De nombreux modèles de ces fourneaux sont maintenant disponibles sur le marché
Des concepteurs maliens ont
pensé des fourneaux intelligents pour soutenir la transition vers une société
plus économe en matière d’utilisation des ressources naturelles. Derrière
l’idée, il y a une volonté de contribuer à la préservation des écosystèmes tout
en donnant des possibilités aux femmes de cuisiner sans s’exposer à des risques
comme les maladies respiratoires.
Le concept appelé cuisson
propre n’est pas nouveau dans notre pays. Mais, c’est à partir de 2019 qu’il a
véritablement commencé à s’imposer grâce aux actions de l’Alliance malienne
pour la cuisson propre (M-ACC). Avec l’appui technique d’une organisation non
gouvernementale (ONG), elle apporte son soutien aux concepteurs de foyers
labélisés et promeut l’utilisation effective de ces outils. Aujourd’hui, de
plus en plus de ménages optent pour ces fourneaux améliorés qui ont des
avantages.
En effet, ces outils sont
économes en combustibles et émettent beaucoup moins de gaz carbonique (CO2).
Fanta Keïta, conseillère en développement de marché inclusion et genre de l’ONG
SNV, est formelle : «Un ménage qui utilise les fourneaux labélisés arrive à
faire une économie de 40% sur l’achat du combustible». Et d’ajouter que cela
réduit, par la même occasion, la coupe abusive du bois (déforestation) et
contribue ainsi à lutter contre les gaz à effet de serre.
Fanta Cissé, une ménagère de
40 ans, utilise les foyers améliorés depuis près de 7 ans. Elle confirme qu’ils
sont «très économiques». En effet, ces foyers sont conçus de manière à garder
la chaleur. D’où l’importance de la terre cuite qui entre dans leur
fabrication.
Aussi, fait remarquer notre ménagère, la «forme d’un fourneau
amélioré ne permet pas qu’on le remplisse de charbon et, très souvent, la
chaleur gardée permet au plat de mijoter sans qu’on ait besoin d’ajouter plus
de charbon». Fanta Cissé dépense, quotidiennement, à peu près 500 Fcfa dans le
combustible. Il lui fallait le double de ce montant, avant son adhésion au
concept de cuisson propre.
En plus de leur côté économe,
les fourneaux améliorés offrent un confort supplémentaire grâce à leur capacité
de rétention de la cendre. Ils émettent également moins de fumée. « Ils
ont un côté hygiénique », se réjouit Maïmouna Tangara, une étudiante. Elle
dit préférer ces fourneaux parce qu’ils permettent de maintenir la cuisine
propre. «Les murs ne sont pas couverts de noir de fumée, quand on utilise le
bois avec modération», affirme Maïmouna Tangara.
De nombreux modèles de fourneaux améliorés sont maintenant disponibles sur le marché, fabriqués de manière artisanale ou industrielle et qui sont de qualité très variable. L’une des dernières trouvailles des concepteurs maliens est le foyer à éthanol, qui n’émet pas de fumée. Il est plus économique : le flacon de 1 litre, qui coûte 750 Fcfa, permet de cuisiner pendant 6 heures. «Avec le foyer à éthanol, je fais mon thé au salon, entouré de mes petits-enfants », témoigne un chef de famille.
UNE FORTE POLLUTION DE L’AIR-
Aujourd’hui encore, des milliers de Maliens utilisent toujours des appareils de
cuisson et de chauffage traditionnels fonctionnant au bois, au charbon de bois
ou aux résidus agricoles. Les fourneaux à trois pierres sont encore visibles
dans nos nombreuses familles. Ce four traditionnel génère une forte pollution
de l’air intérieur avec le rejet de fumée.
Le coût pour la santé, l’environnement et
l’économie de ce recours continu aux combustibles fossiles est énorme. Les
femmes sont les premières victimes sur le plan de la santé. La fumée est à
l’origine de nombreuses maladies liées à la pollution telles que les maladies
cardiaques et pulmonaires.
Selon Ousmane Sory
Samassekou, concepteur de foyers améliorés, la cuisson propre contribue à
éviter aux femmes et enfants beaucoup de maladies pulmonaires et thoraciques.
Le professeur Sidy Lamine Bagayoko, spécialiste des questions
environnementales, confirme que ce «système de cuisson est salutaire parce
qu’il pollue moins l’environnement». Il rappelle que la combustion du bois, du
charbon, du pétrole et du fumier dégagent d’importantes quantités de carbone
qui est aussi bien nocive pour les humains que pour l’environnement.
«Avec ce concept de cuisson
propre, notre environnement direct peut être propre et mieux vivable. Surtout
si les outils utilisés pour cela sont fabriqués pour fonctionner avec de
l’énergie solaire», estime le professeur Sidylamine Bagayoko. Sauf que le prix
demeure un facteur contraignant à l’accès à ces foyers au plus grand nombre de
ménages.
Anta CISSÉ
Rédaction Lessor
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