Processus de paix au Mali : Le décryptage du Pr Bréma Ely Dicko

L’enseignant-chercheur à l’Université Yambo Ouologuem de Bamako analyse pour l’Essor le processus d’intégration-réinsertion de 3.000 ex-combattants issus des groupes armés. Il se prononce également sur la nomination d’un nouvel ambassadeur du Mali en Algérie et le processus d’élaboration du projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale

Publié mardi 04 mars 2025 à 08:10
Processus de paix au Mali : Le décryptage du Pr Bréma Ely Dicko

Dans cet entretien, l’enseignant-chercheur évoque, dans un premier temps, l’intégration de 2.000 ex-combattants issus des groupes armés dans les Forces de défense et de sécurité et la réinsertion socioéconomique de 1.000 autres. Pour lui, cette intégration est une façon pour l’État de faire disparaître, de façon progressive, les groupes d’autodéfense, ceux qui sont armés et qui avaient des revendications politiques ainsi que d’autres groupes membres de la Coordination des mouvements de l’inclusivité.


«Dans le cadre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, une commission désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) existait. Maintenant avec la caducité de l’Accord, il y a eu la mise en place d’une commission désarmement-démobilisation-réinsertion et intégration (DDR-I)», explique le sociologue. Et d’ajouter que les autorités de la Transition ont décidé, de commun accord avec les différents groupes armés, d’établir la liste des personnes.

«C’est en général des soldats de deuxième classe issus des mouvements armés, des groupes d’autodéfense, des membres de la Coordination des mouvements de l’inclusivité et de la plateforme signataire de l’Accord d’Alger», précise-t-il. Le sociologue estime que cette initiative permet de faire en sorte que «ces Maliens puissent aider l’Armée à gonfler ses effectifs. Mais aussi de contrôler la circulation des armes et de permettre aux Formes armées maliennes d’être les seules forces ayant le monopole légitime de la violence».


Cette initiative de l’État donne également des perspectives à tous : «Ces jeunes qui avaient déjà entrepris le métier des armes vont contribuer à la sécurité nationale.» Et pour cause, justifie Pr Dicko, «une fois que les effectifs de l’Armée gonflés, cette dernière sera en capacité de se déployer dans des zones où elle est faiblement présente».

 

BONNE COLLABORATION- Évoquant la mise en route du nouvel ambassadeur du Mali en Algérie, Pr Bréma Ely Dicko salue cette décision des autorités des deux pays. Il est important pour un pays comme le Mali qui a plus de 7.000 kilomètres de frontière dont plus de 1.000 kilomètre avec l’Algérie, d’avoir de très bons rapports avec tous ces voisins. Il rappelle qu’il y a quelques mois, le Mali a accordé l’accréditation à un Algérien venu en tant qu’ambassadeur. «Donc de l’autre côté, l’Algérie tend aussi la main en accréditant un Malien dans son pays», fait-il remarquer. Ces ambassadeurs ont pour mission d’assurer la bonne collaboration entre les deux pays. 

Et étant militaire, (le nouvel ambassadeur du Mali en Algérie, ndlr), analyse Pr Dicko, il est très sensible aux questions sécuritaires pour avoir été au cabinet du Président de la Transition. Il connaît bien les trois principes qui guident l’action publique au Mali. Toute chose qui lui permettra d’être le relai du Chef de l’État sur des questions de sécurité, notamment la gestion de la frontière, celle de la présence des groupes armés avec des revendications indépendantistes.

Selon Pr Dicko, il s’agit aussi d’aborder toutes les questions à la fois politique et sécuritaire et faire en sorte que les régions de Kidal et de Ménaka ainsi que le Nord du Mali, de façon générale, soient beaucoup plus stabilisés. «En plus des opérations militaires qu’on est en train de mener, il s’agit de faire en sorte que l’Algérie puisse aussi contribuer à assainir la zone et que notre pays ait un meilleur contrôle des frontières», suggère-t-il en espérant que ce pays voisin ne soit pas le réceptacle des groupes d’opposition à Bamako. 


Sur le projet de la Charte pour la paix et la réconciliation, l’enseignant-chercheur rappelle que la Commission de rédaction du document a, conformément aux instructions du Président de la Transition, adopté une démarche inclusive qui consiste dans un premier temps à restituer l’avant-projet de la Charte et la synthèse des contributions auprès des forces vives de la nation, des Institutions de la République, des universités, des partis politiques et de la société civile.

Pour le sociologue, ces consultations ont pour objectif de permettre aux différents acteurs de poser des questions de compréhension, de faire des contributions, des observations sur le document et de discuter tous les points qui intéressent les uns et les autres. «Il s’agit également de remettre à la Commission des contributions écrites qui lui permettront de rédiger le projet de Charte», indique Pr Bréma Ely Dicko. L’universitaire fera observer par la suite que c’est un exercice qui a été salué par l’ensemble des acteurs rencontrés par l’équipe de l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. Pour notre interlocuteur, les contributions sont venues à la fois de Bamako, des régions et de la diaspora.


«Cela permet à la Commission d’enrichir le document de l’avant-projet pour le transformer en un projet de la Charte pour la paix et la réconciliation», dira-t-il. Et au Professeur Dicko de féliciter ensuite l’esprit d’inclusivité autour du processus. Toute chose qui va permettre une meilleure appropriation du document par tous les Maliens. Lesquels se sentent davantage impliqués dans son application, constate-t-il, tout en soutenant que chacun a un rôle à jouer dans la mise en œuvre de la Charte.

Bembablin DOUMBIA

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