
Le fait de partager le repas dans le même «kunan» consolide les liens familiaux et amène la paix et la tranquillité
En matière de cuisine, il y a des pratiques
traditionnelles qui méritent d’être connues de la population, particulièrement
de la gent féminine. L’usage des récipients en bois pour contenir les mets en
est une. Le «Kounan» ou tasse en bois a connu une grande notoriété chez les
bambaras, peulhs et dogons.
Aujourd’hui, cette tradition culinaire disparaît
des foyers. Quelques rares cuisinières
gardent l’habitude. Mme Guindo Aminata Soumah utilise ce récipient qu’elle
appelle en dogon «bagnan» ou tasse. Elle
explique que le nom de la ville de Bandiagara (grande tasse) dérive de ce
vocable. L’habitante de Daoudabougou en Commune V du District de Bamako affirme
que lors de son mariage, sa grand-mère lui a offert un «kounan». «Parfois, je
mange dans le «kounan» après je le lave proprement et le mets sous le soleil
afin qu’il sèche», confie la jeune dame sans emploi.
Mme Diabaté Aïché Koné est originaire de la Région
de Ségou. Elle témoigne que son père mangeait tous les jours dans le «kounan»
jusqu’à son décès. De ce fait, dit-elle, son utilisation est devenue une
tradition dans sa famille. Quant à Aissata Kansaye, elle précise que ce récipient
en bois est fortement utilisé à Koro dans la Région de Mopti, surtout dans les
villages. Lors des mariages, indique-t-elle, le «kounan» est mis dans le
trousseau de la jeune mariée. L’originaire de Koro soutient que le fait de
partager le repas dans le même «kounan» consolide les liens familiaux et amène
la paix aussi bien que la tranquillité.
Aux environs de 8 heures, le Grand marché de
Bamako est déjà rempli de monde. Un mélange de bruits anime les lieux. Des voix appellent les clients. Des véhicules
klaxonnent pour se frayer un chemin. Au niveau de la place dite «Artisanat»,
Madou Konaté communément appelé Konan expose à l’entrée de son atelier des
articles en bois : tasses, bols, assiettes, fourchettes, cuillères. Le
vendeur de bois d’ébène confectionne ses produits par commande. L’artisan dit
avoir hérité ce métier de son père.
Selon lui, les femmes s’intéressent de plus en
plus à la tasse en bois «kounan», dont le prix moyen est de 10.000 Fcfa. Madou
Konaté explique qu’auparavant, nos compatriotes mangeaient dans les tasses en
bois ou en banco à cause de ces multiples vertus. Il argumente que la
consommation de la nourriture dans ces récipients permet de soigner l’homme,
car l’arbre même est un médicament. Le sculpteur renchérit que l’utilisation de
ces ustensiles artisanales peut aussi donner une longue vie à l’homme «car
lorsqu’on est en bonne santé, on peut vivre longtemps». Il soutient que ces pratiques ont permis à
nos ancêtres de vivre plus de 100 ans et en bonne santé. «Certains de mes
clients me confient souvent que leurs médecins traitants leur ordonnent de
manger dans une tasse en bois pour préserver leur santé», confie l’artisan.
Madou Konaté demande aux jeunes femmes de chercher à connaître nos traditions
et de les appliquer car nos ancêtres ne faisaient rien sans raison valable.
Aboubacar Bah, sexagénaire résidant à Missabougou, rappelle que le «kounan» est un ustensile de cuisine que nos aïeux utilisaient dans les tâches ménagères. Il précise que ce récipient est confectionné à partir de l’arbre (guélé) en langue bambara. À l’en croire, cet objet est généralement fabriqué par les Dicko, les Thiam de Nioro, les maures forgerons et certains tamasheqs. Le vieil homme décide d’aller au fond de son savoir. «Le bois est placé dans l’eau afin qu’il soit complètement humide. Ensuite, les forgerons enlèvent la partie blanche et creusent la partie noire jusqu’à ce que l’objet ait une forme ronde. Ils garnissent l’extérieur du récipient avec de petites gravures. Puis, les forgerons mettent de l’huile au fond du récipient. Toute chose qui facilitera son bon usage », enseigne le sexagénaire.
