Mendicité au Mali : Le cas des étrangers

Des ressortissants d’autres pays africains officient dans notre pays dans le domaine de la mendicité. Certains d’entre eux ont intégré des réseaux, où ils sont employés et rémunérés par des particuliers

Publié mercredi 29 novembre 2023 à 08:09
Mendicité au Mali : Le cas des étrangers

Des jeunes mendiants vagabondant sur une voie publique



La mendicité est un phénomène qui a acquis droit de cité dans notre pays depuis des lustres. Il ne concernait que les talibés pour lesquels, il représentait une forme d’éducation à l’humilité, un moyen de subsistance, avant d’être complètement dévoyé de son essence initiale. C’était pareil pour les plus nécessiteux, notamment les personnes dans un état d’extrême pauvreté, qui tendaient la sébile pour avoir de quoi se nourrir.


Aujourd’hui, le phénomène a pris des formes diverses et malheureusement beaucoup de personnes sont en train d’ériger la pratique en une profession. Les mendiants sont légion dans notre pays. Il suffit pour s’en convaincre de se promener sur les grandes artères, au niveau des carrefours ou des feux tricolores où ils apostrophent et agacent certains usagers de la voie publique.

On les retrouve aussi devant les grandes surfaces, restaurants et pâtisseries, marchés, mosquées et églises, voire les cimetières. Certains d’entre eux abusent de cette charité humaine à l’endroit des plus nécessiteux. En tout cas, c’est devenu une sorte de «commerce» qui prospère et génère argent et autres dons en nature pour ceux qui en pratiquent, c’est-à-dire les mendiants. C’est le cas de ce mendiant de nationalité guinéenne qui officie au niveau de la Grande mosquée de Bamako. Ce lieu de culte ne désemplit pas du fait de sa position géographique; surtout sa proximité avec une zone commerciale.


Le jeune mendiant a expliqué avoir commencé à mendier dans son pays au compte d’un maître coranique, avant de se retrouver à Bamako, il y a 5 ans. «à 15 ans, j’ai décidé de tenter l’aventure et de voler de mes propres ailes.  J’ai vécu des expériences difficiles et étais ainsi contraint de continuer à faire la manche pour survivre. La pratique rapporte plus facilement à Bamako. Il m’arrive souvent de me retrouver avec une recette journalière de 10.000 Fcfa», confie-t-il.

RECONVERTI MENDIANT- Un autre mendiant, ressortissant nigérien dans notre pays, au niveau des feux tricolores de Quinzambougou, en Commune II du District de Bamako, sollicite la charité des usagers. Le mendiant explique à qui veut l’entendre travailler au compte d’un particulier qui aurait même fait fortune dans l’exploitation des mendiants. Celui qui a posé sa valise à Bamako depuis 4 ans maintenant reçoit une part du gâteau parce qu’il a un salaire mensuel. Il espérait trouver un travail digne de ce nom à son arrivée dans notre capitale, rester un peu de temps et retourner au bercail avec une petite fortune.  Malheureusement pour lui, les choses ne se passent pas comme il le souhaite. Il s’est finalement reconverti mendiant après avoir eu contact avec ce réseau de mendiants au service d’un «homme véreux».


«Je n’avais aucune attache familiale à Bamako. Comme je n’avais aucun job, j’ai commencé à tendre la sébile pour avoir la charité des âmes sensibles afin d’avoir ma pitance. Et un jour, j’ai entendu parler d’un homme qui recrutait des gens pour mendier et suis tombé dans le panneau», affirme le ressortissant nigérien sous anonymat, avant d’ajouter que son employeur lui paye une rémunération mensuelle de 50.000 Fcfa ainsi qu’à bien d’autres employés. «C’était le triple de ce que je pouvais gagner par mois. Il m’a posé des conditions et j’ai accepté sans calcul. Ainsi, je suis entré dans ce réseau de mendicité», détaille le mendiant. Il explique aussi qu’à la fin de la journée, un compte rendu est fait au patron tout comme un versement journalier. Cette forme de mendicité s’apparente à une industrie. Elle est plus ou moins appréciée de certains.


 Issa Diarra, un citoyen lambda, rejette cette forme de mendicité. Celui qui est domicilié à Faladiè, en Commune VI du Dstrict de Bamako, trouve humiliant cette pratique. Pour lui, au regard du nombre de mendiants qui accroît, la capitale fait face à une menace réelle. Ce qui explique en partie, selon lui, la résurgence de la délinquance et de l’escroquerie. Notre interlocuteur dit même ne pas considérer ces mendiants comme des vrais. Il estime qu’un mendiant comme tel n’a aucun moyen de subsistance et a donc forcément besoin de la charité, de la solidarité des autres. Or, les mendiants que nous avons rencontrés aujourd’hui peuvent bien exercer des métiers comme la mécanique, la menuiserie et à défaut être des techniciens ou techniciennes de surface.


Seydou Keïta, coordonnateur de l’Assurance B au Mali (un service qui s’occupe des situations mère-enfant) partage ce point de vue. En les encourageant dans ce sens, cela entraînera un retard de développement du pays et de l’émigration des personnes. Le muezzin d’une mosquée de Niamana, Ali Camara, trouve anormal que certains fassent de la mendicité un métier. Et d’évoquer que ce n’est pas normal qu’une créature de Dieu profite des autres pour gagner sa vie. Les auteurs recevront, affirme le religieux, une punition divine parce qu’Allah, Le Clément Miséricordieux, reste Maître du Jugement dernier.


Au regard de la gravité de la situation, les autorités compétentes, sur orientations des religieux devaient prendre des mesures pour réguler la pratique de la mendicité. En termes clairs, de nombreux compatriotes pensent qu’il faut prohiber le phénomène au niveau de certaines artères, feux tricolores et devant les restaurants et pâtisseries qui trouble la quiétude des usagers et des clients. Mais ils restent conscients qu’on ne peut bannir la mendicité.


Tiabwa Christine DEMBÉLÉ

Rédaction Lessor

Lire aussi : La Victoire, une mémoire qui perdurera à travers les siècles

Chaque 9 mai, la Russie retient son souffle à l’unisson : dans les rues résonnent les chansons des années de guerre, des feux d’artifice illuminent le ciel, et des millions de personnes portent les portraits de leurs proches-héros du Régiment immortel..

Lire aussi : Presse malienne : De fortes recommandations pour redorer son blason

La Maison de la presse a organisé, hier, dans sa salle de conférence, une journée de réflexion afin d’analyser et de proposer des solutions pour renforcer la liberté, la sécurité, la professionnalisation et la cohésion des médias de notre pays..

Lire aussi : Banque malienne de solidarité : Des performances remarquables en 2024

L’exercice 2024 de la Banque malienne de solidarité (BMS-SA) s’est clôturé sur des résultats probants, illustrant sa solidité financière. En effet, le total bilan a atteint 1.700 milliards de Fcfa, en hausse de 6,66 % par rapport à 2023..

Lire aussi : Communiqué du conseil des ministres du 7 mai 2025

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 07 mai 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Lire aussi : Tacko Niambélé : Auteure de deux ouvrages intéressants sur les femmes

L’écrivain, Tacko Niambélé, a procédé, samedi dernier au complexe Kaziko, au lancement de ses deux premiers ouvrages intitulés respectivement : «Kourouni Damba entre lames et rêves» et «Femmes d’Afrique : Leadership et autonomisation pour un avenir durable»..

Lire aussi : Coupe du Mali : Le Stade malien et le Djoliba AC évidemment

Les deux poids lourds du football national ont fait honneur à leur rang, en se qualifiant pour la finale de Dame Coupe après leur victoire en demi-finales face, respectivement au FC Diarra (1-0) et à l'Usfas (6-5 aux tirs au but).

Les articles de l'auteur

La Victoire, une mémoire qui perdurera à travers les siècles

Chaque 9 mai, la Russie retient son souffle à l’unisson : dans les rues résonnent les chansons des années de guerre, des feux d’artifice illuminent le ciel, et des millions de personnes portent les portraits de leurs proches-héros du Régiment immortel..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 09 mai 2025 à 07:53

Presse malienne : De fortes recommandations pour redorer son blason

La Maison de la presse a organisé, hier, dans sa salle de conférence, une journée de réflexion afin d’analyser et de proposer des solutions pour renforcer la liberté, la sécurité, la professionnalisation et la cohésion des médias de notre pays..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 09 mai 2025 à 07:39

Banque malienne de solidarité : Des performances remarquables en 2024

L’exercice 2024 de la Banque malienne de solidarité (BMS-SA) s’est clôturé sur des résultats probants, illustrant sa solidité financière. En effet, le total bilan a atteint 1.700 milliards de Fcfa, en hausse de 6,66 % par rapport à 2023..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 08 mai 2025 à 07:48

Communiqué du conseil des ministres du 7 mai 2025

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 07 mai 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 08 mai 2025 à 07:39

Tacko Niambélé : Auteure de deux ouvrages intéressants sur les femmes

L’écrivain, Tacko Niambélé, a procédé, samedi dernier au complexe Kaziko, au lancement de ses deux premiers ouvrages intitulés respectivement : «Kourouni Damba entre lames et rêves» et «Femmes d’Afrique : Leadership et autonomisation pour un avenir durable»..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 06 mai 2025 à 08:41

Coupe du Mali : Le Stade malien et le Djoliba AC évidemment

Les deux poids lourds du football national ont fait honneur à leur rang, en se qualifiant pour la finale de Dame Coupe après leur victoire en demi-finales face, respectivement au FC Diarra (1-0) et à l'Usfas (6-5 aux tirs au but).

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 05 mai 2025 à 07:24

Gao : Le litre d’essence revenu à 850 Fcfa

La crise de carburant à Gao ayant provoqué la flambée du prix du liquide précieux est en passe d’être un mauvais souvenir grâce à la forte implication du gouvernement. En effet, 40 camions citernes ont été acheminés du Niger à Gao, la semaine dernière. Le convoi a été escorté à destination par les Forces armées nigériennes et maliennes dans le cadre de la coopération sécuritaire entre les deux pays..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 05 mai 2025 à 07:11

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner