, un débat est
ouvert autour des questions multiples et variées. Qu’en est-il de la réaction
des acteurs de la classe politique ? L’analyste estime que «certains
partis et associations ont favorablement accueilli la décision». En revanche,
d’autres, a-t-il dit, après plus de trois années consécutives de rupture de
l’ordre constitutionnel, ont pris l’initiative de siffler la fin de la
Transition. Dans ce sillage, ils pensent qu’une Transition par définition est
un pouvoir politique de mission d’une durée limitée dans le temps et dont la
gestion doit être partagée entre les différentes forces vives du pays. Ce pouvoir, dans leur entendement, ne saurait
résoudre tous les maux de la société.
L’enseignant-chercheur rétorque que
même dans les conditions normales, aucun régime n’a réussi à traiter
tous les problèmes des hommes. Tout de même, a-t-il indiqué, ces formations
politiques craignent la liquidation des libertés individuelles et collectives.
Idem pour la préservation de l’ordre républicain et démocratique dangereusement
menacé par des exils forcés, des emprisonnements, des décisions politiques
illégales et illégitimes. Ces acteurs politiques jugent inacceptable la
décision de suspension de leurs activités et appellent les autorités de la
Transition à la reconsidérer, a relevé Bakabigny Keïta.
Selon lui, il s’agit de
mettre plus de pression sur le gouvernement. Ce faisant, ils instruisent les
structures de leurs partis et associations à boycotter le Dialogue
inter-Maliens. Pour éviter, a développé
l’enseignant de l’école normale supérieure, un retour de la dictature après des
années de démocratie ou de pluralisme politique. «Pour la classe politique, la
mission fondamentale d’un gouvernement de Transition n’est pas de traiter les
dossiers brûlants, mais d’organiser les élections en vue d’’un retour à l’ordre
constitutionnel», a souligné Dr Keïta.
PRÉSERVATION
DES ACQUIS- À la question de savoir si cette décision de suspension est
opportune, l’expert a affirmé que pour ceux qui sont épris de souveraineté, les
élections doivent attendre. D’après lui, la priorité de notre pays réside dans
la préservation des acquis de la Transition et la poursuite du processus de
refondation, entamé depuis sa rectification. C’est pourquoi, a-t-il fait
remarquer, cette tendance salue la décision de suspension. «C’est le fait de ne
l’avoir pas pris à temps réel, au moment où notre armée était lancée dans sa
mission de reconquête de Kidal, où le «bateau Tombouctou» a été attaqué par les
forces du mal», a regretté Bakabigny Keïta.
Indiquant que c’est une décision
qui a été prise en faveur de l’unité et de la stabilité de notre pays. Avant
d’ajouter qu’elle est prise pour tous les citoyens qu’ils soient partisans ou
opposants de la Transition. L’enseignant a soutenu que le gouvernement, depuis
les rencontres du Premier ministre avec les acteurs de la classe politique et
de la société civile jusqu’à la suspension, semble n’avoir pas été
compris. «Au lieu de voir en ces démarches comme une main tendue, d’abord
en douce et ensuite par la force en vue de l’unité et de la cohésion de tous,
ils ont vu de la manipulation et de la restriction aux libertés démocratiques»,
a déploré le spécialiste des questions politiques et sociales.
La conséquence de cette très mauvaise lecture,
a argumenté Dr Bakabigny Keïta, c’est de s’attirer davantage la haine des
populations maliennes éprises de souveraineté en dépit des conjonctures
économiques difficiles. S’exprimant sur la logique de souveraineté contre celle
de la démocratie, notre interlocuteur dira qu’il existe des critiques très
sévères contre la démocratie. Ces critiques nous viennent des partisans de la
logique de la souveraineté. Rappelant que ces critiques ne datent pas
d’aujourd’hui. Elles nous viennent des adversaires comme des partisans d’hier
et d’aujourd’hui.
«La cible de la logique de la souveraineté à l’œuvre
dans ce texte, ce sont les élections», a fait observer le professeur. Affirmant
que partisans et adversaires s’accordent sur le fait que l’élection n’est pas
démocratique. Il a fait savoir que parmi
les anciens réputés être des adversaires de la démocratie, sur le plan
théorique, contestant la vertu démocratique de l’élection, figurent Platon et
Aristote à lire respectivement dans La République et La Politique. Assurant que
ces écrivains n’ont jamais considéré l’élection comme un dispositif politique
démocratique.
