
D’entrée de jeu, Dr Aly Tounkara a égrené les
principales avancées enregistrées dans la mise en œuvre de l’Accord. Il s’agit,
entre autres, de l’opérationnalisation des Régions de Taoudénni et Ménaka,
l’effectivité du transfert des compétences de l’état aux collectivités
territoriales à travers l’adoption de 21 décrets pris en conseils des
ministres, la mise en place des autorités intérimaires au niveau des cinq régions
dites Nord, l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination
(Moc) notamment à Gao avec un bataillon de plus de 750 éléments dont 200 des
Forces armées maliennes (FAMa), 200 de la Coordination des mouvements de
l’Azawad (Cma), 200 de la Plateforme et 150 issus des mouvements de
l’Inclusivité.
Dr Tounkara fait aussi cas de 850 déserteurs des Forces de défense
et de sécurité à la suite de la rébellion de 2012 ayant regagné l’Armée malienne et de plus de
74.000 combattants enregistrés auprès des mouvements signataires de l’Accord.
Le chercheur a également rappelé l’intégration d’ex-combattants des mouvements
dans les rangs des FAMa, le processus de désarmement, démobilisation et réintégration
(DDR) en cours, la création de la Zone de développement des régions du Nord, la
mise en place de projets structurants dans le cadre de l’insertion des
ex-combattants. Lesquels projets ont réinséré pas moins de 4.000
ex-combattants. Le directeur du CE3S a cité également la Commission vérité,
justice et réconciliation (CVJR) qui a vu le jour grâce à l’Accord et qui a
enregistré plus de 23.000 dépositions de victimes et organisé quatre audiences
publiques. Mais aussi, l’organisation de la conférenced’entente nationale du 27
mars au 2 avril 2017 à Bamako.
Pour Aly Tounkara, le blocage du processus de
paix réside aujourd’hui dans la crise de confiance entre les mouvements armés
et le gouvernement. Laquelle crise s’est aggravée à la suite du projet de
Constitution. D’après le chercheur, certains éléments des mouvements
signataires pensent que ce texte devait, sans ambiguïté, rappeler l’Accord pour
la paix dans ses dispositions. Et dans le même temps, les points saillants tels
que l’élection des présidents des régions au suffrage universel, la question de
la police de proximité, du découpage administratif. Selon certains acteurs des
mouvements armés, ces éléments devraient être intégrés dans le projet de
Constitution. Le fait que l’Accord n’a pas été expressément cité dans le texte
a davantage amené ces mouvements à suspendre leur participation à sa mise en œuvre.
L’autre élément que l’expert défense et sécurité du CE3S souligne est que
l’Accord a été signé à un moment où l’état du Mali était aux abois.
À cause de
cette situation, beaucoup de privations et de renoncements ont été faits. Il
est de la responsabilité de l’élite militaire au pouvoir de faire en sorte que
le tir soit rectifié. L’attitude avec laquelle, cette élite gère cet
Accord témoigne cela, analyse Dr
Tounkara. Selon lui, ce sont ces insuffisances notoires et observables dans le
document que cette élite s’efforcerait de corriger. Le chercheur rappelle également
que les donateurs s’étaient engagés à soutenir l’Accord en termes de
financement des actions d’insertion et de réintégration des ex-combattants. Il
fait remarquer que ces engagements n’ont pas été honorés par
certains partenaires en l’occurrence l’Union européenne.
Or l’effectivité d’un nombre important de points de l’Accord demande des moyens financiers très conséquents et parfois de l’assistance en ressources humaines très élevées. Tous ces facteurs expliqueraient aujourd’hui pourquoi entre les parties signataires, il y a de véritables blocages quant à l’effectivité de l’Accord. Un autre fait que Aly Tounkara a relevé est qu’en interagissant avec la partie gouvernementale, on se rend compte que les mouvements armés ont du mal jusqu’ici à fournir des listes définitives certifiées de combattants qu’ils prétendent avoir en leur sein.
CRISE DE CONFIANCE- Dr Tounkara pense que la
lettre envoyée par le gouvernement à la médiation internationale témoigne
combien, entre les parties signataires du texte, la crise de confiance s’est
installée. Selon lui, en dépit des insuffisances de la part de l’état et des
mouvements armés, aucune des parties ne veut être responsable de la remise en
cause de l’Accord. Le chercheur précise qu’une partie des mouvements a demandé
ou affirmé sa suspension sans pour autant remettre en cause l’Accord.
L’État
reproche aux mouvements armés de ne pas être constants et cohérents vis-à-vis
de l’esprit du document. De la même manière, il dénonce une certaine duplicité
de la communauté internationale en l’occurrence l’Algérie dans la gestion faite
du dossier malien. « Au-delà de tous ces reproches faits de la part de l’état,
le Mali réaffirme son attachement à l’Accord », insiste Dr Aly Tounkara. Même
s’il soutient que les obstacles sont énormes et que les suspicions et clichés
entre les parties sont aujourd’hui une évidence, le chercheur dira qu’aucune
partie ne se hasarderait de se désolidariser définitivement de cet Accord au
risque de se retrouver comme premier responsable de la débâcle qu’un tel rejet
du document pourrait avoir en termes de conséquences ou d’effet.
L’expert défense et sécurité rappelle que
l’Accord a été signé par les mouvements armés au nom de l’ensemble des régions
du Nord du Mali. Or, on se rend compte que l’écrasante majorité de la
population de ces régions ne se reconnait pas dans ce document signé en son
nom. Aly Tounkara estime que la volonté d’une ultra minorité s’est imposée à
celle d’une écrasante majorité silencieuse. « L’Accord a été signé au nom
des populations qui majoritairement, ne se reconnaissent pas en ce document.
Cela fait aussi que l’état a du mal à trouver une pondération entre aller à une
application effective ou se désolidariser de cet Accord ou même demander sa
relecture », analyse le chercheur, pour qui, il faut être réaliste.
Selon Dr Tounkara, la relecture de l’Accord bien que prévue par le document lui-même, apparait comme quelque chose d’impossible pour qui s’intéresse aux différents agissements des mouvements armés. Cela aussi, à cause de l’attitude de duplicité de la communauté internationale qui en est la garante. Le chercheur croit dur comme fer que même si une relecture venait à être demandée par l’état du Mali, difficilement, celle-ci aurait un écho favorable à la fois auprès des mouvements armés mais également auprès de la communauté internationale.
Dieudonné DIAMA
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