#Mali : Terrorisme et sécurité : Le facteur socio-environnemental

Les événements du 17 septembre dernier à Bamako ne sont pas les premiers et les seuls qui doivent nous amener à agir pour sécuriser le pays. Les spécialistes s’accordent à reconnaître le rôle combien important de la population dans sa propre sécurité

Publié jeudi 03 octobre 2024 à 17:39
#Mali : Terrorisme et sécurité : Le facteur socio-environnemental

 Bamako a été la cible d'une double attaque terroriste, le 17 septembre 2024

 

Il m’est plusieurs fois arrivé de m’interroger sur les vraies motivations de ceux qui clament à hue et à dia que les régimes militaires maliens (sous Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré (ATT), Aya Sanogo et la Transition actuelle), c’est-à-dire les différents régimes d’exception que le pays a connus sont autoritaires, policiers. Car en me référant à différentes définitions et notamment celle du Journal du droit administratif (JDA) français, on aurait du mal à comprendre les postures, ce ménagement de la chèvre et du chou que les différents pouvoirs d’exception du Mali ont jusque-là adoptés.

En effet, l’article 23 du droit administratif français définit le régime d’exception comme «la situation dans laquelle se trouve un État qui, en présence d’un péril grave, ne peut assurer sa sauvegarde qu’en méconnaissant les règles qui régissent normalement son organisation et ses pouvoirs. Il a pour effet une aggravation des pouvoirs de police, une limitation des libertés publiques et une atténuation du contrôle de légalité. La conciliation des libertés fondamentales et de la sécurité publique se fait au profit de cette dernière.»

Cette définition convient-elle au cas malien ? De l’avis de beaucoup d’observateurs, la réponse est négative. Ce, au vu du laxisme dont font preuve certains agents chargés d’assurer la sécurité et l’ordre public, au vu de notre environnement social où chacun s’interdit, au nom, souvent, d’un humanisme hypocrite, de mettre dehors un inconnu qui rentre chez vous incognito et notre propension à renseigner quiconque cherche une indication, un renseignement.

Au vu de la facilité avec laquelle nos camps et bases militaires sont accessibles à n’importe qui plus que partout dans le monde ; au vu de la proximité des camps et bases militaires avec des lieux de concentration de personnes et même d’animaux ; au vu de la transformation de ses installations militaires en pétaudière où vendeurs à la sauvette, belles de nuit, vagabonds impénitents, charlatans, marabouts ou prétendant tels, mendiants, infirmes et handicapés physiques et mentaux entrent et sortent comme dans un moulin, comment alors être surpris par les attaques terroristes du mardi 17 septembre 2024 à Bamako qui ont endeuillé plusieurs familles et causé des dégâts matériels préjudiciables à notre pays ? N’est-ce pas un terreau favorable à toute infiltration ? La saine comme la malsaine.

En réalité, c’est nous-mêmes qui nous mettons en danger par nos comportements, nos habitudes et mœurs. Car les vieilles habitudes ont la vie dure. Rien qu’à regarder autour de soi, il est facile de constater ce qui s’apparente à des dérives comportementales qui jurent avec le savoir-vivre et le savoir-faire des traditionnelles grandes agglomérations modernes.

 

MESURES PALLIATIVES- Les événements du 17 septembre ne sont pas les premiers et les seuls qui doivent nous amener à agir pour sécuriser le pays. Les spécialistes s’accordent à reconnaître le rôle combien important de la population dans sa propre sécurité. Dans un documentaire sur le sujet au Danemark diffusé en 2019 sur une chaîne française, il apparaît que 85% de la population (quelle prouesse !) sont impliqués dans la sécurité du pays. Au Mali, ce pourcentage est sûrement proche de zéro. Les citoyens qui le font à titre bénévole et patriotique ne sont souvent pas pris au sérieux. Ou ne sont pas couverts convenablement comme c’est le cas dans la plupart des pays occidentaux.

On m’a récemment rapporté une anecdote qui fait froid dans le dos. Un villageois à qui il a été demandé pourquoi eux qui vivent en contact permanent ne dénoncent pas les complicités internes et les terroristes qui vivent avec eux aurait répondu : «nous avons peur, parce que chaque fois que nous dénonçons un terroriste, il revient vers nous pour nous répéter mot pour mot ce que nous avons dit aux agents de l’État. Pour nous donc, ce n’est plus la peine de dénoncer puisque ceux à qui nous dénonçons nous dénoncent auprès des terroristes. Autant alors ne pas se faire des soucis auprès des terroristes. Nous préférons ne rien dire, ne rien voir et ne rien entendre pour sauver notre peau», aurait-t-il répondu. 

Ces propos s’ils s’avéraient sont inquiétants et ne laissent pas entrevoir le bout du tunnel pour bientôt. Car, les armées les plus fortes, les services de renseignements les plus aguerris, les pays les plus technologiquement avancés dépendent pour leur sécurité intérieure et extérieure de la complicité, de l’osmose entre le peuple, les citoyens et leurs services de renseignements. Car quoique l’on puisse dire de la technologie et de ses capacités, il y a toujours l’homme derrière elle.

Pour combattre le fléau actuel, nos services de renseignements qui se débrouillent tant bien que mal et qui font par ailleurs leur bouleau doivent rester vigilants. Il n’y a pas de petits renseignements serait-on tenté de leur rappeler. Toute information doit être prise au sérieux et la source protégée.  En plus, les camps et les bases militaires ne doivent pas être des moulins. Il faut les protéger en les excentrant (c’est vrai certains diront cela les fragilisera) et en procédant à des contrôles stricts de ceux qui y entrent ou en sortent. La proximité avec les marchés est un danger pour toutes les institutions par ces temps de terrorisme.