VERTUS THÉRAPEUTIQUES- Selon le sexagénaire,
certaines familles préservent jalousement ce bien traditionnel. «Les peulhs s’en servent pour y mettre
les repas et traire les vaches», a-t-il témoigné. Aboubacar Bah assure que le
bois est une source d’énergie et de paix. Et de regretter l’abandon par la
majorité de la population de nos valeurs traditionnelles. Il souhaite que l’État
revalorise cet héritage ancestral.
Moussa Diabaté, musicien, fait l’historique du
«kounan». Selon lui, tout est parti des constats faits par nos aïeux sur les
vertus thérapeutiques des arbres et du besoin de trouver une alternative à la
fragilité de la calebasse. « Ils ont fait recours aux arbres afin de s’en
servir pour fabriquer des objets en bois dur, d’où l’histoire de kounan»,
raconte l’artiste. En plus de Guélé, cite-t-il, les forgerons utilisent
d’autres arbres tels que Gueni, Léngué et Djè dans la fabrication de kounan.
Selon lui, ces arbres existent dans les localités de Sikasso, Koutiala, Kita et
Kayes. Et de signaler que tous ces arbres sont connus pour leurs vertus thérapeutiques
dans le traitement de certaines maladies du ventre et autres organes.
«Lors
d’un de mes voyages récents à Ségou, j’ai eu la chance de manger dans le «kounan»
chez une tante», témoigne Moussa Diabaté
avant d’expliquer que chaque fois qu’on met de la nourriture chaude dans le récipient
en bois, l’aliment absorbe les substances thérapeutiques (les vertus) qui se
trouvent dans le bois. Le musicien informe que cela permettra de soigner les
personnes qui mangent dans ce contenant. Selon ses précisions, les Occidentaux
se servent beaucoup des ustensiles confectionnés à base du bois. Tout ceci démontre
la valeur du bois, insiste-t-il avant de dénoncer l’abandon de nos anciennes
pratiques au profit des valeurs d’autrui. Un comportement, dit-il, qui a des répercussions sur notre santé.
Boucari Monrogoye témoigne que les dogons ont
du respect pour le «kounan», car justifie-t-il, il représente l’image du chef
de famille. Il affirme que ce dernier
est le premier responsable à s’occuper de ce récipient traditionnel. C’est pourquoi,
fait-il savoir, personne n’a le droit d’en acheter dans la famille, à
part lui. Pour y arriver, il fait d’énormes
sacrifices. «Avant de se rendre chez les
fabricants (sèguèn) en langue dogon, le chef de famille va d’abord vendre un de
ses moutons ou du mil pour couvrir les frais d’achat du récipient», souligne
Boucari Monrogoye, indiquant que le chef de famille achète deux «kounan», voire
plus quand la famille compte un nombre de convives très élevé.
L’un est destiné
aux hommes, précise-t-il, l’autre aux femmes et aux enfants. Le quinquagénaire
explique que l’utilisation de cet objet faisait que l’entente régnait au sein
de nos familles. Il relève que plus de 10 à 15 jeunes garçons pouvaient manger
dans le même kounan. Il poursuit que les familles qui possèdent ce récipient
resteront unies dans la paix et la cohésion.
Consommer un aliment dans un récipient en bois
est avantageux, car il n’est pas toxique, explique Diko Sow Cissé,
nutritionniste à la sous-direction de nutrition se la direction générale de la
santé et de l’hygiène publique. Ces objets, souligne-t-elle, sont constitués de
matières naturelles, comestibles et faciles à digérer par l’estomac
contrairement aux ustensiles plastiques qui sont composés de subsistance
chimique.
Le bois est un antibactérienne de choix, car
des études ont montré que les bactéries n’ont pas a latitude de se multiplier
dans le bois, contrairement au plastique, détaille l’experte. Le bois est aussi
respectueux de l’environnement, parce qu’il est biodégradable et on peut le
garder aussi longtemps que possible, ce qui n’est pas le cas pour les
plastiques. Le bois est également hygiénique. «Tous ces avantages font que le
bois est fortement recommandé, mais il est peu utilisé à cause de sa cherté»,
soutient notre nutritionniste. Elle trouve que consommer dans un ustensile de
bois, la calebasse par exemple, donne plus de gout contrairement aux autres récipients.
Elle affirme que ce sont des objets ancestraux qui méritent d’être valorisés.
Fatoumata TRAORÉ
Rédaction Lessor
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