«Je sais que certains pourraient mobiliser des cas comme celui du Sénégal pour invalider ma thèse. Il est vrai que le corps électoral, dans des circonstances déterminées de l’histoire est capable de se mouvoir comme un corps révolutionnaire. Il est à noter cependant que ces cas sont très rares. Pour moi, ce n’est pas la démocratie qui a porté au pouvoir l’équipe dirigeante actuelle. C’est plutôt le peuple sénégalais dans sa colère contre le système néocolonial français qui a porté au pouvoir Diomaye et Sonko», a soutenu l’expert des questions politiques et sociales.
Démocratie
des Anciens grecs- À l’entendre, ce qui est démocratique et qui est opposé à
l’élection, c’est le tirage au sort que les modernes ont expulsé du jeu
politique au prétexte qu’il serait inadapté à la taille trop importante de la
superficie et de la population des États. «À défaut de pouvoir l’appliquer aux
institutions dont la mise en place nécessite la mobilisation de tous les
citoyens, on peut l’utiliser dans la désignation des institutions et des
services publics et privés dont la mise en place ne concerne qu’un très petit
nombre de citoyens», a souligné Bakabigny Keïta.
Ce dernier révèle que des
Anciens grecs qui ont pratiqué la démocratie, chez tous les historiens de la
philosophie politique d’une très grande réputation, l’élection a tout le temps
été considérée comme un moyen qui vise à mettre en place des élites alors que
le tirage au sort a été vu comme un dispositif politique qui travaille à
installer un pouvoir démocratique parce qu’accessible à n’importe qui.
Pour revenir au cas du Mali, il a évoqué que les souverainistes reprochent aux partisans de la démocratie le fait que les élections n’ont pas empêché le pays de se retrouver dans une situation sécuritaire catastrophique indescriptible. Pour eux, elles en sont même directement ou indirectement la cause. «La démocratie a détruit l’Armée, l’école, la santé. Elle a cultivé et érigé en valeur l’impunité et la corruption», a dénoncé l’enseignant-chercheur.
Concernant la durée de la Transition chantée par les partisans de la démocratie, pour les souverainistes le peuple souverain du Mali à travers les Assises nationales pour la Refondation (ANR) a déjà tranché ce débat en la fixant entre six mois et 5 ans. En clair, pour les souverainistes, les ANR restent le référentiel politique.
«L’élection
n’est pas démocratique, cela revient à dire qu’elle est contre l’égalité et
donc contre la paix et la cohésion sociale. Autrement dit, c’est dire qu’elle
travaille à mettre en place une société aristocratique, oligarchique et donc
forcément une société de conflictualité, non pas politique, mais une société de
conflictualité guerrière. Ce qu’il convient de noter, c’est que l’élection, en
plus d’être un dispositif politique au service des élites, est par essence
conflictuelle», a renchéri Dr Keïta.
Il
convient d’indiquer qu’en lieu et place de ce sens critique de l’élection légué
par les Anciens, a estimé le chercheur, il existe dans les sociétés dites
modernes un véritable contresens et donc un travestissement du sens de
l’élection. «Il n’est pas propre aux sociétés contemporaines africaines. Il est
à l’œuvre dans toutes les sociétés démocratiques modernes. Force est de
reconnaître, une telle illusion démocratique fait plus de ravage dans les
nôtres qui sont en quête de souveraineté. Plus que dans les nations souveraines»,
a reconnu notre interlocuteur. Qui en plus soutient que dans les sociétés en
lutte pour indépendance, l’élection ne fait que déresponsabiliser et exposer
davantage les peuples à la domination et à l’exploitation des puissances
étrangères en complicité avec les élites locales.
«Je
voudrais rappeler une vérité admise en philosophie et dans le domaine
militaire, celle fondée sur la prévalence du principe de réalité. C’est la
réalité du terrain, pour dire comme les militaires, qui commande», a mis en exergue
Pr Keïta, déclarant qu’au gré des circonstances, les textes de droit changent,
des nouveaux pactes ou contrats sociaux sont signés qui deviennent à leur tour
des référentiels de droit.
Il a précisé que l’histoire du vivre ensemble
des hommes est une histoire de négociation ou de dialogue permanent entre le
principe de droit et celui de la réalité. Au fait, ce qui est en jeu ici, a
conseillé Bakabigny Keïta, c’est l’idée qu’en dernière instance, ce n’est pas
le droit qui donne lieu à la politique, mais inversement c’est la politique qui
est antérieure au droit. Donc pour la stabilité de la société, il est
nécessaire de maintenir un dialogue permanent entre les deux pôles.
Cela consiste à faire prévaloir la légalité sur la légitimité. Or, il est à comprendre que la légitimité est antérieure à la légalité.
Namory KOUYATE
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