Comme moi, vous avez constaté le nombre qui croît crescendo des mendiants de tous âges. Certains ne sont en réalité que des agents de renseignements des terroristes. Loin de nous de vouloir faire ghettoïser la misère, mais nous disons que le nombre sans cesse croissant des mendiants et la facilité avec laquelle ils ont accès à tous les lieux n’est pas de nature à plaire aux spécialistes des questions sécuritaires.

Tout comme ne peut l’être ces camps de déplacés internes qui sont devenus des nids et des cachettes des terroristes de tout acabit. Nous savons comme tous les Maliens que certains villages ont été reconquis voire sécurisés, il faut par conséquent que les hommes et les femmes de ces zones y retournent. Une campagne de communication adaptée aidera à cet effet.

Les Maliens doivent s’approprier cette maxime qui dit : «Le moyen d’être sauf, c’est de ne pas se croire en sécurité». En d’autres mots, la prudence est mère de sûreté. Et notre sûreté nous impose notre implication dans notre sécurité.

Gamer A. DICKO

Rédaction Lessor

Lire aussi : Distribution du carburant : Saisie d'une mini-citerne en infraction

La Direction générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence (DGCC) a annoncé ce jeudi 20 novembre sur sa page facebook la saisie d'une mini-citerne d’essence. Les personnes impliquées dans cette affaire ont été mises sous mandat de dépôt.

Lire aussi : Mopti : Le comité consultatif de sécurité évalue les actions

Au cours des travaux, les membres du comité ont abordé plusieurs sujets comme la situation sécuritaire de la région à travers une panoplie de thématiques, entre autres, les incivilités, la délinquance et les crimes, la tenue de manifestations publiques et leur encadrement, l’état sécuri.

Lire aussi : Reprise de Kidal par l’Armée : L’Université de Sikasso débat des enjeux et perspectives de la souveraineté territoriale

14 novembre 2023-14 novembre 2025, cela fait deux ans que les Forces armées maliennes ont repris Kidal. Pour la commémoration de ce retour de l’État à Kidal que l’Université de Sikasso a organisé, vendredi dernier, une grande rencontre. «Retour effectif de l’État à Kidal, enjeux et pe.

Lire aussi : Kita : Adam Sow offre des couveuses et fauteuils roulants aux structures sanitaires

C’est un vrai ouf de soulagement que l’on a poussé au Centre de santé de référence (Csref) et au Centre de santé communautaire (Cscom) de Kita..

Lire aussi : Égypte : Des journalistes francophones visitent des pyramides et sites religieux

Les journalistes francophones africains qui prennent part actuellement à une session de formation au Caire ont visité le vendredi dernier, les pyramides de Gizeh en Égypte..

Lire aussi : Le Mali fédère les ambitions du Niger et du Burkina Faso

La 1ère édition du Salon international de l’entrepreneuriat de l’AES, ouverte à Bamako, marque une étape décisive pour l’intégration économique des pays du Sahel. Réunissant des délégations venues du Burkina Faso, du Niger et du Mali, ainsi que de jeunes porteurs de projets, l’év.

Les articles de l'auteur

Journée sportive : La FEMASH rend hommage à feu Kady Bagayoko

La Fédération malienne de sports pour personnes handicapées (FEMASH) a organisé, dimanche dernier, une journée sportive dédiée aux personnes ayant une déficience intellectuelle..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 20 novembre 2025 à 08:24

COP30 à Belém au Brésil : Le Plaidoyer de la ministre DOUMBIA Mariam TANGARA sur l’accroissement des initiatives en faveur du Sahel

La COP30, qui se déroule à Belém, bat son plein. La délégation officielle du Mali est conduite par Doumbia Mariam Tangara, ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 20 novembre 2025 à 07:59

Communiqué du conseil des ministres du 19 novembre 2025

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 19 novembre 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 20 novembre 2025 à 07:57

Projet du nouveau siège d’Orange Mali : Un investissement de 30 milliards de Fcfa

Après sa prise de fonction en août 2025, Brelotte Bâ, le président du Conseil d’administration d’Orange Mali, accompagné des responsables de la Direction, a rendu une visite de courtoisie au Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga, le lundi 17 novembre, afin de recueillir ses conseils et orientations..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 19 novembre 2025 à 07:51

Recrutement dans la Fonction publique d’État : Dépôt de dossiers et climat d’affaires

Les candidats se bousculent aux portillons du Centre national des concours de la fonction publique, depuis lundi dernier, pour le dépôt de leurs dossiers de candidature. Ils ont jusqu’au 9 décembre prochain pour le faire. Entretemps, sur le site règne une ambiance d’espoir pour les candidats, entremêlée d’un sentiment de réaliser la bonne affaire pour les marchands.

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 18 novembre 2025 à 08:51

BAMEX 25 : Le satisfécit des organisateurs

L’évènement a tenu toutes ses promesses et s’est imposé comme un rendez-vous stratégique réunissant officiels, industriels et experts militaires de divers horizons autour d’une vision de souveraineté et de sécurité partagée.

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 17 novembre 2025 à 08:44

État de Palestine : Le 37è anniversaire de la déclaration d’indépendance commémoré au Mali

L’ambassade de l’État de Palestine au Mali a organisé le samedi 15 novembre, une réception au Mémorial Modibo Keita pour la commémoration du 37è anniversaire de sa déclaration d’indépendance..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 17 novembre 2025 à 08:43

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner