
La Société de production des aveugles du
Mali (Sopram) n’a pas encore mis la clé sous le paillasson, mais elle vit ces
derniers temps des jours difficiles. L’entreprise peine à écouler ses
productions de craie. Cette situation qui dure depuis plus de deux ans préoccupent
les responsables de la Sopram qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Personne ne peut leur reprocher de s’inquiéter d’une situation de mévente de
leurs productions de petits bâtons qui servent à écrire au tableau dans les écoles.
Dans la cour de l’Institut national des
aveugles du Mali (Inam), où la Société a démarré ses activités depuis 1988, on
ne sent pas la grande sérénité quand on évoque la question. Vendredi dernier
dans l’après-midi, des jeunes déficients visuels devisent en petits groupes
dans les espaces ombragés de l’Ex-Institut des jeunes aveugles (Ija). Certains
guidés s’orientent à partir de leurs cannes pour rejoindre des camarades dans
un coin de la cour. Sur ces entrefaites, Falaye Cissé, frais émoulu de la
Faculté des sciences administratives et politiques (Fsap), meuble son temps
avec la lecture dans la nouvelle bibliothèque inclusive de l’Inam.
Le non-voyant diplômé en relations
internationales lit un livre d’allemand en braille. Il déplore la situation
actuelle de la Sopram et estime surtout que cela diminue les chances de ses
camarades non-voyants à trouver un job. Le juriste affirme que certains de ses
camarades partagent leur quotidien entre le thé et les discussions sur tout et
rien. Falaye Cissé explique aussi avec une pointe d’amertume que certains de
ses camarades se livrent discrètement à la mendicité. Ils tendent la sébile en
quête d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Le jeune diplômé trouve que la Sopram offrait
des opportunités de stage aux non-voyants. Selon lui, certains arrivaient à décrocher
un emploi grâce à cette formation. Pour lui, tout cela devient un vieux
souvenir du fait de la crise d’écoulement de craie. Sur le site de l’unité de production de la
craie, un groupe de travailleurs prend le déjeuner dans la salle de séchage.
Quelques cartons contenant des bâtons de craie sont superposés dans un coin. La
salle réservée à la fabrication accueille tout visiteur dans un décor poussiéreux
avec des toiles d’araignée tissées un peu partout du fait que l’entreprise ne
fonctionne plus à plein régime.
Anta Kassambara travaille à l’unité de
production de craie de la Sopram, depuis 7 ans. Cette non-voyante explique
n’avoir jamais vécu une telle situation dans l’histoire de l’entreprise de
production de craie. «Nous n’avons pas d’autres sources de revenus. Nous prions
les autorités de sauver nos emplois», implore la mère de famille. Son collègue Boubacar Bakayoko accumule aussi
six ans d’expériences à la Sopram. «Ce n’est pas la première fois que nous
traversons des difficultés liées à la mévente de nos produits. Mais cette
fois-ci, le problème persiste», déclare-t-il, avant d’ajouter que le statu quo
est intenable pour un chef de famille. Selon l’ouvrier, le taux de mendiants
dans le rang des non-voyants risque d’exploser.
HUIT MOIS SANS SALAIRE- L’encadreur des
aveugles de la Sopram rappelle que la Sopram employait 530 personnes, reparties
entre la menuiserie et les unités de fabrication de brosses de nettoyage, de
lunettes, de craie et les serpillières. L’entreprise produisait quotidiennement
entre 700 et 800 boites de craie. Almamy Gana explique courageusement que la
Société a pâti du coup d’État contre le défunt président Moussa Traoré en 1991.
Des manifestants ont saccagé le matériel de production et les bâtiments croyant
que l’entreprise appartenait à l’ancien chef de l’État et son épouse Mariam
Traoré. «Environ une année après ces incidents, l’Agence des États-Unis pour le
développement international (USAID) nous a aidés à relancer les activités de
fabrication de craie, serpillières et de la menuiserie», se souvient-il. La
tendance a été inversée et actuellement la Sopram n’emploie qu’une quarantaine
de personnes.
Selon l’encadreur, la société permet aux
aveugles d’être indépendants et d’éviter la mendicité. à l’en croire, les
difficultés actuelles de l’entreprise sont criardes. Les travailleurs n’ont pas
perçu de salaire depuis 8 mois. Pour lui, l’entreprise rencontre d’énormes défis
dans l’écoulement de sa craie depuis que
l’État a conditionné l’achat de leurs produits à la soumission aux appels
d’offres. Les conséquences de cette décision
tracassent les employés. L’encadreur de
la Sopram estime à 540.000 le nombre de boîtes de craie invendues. Il souligne
que la crise a sérieusement aggravé la situation. Selon lui, les personnes vulnérables
en pâtissent beaucoup. Leur situation, dit-il, devrait davantage interpeller
les autorités. L’encadreur s’inquiète de voir la Sopram fermer définitivement
boutique. Ce serait dommage de condamner les non-voyants à tendre la sébile
pour survivre et aussi à l’exclusion. Almamy Gana invite ses compatriotes à
acheter leurs produits en guise de soutien aux non-voyants. Et de dire que ceci
permettra de relancer les activités de la Société et de créer aussi des emplois
pour des milliers de personnes en situation de vulnérabilité.
Le président de l’Union malienne des aveugles
(Umav), Hadji Barry, souligne que la Sopram est une structure mise en place par
l’Umav en vue de l’insertion socioprofessionnelle des aveugles dans les milieux
urbains. Il souligne aussi la vétusté du matériel, le non écoulement des
produits fabriqués en l’absence d’une politique nationale de promotion des
produits locaux. «Nous avons fait des actions de plaidoyer auprès de l’État et
des particuliers. Sans cette vraie politique nationale, nous ne pourrons pas
concurrencer les autres. Nous comptons beaucoup sur l’État», a-t-il conclu.
Hadji Barry invite aussi à dépasser les préjugés
sur la qualité de la craie made in Sopram. Ce jugement n’est pas une réalité. «De
nos jours, on peut dire que c’est un triste souvenir. Nous avons des moules
indiennes voire chinoises depuis 2010. Tout cela fait qu’on a considérablement
amélioré la qualité des produits», assure-t-il. Il rappelle aussi que certains
ministres de l’Éducation nationale avaient eu l’initiative de payer les stocks
de craie sans problème.Moussa Diarra, rencontré sur place, est venu
acheter deux cartons de craie de couleurs. «Celles que j’ai achetées sont de
bonne qualité.
C’est pourquoi, je suis revenu», assure-t-il, invitant les établissements
scolaires de Bamako à acheter la craie de la Sopram. Pour la situation de la Sopram, l’heure est à
l’inquiétude. Une relance des activités de cette entreprise de production de
craie par les aveugles doit être envisagée par les autorités de la Transition.
En tout cas, ce serait un geste fort de solidarité et de lutte contre
l’exclusion des non-voyants.
Assitan KIMBIRY
Rédaction Lessor
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